PAPE DIOP SE RANGE DANS LE CAMP DE BENNO ET SE JUSTIFIE



 
«Une Assemblée nationale placée sous le contrôle de l’opposition débouchera forcément sur une crise institutionnelle grosse de tous les dangers»
 
 
C’est presque sans surprise que la nouvelle est tombée hier, annoncée par Pape Diop lui-même. Le leader de Bokk Gis-Gis vient de faire basculer la majorité parlementaire du côté de Benno Bokk Yakaar.Entouré de ses alliés Aliou Sow et Mamadou Lamine Massaly,le leader de Bokk Gis-Gis redoute que confier la majorité à l’opposition peut plonger le Sénégal dans des lendemains incertains.
 
 
 
«C’est une décision que j’ai prise personnellement, sans aucune influence, aucune pression», s’est justifié hier Pape Diop en annonçant son ralliement au camp de Benno Bokk Yakaar. A en croire Pape Diop, il est d’ailleurs resté «une semaine sans téléphone, sans contact extérieur, pour réfléchir et après mûre réflexion, pour éviter que ne sombre notre pays qui se trouve dans un environnement sous-régional caractérisé par des coups d’Etat», il a décidé en toute responsabilité de rejoindre le futur groupe parlementaire que va former la coalition Benno Bokk Yakaar.
Le leader de Bokk Gis-Gis salue néanmoins la maturité du peuple sénégalais qui  a décidé d’instituer un rapport de force très équilibré entre le pouvoir et l’opposition. «Cela constitue incontestablement,selon lui, une avancée pour notre démocratie. «(…) Le peuple a prouvé une nouvelle fois à la face du monde sa maturité et son attachement à l’approfondissement de notre système démocratique.Nous devons en être fiers et respecter ce choix des électeurs qui, souverainement, ont décidé de rééquilibrer les forces politiques en présence», a-t-il fait savoir lors de son face à face avec la presse à son siège hier.
Toutefois, estime l’ancien président de l’Assemblée nationale, «il nous faut éviter que cette belle opportunité ne se transforme en difficulté pour la bonne marche de notre pays et de nos Institutions».A l’en croire,«il s’agit là d’une situation inédite qui appelle de la part des acteurs politiques que nous sommes une attitude très responsable. Il nous faut en effet éviter que ce scénario que personne n’avait prévu ne débouche sur un blocage dans le fonctionnement de nos Institutions», souligne-t-il.
 
 
«Une décision sans condition»
 
 
Pape Diop redoute sérieusement que le contrôle de l’Assemblée nationale par l’opposition ne soit une source de crise pour le pays. «Vu la nature présidentialiste de notre système politique, une Assemblée nationale placée sous le contrôle de l’opposition débouchera forcément sur une crise institutionnelle grosse de tous les dangers. Faute de pouvoir s’appuyer sur une Assemblée dont la configuration n’entravera en rien son action, le président de la République sera amené à gouverner par ordonnance. Ce qui serait manifestement un recul préjudiciable à notre système démocratique», relève-t-il.
Le cas échéant, dit-il, qu’on le veuille ou non, l’Assemblée nationale se transformera non pas en «contre-pouvoir, mais plutôt en un goulot d’étranglement à l’action du président de la République et de son gouvernement». Poursuivant, l’ancien maire de Dakar affirme : «face à cette sombre perspective qui pourrait donner lieu à une crise institutionnelle sans précédent, à toutes sortes de blocages et peut-être même à des tentatives de prise du pouvoir par des canaux non démocratiques, dans un contexte où notre pays est l’objet de toutes les convoitises avec la découverte de ressources pétrolières et gazières sur notre sol, j’ai pris, en toute responsabilité la décision de donner ma voix à Benno Bokk Yakaar», renseigne-t-il.
 
 
«Il ne peut y avoir de cohabitation à ce stade au Sénégal»
 
Une décision qu’il a prise sans discussion aucune, précise-t-il, avec la coalition au pouvoir, et donc sans condition, qui est simplement motivée par le souci d’éviter à notre cher pays la situation qu’il vient de décrire.Sous les applaudissements de ses militants, Pape Diop avertit : «àceux qui se cachent derrière leur clavier pour insulter à tout va, sachez que je n’ai pas peur de vous. Je n’agis guère pour mes intérêts. Ce qu’ils ne savent pas, c’est que s’ilsarriventà bloquer l’Assemblée nationale le Président va gouverner par ordonnance».Pour lui, il ne peut y avoir de cohabitation à ce stade au Sénégal, plutôt un blocage institutionnel qui peut être la source d’un véritable chaos. «Ceux qui se targuent d’être aux côtés du peuple, qu’ils nous disent ce qu’ils ont fait jusque-là pour ce peuple. Moi, depuis que j’ai 25 ans, je  travaille pour le peuple. Ce paysest pris en otage par quelques personnes qui ont réussi à berner une partie de la jeunesse. Quand on aspire à diriger un pays, on ne le met pas sous tension», fulmine-t-il.
 
NdèyeKhadyDIOUF
 
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