L'Union sénégalaise du transport exceptionnel dénonce la mesure unilatérale relative au passage obligatoire aux ponts bascules d’Afrique Pesage à travers le territoire national, en violation des textes communautaires. Les acteurs qui observent depuis quelques jours un arrêt de travail ont invité les autorités à la suspension immédiate de cette mesure controversée et l’ouverture d'un cadre de concertation avec les acteurs du transport exceptionnel.
Les professionnels du transport exceptionnel (camions porte-chars et engins lourds) regroupés dans l’Union sénégalaise du transport exceptionnel observent un arrêt de travail pour protester contre une mesure prise le 21 août dernier relative au passage obligatoire aux ponts bascules d’Afrique Pesage à travers le territoire national. Face à la presse, ils ont dénoncé cette mesure jugée unilatérale imposée par l’opérateur Afrique Pesage. « Cette mesure, instaurée sans concertation préalable, sans décret officiel ni base réglementaire claire, porte gravement atteinte à notre activité et à la fluidité des opérations logistiques. Elle entraîne des surcoûts anormaux, notamment le double pesage (camion et engin) ; des retards importants dans l'exécution de nos missions ; des tensions croissantes avec les agents de contrôle ; et une baisse de compétitivité dans un contexte économique déjà fragile », déplore Mama Diakhoumpa, coordonnateur de l’Union sénégalaise du transport exceptionnel, qui fait remarquer, dans la foulée, que le transport exceptionnel répond à des règles spécifiques, et que les engins roulants ou chargements hors normes transportés ne peuvent être assimilés à de la marchandise classique. Mieux, il considère que les ponts bascules d’Afrique Pesage ne sont pas fait pour les porte-chars. Poursuivant, il est revenu sur le cadre réglementaire de l’Uemoa, notamment le règlement n°14/2005/Cm/Uemoa en son Article 5 relatif aux « Limites des charges à l'essieu et des poids en charge des véhicules. « Sauf le cas de transports exceptionnels ou hors normes visés à l'Article 7 du présent Règlement ainsi que des convois et transports militaires ce qui constitue de fait une exclusion aux règles édictées du fait de son caractère de chargement exceptionnel ». En effet, les transports exceptionnels effectués par des véhicules de plus de 51 tonnes devront faire l'objet, dans chaque Etat-membre, d'une autorisation de transport exceptionnel accordée par le ministre en charge des transports. En sus de mesures complémentaires de sécurité adéquates telles que l'escorte et le gyrophare. En effet, de l’avis de Mama Diakhoumpa, ces obligations sont toujours respectées.
Des dizaines de millions de pertes
Cet arrêt de travail fait perdre aux acteurs des millions de francs avec les franchises et les excavateurs. C’est le cas de Maïmouna Keita dont les engins, une cinquantaine, sont en souffrance au Port. A l’en croire, les franchises sont payées après dix jours du débarquement du navire à raison de 200 à 425 dollars par jour, selon les compagnies maritimes. S’y ajoute les frais de magasinage après 20 jours et qui sont plus élevés. Elle estime ses pertes à plus de 40 millions francs Cfa. Un cas loin d’être isolé, selon Mama Diakhoumpa, qui invite les autorités à la suspension immédiate de cette mesure et l’ouverture urgente d'un cadre de concertation avec les acteurs du transport exceptionnel. Mais aussi à la mise en place d'une réglementation claire, équitable et adaptée à la réalité de leur secteur. Pour sa part, le président des routiers du Sénégal, Gora Khouma, déplore les montants payés au niveau des ponts bascules : 200.000 francs à Diamniadio, 110.000 francs à Mbour, etc. Ce qui lui fait dire que cette entreprise ne cherche pas à préserver ou à réaliser des infrastructures mais à s’enrichir. Or, le transport, dit-il, n’est pas une vache laitière. « Si Afrique Pesage avait réinvesti cet argent dans les infrastructures, l’Etat n’aurait pas besoin de s’endetter à la Banque mondiale pour réaliser ses infrastructures routières. Poursuivant, il a sollicité l’arbitrage de l’Etat qui, à l'en croire, doit prendre ses responsabilités. « Si l’Etat n’arbitre pas cela veut dire qu’il a des intérêts cachés à Afrique Pesage », charge le syndicaliste.
M. CISS