A l’image des élèves des établissements du département de Pikine-Guédiawaye qui ont envahi les rues lundi dernier pour réclamer la fin des grèves cycliques des syndicats d’enseignants, ceux de la ville de Ziguinchor et de la région de Louga ont pris le relais pour en faire autant. Ils étaient des milliers à sortir dans les rues de la capitale du Sud pour crier leur ras-le-bol et dénoncer le bras de fer entre l’Etat du Sénégal et les syndicats d’enseignants.
A Ziguinchor, ils se sont trouvés à l’inspection d’Académie régionale pour donner un mémorandum à l’inspecteur. «Nous venons par ce mémorandum vous faire part des nombreuses difficultés que traverse l’école sénégalaise. Nous, collectif des élèves de la commune de Ziguinchor et des différentes écoles du pays tiennent à vous rappeler que le système éducatif est à l’agonie. Nous souffrons profondément. Dites-nous si notre destin se résume à des grèves cycliques avec des programmes inachevés. Le constat est unanime. L’école sénégalaise n’est que l’ombre d’elle-même et les élèves resteront les principaux perdants. Ainsi ils auront renforcé cette armée de chômeurs», a laissé entendre la porte-parole du jour et élève en classe de Terminale au lycée Djignabo de Ziguinchor.
La jeune écolière de poursuivre :. «notre seul tort, c’est d’être des élèves dans un pays qui s’appelle le Sénégal. Monsieur l’inspecteur, veuillez transmettre ceci au président de la République que nous voulons vivre des années scolaires paisibles et les droits fondamentaux des élèves seront respectés. Nous voulons étudier. Nous ne voulons en aucun instant être les agneaux du sacrifice. Tout ce qui nous dérange, c’est les grèves répétitives. Cette jeunesse en perte de repères constitue le fruit d’une école découragée, sans motivation ni lendemains meilleurs. Nous sommes au regret de vous dire qu’une vieillesse désordonnée est le fruit d’une jeunesse désarticulée. Nous voulons être une jeunesse instruite, armée de science», fait-elle savoir.
Louga s’y met
Dans la capitale du Ndiambour, même constat. Les élèves sont sortis massivement pour exiger la reprise des cours afin que leur avenir ne soit pas hypothéqué. Ils demandent l’ouverture urgente de négociations afin de trouver des solutions structurelles et concrètes de sortie de crise à la paralysie de l’école sénégalaise.«Nous réclamons un système éducatif performant, efficace et de qualité. Cette crise récurrente qui gangrène l’espace scolaire, hypothèque notre avenir avec des conditions de travail précaires. Cette situation impacte la qualité des enseignements-apprentissages et le quantum horaire. Les élèves de l’école publique sénégalaise sont dans le désarroi, l’angoisse et l’incertitude, alors que leurs camarades du privé poursuivent leurs enseignements dans de meilleures conditions. Nous réclamons le droit à l’éducation et nous réclamons un système éducatif démocratique. Les élèves n’accepteront pas d'être les victimes du conflit entre l’Etat et les enseignants. Nous demandons au président de la République d’ouvrir dans les meilleurs délais des négociations sérieuses avec les enseignants, en vue de trouver des solutions structurelles concrètes pour sauver l’école sénégalaise du chaos», a lancé leur porte-parole Sokhna Astou Dramé, élève en classe de terminale, à la Gouvernance où un mémorandum a été remis au gouverneur El Hadj Bouya Amar.
Baye Modou SARR