PERSPECTIVES ECONOMIQUES ET FINANCIERES ET PREVISIONS BUDGETAIRES: un taux de croissance de 6,8% et une dette qui passe de 7339,5 milliards à 7789,5 milliards en 2020



 
 
Le taux de croissance du Pib réel pour l’année 2020 est projeté à 6,8%, contre 6% en 2019, soit un gain de 0,8 point de pourcentage, d’après les prévisions de la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee). L’agence fait également état d’un déficit budgétaire qui devra passer de 533,9 milliards en 2019 à 450,5 milliards en 2020. Quant à la dette publique, elle est projetée à 7789,5 milliards en 2020 contre 7339,5 milliards cette année, soit une progression de 6,1%.
 
 
Selon les perspectives économiques de la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee), l’activité économique devrait rester dynamique en 2020 et se maintenir sur un sentier de croissance de plus de 6%, à la faveur d’un environnement interne plus favorable, mais également grâce aux investissements structurants dans le cadre de la poursuite de l’exécution des projets et programmes du Pse inscrits dans sa deuxième phase de Plan d’actions prioritaires pour la période 2019-2023. Ainsi, globalement, le taux de croissance du produit intérieur brut (Pib) réel est projeté à 6,8% en 2020, contre 6,0% en 2019, soit un gain de 0,8 point de pourcentage. Cette croissance serait à la fois tirée par le secteur primaire où il est attendu une hausse de l’activité économique avec 7,7% en 2020 contre 7,2% en 2019, soit une contribution de 1,3% à la croissance du Pib réel en 2020. Le secteur primaire est essentiellement tiré par les sous-secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. 
L’activité du secteur secondaire est, ainsi, attendue en hausse de 5,9% en 2020 contre 6,0% en 2019, soit une contribution de 1,2 point de pourcentage à la croissance du Pib réel. Quant au secteur tertiaire, la contribution est de 2,8 points de pourcentage à la croissance du Pib. En effet, le secteur tertiaire progresserait de 6,2% en 2020 contre 5,3% en 2019. En ce qui concerne les emplois du Pib, la consommation finale se conforterait en 2020 de 6,1% au titre de la demande finale contre 5,7% l’année précédente, dans un contexte d’inflation faible et de croissance économique favorable. Au total, la consommation finale représenterait 82,3% du Pib contre 82,9%, un an auparavant, ce qui porterait le taux d’épargne intérieur à 17,7%, soit une amélioration de 0,6 point de pourcentage par rapport à 2019. Pour sa part, l’inflation mesurée par le déflateur du Pib est projetée à 1,1% en 2020, soit au même niveau qu’en 2019. Elle reste donc stable en dessous du seuil de 3%, retenu dans le cadre de la surveillance multilatérale au sein de l’Uemoa.
 
 
Baisse du déficit budgétaire en 2020
 
Par ailleurs, la Direction de la prévision et des études économiques (Dpee) a également livré les perspectives budgétaires en 2020. Et c’est pour annoncer que la gestion budgétaire en 2020 sera caractérisée par la mise en œuvre de la nouvelle stratégie de recouvrement des recettes à moyen terme et la poursuite de la rationalisation des dépenses publiques dans un contexte de consolidation du rythme de croissance économique avec la seconde phase du Pse. Elle marquera également une étape importante avec le démarrage de l’application du budget programme et de la déconcentration de l’ordonnancement. En effet, en cohérence avec les orientations budgétaires du programme économique et financier, le déficit budgétaire devrait passer de 533,9 milliards en 2019 (3,8% du Pib) à 450,5 milliards en 2020 (3% du Pib), soit une amélioration de 0,8 point de pourcentage en liaison avec les économies escomptées dans le cadre de la rationalisation des dépenses de consommation publique (téléphonie, agences, etc.), le renforcement de la programmation des investissements ainsi que les performances attendues du recouvrement des recettes.
 
