OUVERTURE D’UNE INFORMATION ANNONCEE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE : Me Moussa Sarr d’accord sur le principe, mais demande à l’exécutif de ne pas s’immiscer dans l’enquête



 Le président la République n’est pas du même avis que son ministre de la Justice qui avait considéré que dans cette affaire Aliou Sall, si l’on peut l’appeler ainsi, l’Etat ne peut que se positionner en observateur. La presse annonce que Macky Sall va demander au procureur de la République d’ouvrir une information judiciaire. Me Moussa Sarr, avocat à la Cour, applaudit, mais demande à l’exécutif de na pas s’immiscer dans l’enquête.

«Cette affaire ne me concerne point, car étant une affaire privée. Elle ne concerne que Aliou Sall et celui qui l’accuse. D’ailleurs, le maire de Guédiawaye a dit qu’il a déjà saisi la justice nationale et internationale, ce n’est donc pas quelqu’un qui va s’enfuir. En tant que ministre de la Justice, la loi ne me permet pas de m’immiscer dans une affaire privée. Il est Sénégalais, donc l’Etat ne peut pas dire que cela ne le concerne pas. Mais, il ne peut pas parler en son nom. Mais, on n’est pas à l’initiative, on observe. Moi, en tant que garde des Sceaux, j’observe». Telle a été la réaction du garde des Sceaux, ministre de la Justice, au lendemain de l’éclatement de cette affaire de pétrole, mouillant le frère du Président qui aurait reçu indûment de l’argent. Cela avait fait tilt chez certains juristes, dont Me Moussa Sarr, qui n’était pas d’accord avec la sortie du ministre Me Malick Sall. Comme pour prendre son contrepied, le président de la République, selon nos confrères du «Quotidien», annonce l’ouverture d’une information judiciaire pour clarifier cette affaire, qui est devenue comme une épine au pied de l’Etat du Sénégal, mais surtout du Président, qui aurait signé les contrats. Reste maintenant à savoir la pertinence de cette volonté annoncée par Macky Sall de demander au procureur de la République d’enquêter et de tirer au clair le dossier. Selon Me Moussa Sarr, c’est tout à fait normal. «Dans un dossier aussi sensible que ce dossier, dans la pratique de notre pays, le procureur ne s’autosaisit pas ; toujours, c’est la chancellerie qui donne instruction. Donc, que le Président le demande, c’est tant mieux. On applaudit», s’en réjouit la robe noire. Il poursuit : «le procureur, il dépend de la chancellerie, qui dépend du Président ; donc, cela ne me choque pas. Car, c’est cela l’organisation de notre système judiciaire ; ce n’est pas choquant, c’est conforme. Que le Président donne instruction au ministre de la Justice, qui donne instruction au procureur d’ouvrir une information judiciaire, c’est souhaitable, cela ne gêne pas la démarche. Parce que c’est cela qui est conforme à notre organisation judiciaire. Le procureur, il se subordonne à la chancellerie». L’avocat demande cependant à l’autorité suprême de laisser ensuite la justice faire son travail. « Maintenant, ce qu’il faut dire, à côté de la demande, c’est que cette enquête se déroule normalement, sans aucune tentative d’immixtion du pouvoir exécutif, c’est cela qu’il faut demander. Je dis c’est bien, pour la démocratie, pour la bonne gouvernance, mais cela, je dis, sur le principe. Mais faisons en sorte qu’il n’y ait pas derrière une quelconque tentative d’immixtion, pour influencer ou orienter l’enquête. Seule la justice a les moyens d’investiguer pour savoir les tenants et les aboutissants et situer les responsabilités, s’il y en a», soutient la robe noire. Alassane DRAME
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