L’annonce en grande pompe par le Premier ministre du lancement d’un plan de redressement ne convainc pas Bougane Guèye Dany. Le leader de Gueum Sa Bopp a regretté que le régime veuille soigner une maladie dont il ignore les causes. Après avoir listé les nombreux maux et difficultés qui assaillent le peuple sénégalais actuellement, Bougane livre ses recommandations pour sortir le Sénégal du gouffre dans lequel il est plongé. M. Guèye estime que ce n’est pas aux ménages de supporter ce plan de redressement, il faut plutôt mettre fin au gaspillage, aux dépenses de prestige et freiner l’hémorragie budgétaire.
Aphone depuis quelques mois, Bougane Guèye s’est décidé à sortir de son mutisme hier pour se prononcer sur le plan de redressement annoncé par le Premier ministre Ousmane Sonko. Le président de Gueum Sa Bopp se demande ainsi ce que le gouvernement cherche réellement à redresser. «Est-ce «Le Projet», l’Agenda 2050, ou la Loi de finances rectificative ?». Pour lui, le régime «tente de soigner les effets en ignorant la cause, pendant que les factures flambent, les poches se vident, les Pme meurent, les jeunes fuient, les familles s’endettent pour manger, les fonctionnaires grognent, les commerçants suffoquent, 30.000 travailleurs déflatés ruminent leur colère… et l’État continue de danser sur la détresse nationale».
«Le Sénégal est structurellement affaibli»
Pour lui, le Sénégal ne traverse pas une simple crise passagère. « Il est structurellement affaibli : une économie informelle laissée pour compte, des ménages appauvris, des entreprises asphyxiées. L’État, quant à lui, s’endette non pas pour investir, mais pour survivre», déplore-t-il avant d’enchaîner : «ce que nous vivons n’est pas un ralentissement. C’est un effondrement économique. Présenter un plan de redressement sans une véritable relance productive, c’est comme prescrire le jeûne à un malade dans le coma. Il ne guérira pas. Il mourra plus vite. Ce plan en gestation risque de devenir une Shoah économique pour les ménages, où les plus vulnérables paieront le prix fort».
Si l’on en croit le patron de Dmedia, Ce dont le Sénégal a besoin, ce n’est pas d’un énième plan de relance cosmétique. «L’urgence, c’est de mettre fin au gaspillage, aux dépenses de prestige, et de freiner l’hémorragie budgétaire», affirme Bougane Guèye.
«L’urgence, c’est de mettre fin au gaspillage, aux dépenses de prestige, et de freiner l’hémorragie budgétaire»
A cet effet, il propose un allégement du train de vie de l’État, pas celui du peuple avec la réduction de 75% des fonds politiques spéciaux, le plafonnement des salaires dans la haute administration, la réduction de 70% des gratifications des régies financières, la rationalisation des agences, directions et missions budgétivores, la baisse de 40 à 60% des dépenses de fonctionnement…», déclare-t-il.
«Notre économie est étranglée par une fiscalité injuste, une bureaucratie pesante»
Le leader de Gueum Sa Bopp trouve que l’économie senegalaise est étranglée par une fiscalité injuste, une bureaucratie pesante, et un accès au crédit quasi inexistant. Pour lui, il faut créer dans les plus brefs délais un environnement favorable à l’entrepreneuriat, notamment pour les femmes, les jeunes et les artisans. Bougane Guèye Dany estime que pour redresser, il faut restaurer la confiance. Il demande donc au gouvernement de mettre fin au népotisme dans les nominations et marchés publics, adopter une politique de tolérance zéro contre la corruption, exiger une éthique de responsabilité au sommet de l’État.
«Le Sénégal ne sera pas sauvé par des slogans ou des rapports de consultants»
A en croire le patron de Dmedia, le temps des diagnostics est passé. Le Sénégal ne sera pas sauvé par des slogans ou des rapports de consultants. Sa survie dépend d’un plan de redressement économique et moral, solide, courageux, et porté par une volonté réelle de rupture. « Pour réussir ce redressement, il faut un cap clair, un leadership rigoureux, une gouvernance sobre, transparente et souveraine. Le Sénégal a un problème de cap. Il est temps d’en finir avec un modèle budgétivore et dépendant des bailleurs. Il est temps de reconstruire une économie de base, productive, solidaire et souveraine », renseigne Bougane Guèye, selon qui annoncer un “plan de redressement” «dans l’unique but d’administrer un peuple déjà agressé jusque dans ses croyances immatérielles, c’est choisir l’effondrement économique, prélude à un ajustement structurel brutal. Il n’y a qu’un seul choix: sauver l’économie ou dégager».
Nd. Kh. D. F