OPERATION DE SECURISATION DE L’ARMEE EN CASAMANCE: Le oui, mais… des cadres casamançais



 
 
Quinze jours après la fin de l’opération de sécurisation de l’armée dans la bande frontalière sud-Est de la Casamance avec la Guinée-Bissau, dans les départements de Ziguinchor et de Goudomp, le Collectif des cadres casamançais (Ccc) a sorti un communiqué plus que nuancé. En effet, les cadres casamançais ont dénoncé la manière violente utilisée par l’armée pour démanteler les bases arrières des combattants du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) comme les camps de Badiong, Sikoune et autres.
 
«Ces opérations qui viennent de prendre fin avec un tel regain de confrontations violentes auraient pu être évitées et qu'à l'heure actuelle, le retour d'une paix définitive en Casamance devrait être la priorité et la préoccupation pour tous», planchent le Collectif des cadres casamançais. Pierre Goudiaby Atépa, qui a apposé sa signature sur le document, d’indiquer : «si ces opérations sécuritaires entreprises par nos forces armées rentrent dans le cadre normal de leurs missions régaliennes, elles sont perçues comme une remise en cause du modus vivendi caractérisé par une assez longue accalmie dans les confrontations violentes entre I‘armée sénégalaise et les combattants du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc)».
A la place, les cadres ont loué le travail fait par Robert Sagna. «Le Collectif des cadres casamançais félicite le Groupe de réflexion pour la paix en Casamance (Grpc) qui a joué un rôle de validation et de consolidation de cette accalmie en parrainant plusieurs fora sur la paix et le développement et en s'impliquant dans la réinsertion sociale des combattants. De plus, il encourage le Grpc pour I‘intérêt qu'il accorde à la situation et aux besoins aussi bien des populations revenues dans leurs villages, que des réfugiés casamançais».
Même si Pierre Goudiaby et Cie fustigent la méthode utilisée par l’armée, ils n’en déplorent pas moins «les exactions perpétrées par des bandes armées contre les populations locales. «C’est tout simplement inacceptable, tout comme il est inacceptable que des individus s'opposent par la force au retour sur leurs terres des personnes réfugiées en Gambie ou en Guinée-Bissau», écrivent-ils. Aussi, les cadres casamançais saluent les actes très forts posés par l'Etat pour la relance des activités économiques et sociales de cette région et l'invitent à maintenir la dynamique de soulager les difficultés des populations casamançaises éprouvées par les longues années de conflit.
Force de proposition, le Collectif des cadres casamançais «approuve les opérations sécuritaires récemment menées dans la zone militaire N°5 en vue de restaurer l'autorité de l'Etat partout au Sénégal et demande à I'armée de veiller et de sauvegarder les acquis ; propose que le chef de I'Etat, suite à la main tendue et acceptée par tous les cantonnements du Mfdc, renouvelle son appel pour la paix des braves, pour des négociations de sortie de crise ; demande au chef de l'Etat de prendre toutes les dispositions nécessaires et concrètes pour aller résolument vers la fin des hostilités car les populations casamançaises sont fatiguées et aspirent elles aussi au développement ; invite le Grpc à intensifier ses démarches auprès du Mfdc en vue de l'amener, après avoir accepté la main tendue du président de la République, à la signature d'un accord de paix pour une résolution définitive du conflit et ce, sans toutefois attendre une hypothétique réunification des ailes politiques et combattantes du Mouvement ; invite I'Agence nationale pour la relance des activités économiques et sociales (Anrac) à trouver les moyens conséquents auprès de ses bailleurs pour poursuivre les actions de soutien et d'accompagnement qu'elle apporte aux personnes déplacées».
 
 
Baye Modou SARR
LES ECHOS

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