OUSMANE DIAGNE SUR LES LENTEURS JUDICIAIRES : «Qu'on ne compte pas sur moi pour exercer la moindre pression sur les magistrats du siège»




 
 
 
 
A la suite des attaques du député Bakary Diédhiou sur les lenteurs de la justice à mettre en branle les dossiers judiciaires des pontes de l’ancien régime, allant jusqu’à accuser le ministre de faire dans le dilatoire, Ousmane Diagne rappelle qu’il n’a jamais accepté qu’on fasse pression sur lui. Mieux, il précise qu’il ne faut pas compter sur lui pour exercer la moindre pression sur les magistrats du siège, à qui il a rendu un vibrant hommage.
 
 
 
Dans son intervention lors du vote de la loi portant interprétation de la loi d’amnistie, le député de Pastef Bakary Diédhiou s’est attaqué au ministre de la Justice Ousmane Diagne pour dénoncer les lenteurs judiciaires dans les dossiers qui concernent certains responsables de l’ancien régime. A l’en croire, les Sénégalais réclament plus de célérité sur les dossiers judiciaires. « L’Assemblée nationale vous a remis la liste de ses membres devant constituer la Haute Cour de justice mais aucun acte concret n’a été posé. Les Sénégalais s’interrogent aussi sur l’affaire Prodac. Mis à part Mamina Daffé qui a été envoyé en prison, les cerveaux se pavanent encore dans les salons de la condescendance. Et ce n’est pas normal. C’est comme si vous n’aimez pas affronter les véritables questions pour lesquelles les Sénégalais ont sanctionné le régime de Macky Sall. Les Sénégalais ont l’impression que votre département fait dans le dilatoire», accuse le député sous les applaudissements du public qui partage visiblement ces attaques. Poursuivant, le député justifie ces lenteurs par le vote de la loi d’interprétation pour ne pas verser, dit-il, dans l’illégalité. Néanmoins, il estime qu'au terme du vote de la loi, le ministre aura la plénitude de ses moyens pour donner un coup d’accélérateur à ces dossiers. Il a aussi fait allusion à l’affaire des faux diplômes révélée par la Cour des comptes en 2017 et c’est pour exiger des poursuites contre les auteurs de telles pratiques, faisant allusion au chroniqueur Badara Gadiaga, même s’il ne l’a pas cité», dit-il.
 
«Les magistrats abattent un travail remarquable qui ne laisse place à aucun doute»
 
Des observations aux allures d’accusations qui ne sont pas restées sans réponses. Dans un calme olympien, le ministre de la Justice a rappelé que la justice ne saurait être rendue dans la précipitation, mais dans le calme et la sérénité. «Je ne comprends pas du tout en toute objectivité ces critiques. C’est comme si ce qui semble intéresser les gens, c’est moins la bonne marche de la justice que l’arrestation et la poursuite de certaines personnes qui ont été citées. Il y a des préalables à respecter avant de rendre justice. La précipitation n’engendre rien de bon. Ce qui nous intéresse, c’est que la justice fasse son travail dans la sérénité », explique Ousmane Diagne qui n'a pas manqué de rendre hommage aux magistrats qui, dit-il, abattent un travail remarquable et dans un professionnalisme qui ne laisse place à aucun doute.
 
 
«Qu'on ne compte pas sur moi pour exercer la moindre pression sur les magistrats du siège»
 
 
Du haut de ces 38 ans d’expérience, le ministre de la Justice rappelle qu’il ne peut se permettre de faire dans la précipitation ou d’exercer une quelconque pression sur la justice ou sur ceux qui l'incarnent. « Je n'ai jamais accepté qu'on fasse pression sur moi surtout dans un sens déterminé ; qu'on ne compte pas sur moi pour exercer la moindre pression sur les magistrats du siège. Je n'ai aucune autorité sur eux. Je sais qu’ils font un excellent travail et je crois que c'est la plus grande innovation de notre temps. Il leur arrive de rendre des décisions en parfaite contradiction avec les réquisitions du Parquet et je n'ai jamais eu à faire la moindre observation, encore moins la moindre critique. Le seul moyen qui s’offre à nous - à mes services du Parquet - c’est de faire usage des voies de recours qui sont reconnues par la loi. Je suis extrêmement satisfait de la façon dont la justice est rendue, dont les magistrats s'acquittent de leurs obligations, de leurs prérogatives. Nous savons tous que la justice a changé. Il n'est plus dit qu’un opposant ou quelqu'un qui est en délicatesse avec le pouvoir, s’il est jugé, que les gens s'attendent fatalement à une condamnation. Il est arrivé qu'il y ait eu des décisions de relaxe, des décisions de classement sans suite que nous assumons en toute responsabilité», précise le ministre de la Justice.
 
M. CISS
 
 
 
BOOM
 
 
 
Ousmane Diagne rend hommage à Me Khoureissy Ba
 
 
 
A l’entame de son propos pour répondre aux députés à l’occasion du vote de la loi portant interprétation de la loi d’amnistie, le ministre de la Justice a rendu hommage à l’avocat Me Cheikh Khoureissy Ba décédé. « J'ai connu Me Ba, il y a une trentaine d'années, alors que j'étais procureur à Kaolack, dans le cadre d'une procédure que présidait le président Yakham Lèye qui est le directeur des Affaires criminelles et des Grâces. J’ai été toujours particulièrement impressionné par son professionnalisme, son attachement au droit et son extrême courtoisie. Que Dieu l’accueille en son paradis éternel », a témoigné Ousmane Diagne.
 
 
 
 
 
 
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