 
Hausse de 10,2% des recettes budgétaires en 2020
 
En 2020, les recettes budgétaires sont projetées en hausse de 10,2%, passant ainsi de 2832,9 milliards dans la deuxième loi de finance rectificative (Lfr) de 2019 à 3122,5 milliards en 2020 et sont composées de recettes fiscales pour 2675 milliards, de dons à hauteur de 293,5 milliards et des autres recettes pour 154 milliards dont 124 milliards de recettes non fiscales et 30 milliards de ressources du Fonds spécial de soutien au secteur de l’énergie (Fse). 
Sur le plan des dépenses, constituées des charges et des acquisitions d’actifs non financiers, elles sont, pour leur part, projetées à 3572,5 milliards en 2020 contre 3367,1 milliards en 2019, soit une hausse de 6,1% en valeur relative et 205,4 milliards en valeur absolue. Les charges progresseraient modérément de 2,8% tandis que les acquisitions d’actifs non financiers se renforceraient de 18%. Au total, les dépenses en capital regroupant les différents investissements sont projetées en hausse de 9,8% pour s’établir à 1442,6 milliards. Le financement du déficit budgétaire, projeté à 450,5 milliards, devrait être assuré principalement par une accumulation nette de passifs d’égal montant. Cette dernière serait constitué d’un financement extérieur net de 394,4 milliards couplé à un financement intérieur net vis-à-vis du marché financier et bancaire sous-régional à hauteur de 225,7 milliards. S’agissant du financement extérieur, il prend en compte des tirages sur prêts programmes et des tirages sur prêts projets pour des montants respectifs de 100 milliards et 501 milliards. L’amortissement de la dette extérieure est, pour sa part, projeté à 313,3 milliards en 2020.
 
 
La dette projetée à 7789,5 milliards en 2020
 
 
L’encours de la dette publique totale est projeté à 7789,5 milliards en 2020 contre 7339,5 milliards un an auparavant, soit une progression de 6,1% sur la période. Il devrait représenter 51,6% du Pib en 2020 et demeurer en dessous de la norme retenue dans le cadre du pacte de convergence de l’Uemoa. Concernant l’encours des créances intérieures, il est projeté à 5771,4 milliards en 2020, contre 5097,7 milliards en 2019, soit une hausse de 673,7 milliards. Ce renforcement devrait être porté, essentiellement, par les crédits à l’économie (+469,6 milliards), sous l’effet du dynamisme de l’activité économique. La Position Nette du Gouvernement, pour sa part, s’améliorerait de 204,1 milliards. Ainsi, le taux de financement bancaire de l’économie se situerait à 33,5%, soit une amélioration de 0,7 point de pourcentage par rapport à 2019. Quant à la masse monétaire, elle s’établirait à 6043,7 milliards en 2020, contre 5462,0 milliards en 2019, soit une hausse de 10,7%.
 
Évolution de la balance courante
 
En ce qui concerne les prévisions de la balance des paiements pour l’année 2020, la situation des échanges avec le reste du monde se traduirait par un déficit du compte des transactions courantes de 1368,3 milliards en 2020 (9,1% du Pib) contre 1211,0 milliards en 2019 (8,7% du Pib). L’excédent du compte de capital s’améliorerait de 20,6 milliards en s’établissant à 273,5 milliards en 2020. Le besoin de financement de 1094,8 milliards, traduisant la somme du solde du compte courant et de celui du compte capital, devrait être compensé partiellement par l’excédent du compte financier (+1002,8 milliards). Au total, le solde global de la balance des paiements devrait ressortir en déficit de 92,0 milliards. S’agissant des prévisions de la balance courante, le déficit du compte courant est projeté à 1368,3 milliards en 2020 contre 1211,0 milliards en 2019, soit une dégradation de 157,3 milliards. Cette situation serait imputable, principalement, au creusement du déficit commercial de 117,8 milliards, à la détérioration de la balance des services de 37,3 milliards et à celle des revenus primaires de 103,8 milliards. Cette dégradation devrait être, cependant, atténuée, par la bonne orientation des revenus secondaires (+101,6 milliards). Le déficit courant rapporté du Pib enregistrerait une dégradation de 0,4 point de pourcentage en s’établissant à 9,1% contre une estimation de 8,7% en 2019.
 
Situation monétaire en 2020
 
La situation monétaire devrait être marquée, en 2020, par une diminution des avoirs extérieurs nets de 92,0 milliards, un accroissement des créances intérieures de 673,7 milliards et une expansion de la masse monétaire de 581,7 milliards. En effet, les avoirs extérieurs nets des institutions monétaires sont projetés à 1643,3 milliards en 2020, contre 1735,3 milliards en 2019, imputable entièrement à l’accroissement des avoirs extérieurs nets de la banque centrale.
 
Moussa CISS
 
 

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