Nigéria - Yahaya Sharif-Aminu condamné à mort pour blasphème: Le chanteur a déclaré dans une chanson que Baye Niasse «était plus grand que le prophète Muhammad»



 
La relation entre Cheikh Ibrahima Niass dit Baye et le Nigeria sont sans doute l’une des plus importantes au monde liant une personne et un pays. Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, la famille de Cheikh Al Islam revendique pas moins de 100 millions de disciples. Des disciples qui donneraient tout pour le «Cheikh sénégalais» qu’ils n’ont, pour l’essentiel, jamais vu. Mais cet amour profond pour Baye Niass des Nigérians est souvent à l’origine de problèmes dans ce pays qui se distingue en Afrique par l’existence de tribunaux de la charia. Hier, un musicien de l'État de Kano, dans le Nord du Nigeria, a été condamné à mort par pendaison pour avoir blasphémé contre le Prophète Muhammad (Psl). Yahaya Sharif-Aminu aurait dit que Cheikh Ibrahim Niass «était plus grand que le Prophète Muhammad». Obscurantisme quand tu nous tiens…
 
 
 
 
Alors que Médina Baye vient, il y a quelques jours, d’inhumer son défunt Khalife, Serigne Cheikh Ahmed Tidiane Ibrahima Niass, un évènement qui s’est déroulé à plus de 3000 kilomètres vient faire écho au niveau de la capitale de la Fayda. En effet, un tribunal supérieur de la charia de la région de Hausawa Filin Hockey, au Nigeria, a déclaré hier que Yahaya Sharif-Aminu, 22 ans, était coupable d'avoir blasphémé. La cour reproche à ce talibé de Baye Niass d’avoir diffusé en mars dernier une chanson via WhatsApp dans laquelle il aurait déclaré que Cheikh Ibrahim Niasse «était plus grand que le Prophète Muhammad». Des déclarations que l’accusé a reconnues devant le tribunal.
Le chanteur, actuellement en détention, s'était caché après avoir composé la chanson. Les manifestants avaient incendié la maison de sa famille et se sont rassemblés devant le siège de la police islamique, connue sous le nom de Hisbah, exigeant une action contre lui.
Le chef des manifestants qui a appelé à l'arrestation du musicien en mars, Idris Ibrahim, a déclaré à nos confrères de la BBC que le jugement servira d'avertissement aux autres qui  «envisageraient de suivre le chemin de Yahaya». «Quand j'ai entendu parler du jugement, j'étais heureux parce qu'il a montré que notre protestation n'était pas vaine. Ce jugement servira de dissuasion pour les autres qui estiment qu'ils pourraient insulter notre religion ou notre prophète», a-t-il dit.
Selon la presse nigériane, peu de gens avaient entendu parler du jeune disciple de Baye Niass avant son arrestation en mars. Chanteur religieux, il n'est pas bien connu dans le Nord du Nigeria, mais ses chansons étaient populaires chez ses condisciples talibés Baye. D’ailleurs, il sont nombreux les chanteurs religieux au sein des rangs des disciples de Baye Niass.
 
 
 
Dans cette région du Nigéria, plusieurs condamnations par des tribunaux de la charia ont été prononcées, y compris pour des femmes reconnues coupables d’avoir eu des relations sexuelles extraconjugales. Mais une seule a été exécutée. Il s’agit d’un homme reconnu coupable du meurtre d'une femme et de ses deux enfants qui a été pendu en 2002.
 
 
 
Une première en 2016
 
 
La dernière fois qu'un tribunal nigérian de la charia a prononcé une condamnation à mort, c'était en 2016, lorsque Abdulazeez Inyass a été condamné à mort pour blasphème contre l'islam lors d'un procès secret à Kano. Celui-ci, disciple de Baye Niass aussi, aurait déclaré presque la même chose que Yahaya Sharif-Aminu en laissant entendre que cheikh Ibrahim Niass «était plus grand que le prophète Muhammad». La peine n'a pas été exécutée car la peine de mort au Nigeria nécessite l'approbation du gouverneur de l'État. Inyass est toujours en détention.
 
 
COMMENT FONCTIONNENT LES TRIBUNAUX DE LA CHARIA AU NIGERIA
 
 
Douze États du Nord du Nigeria dominés par les musulmans appliquent le système de justice de la charia, mais seuls les musulmans peuvent être jugés par ses tribunaux. Le système de la charia, qui dispose également de sa propre Cour d'appel, traite à la fois les affaires civiles et pénales impliquant des musulmans et ses jugements peuvent également être contestés devant les Cours d'appel laïques du Nigeria et la Cour suprême. 
Les juges de la charia, connus sous le nom d'alcalis, apprennent à la fois les lois islamiques et laïques. Si une affaire implique un musulman et un non-musulman, le non-musulman a la possibilité de choisir sous quel registre il souhaite que l'affaire soit jugée. Le tribunal de la charia ne peut entendre l'affaire que si le non-musulman donne son consentement écrit. Les peines prononcées par les tribunaux comprennent les flagellations, les amputations et la peine de mort.
 
 
 
 
Sidy Djimby NDAO
 
 
Mbaye Thiandoum

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