Dans un communiqué rendu public ce 29 octobre 2025, le collectif d’avocats de Madiambal Diagne s’insurge contre les arrestations de Maïmouna Ndour Faye et Babacar Fall, y voyant une «atteinte grave à la liberté d’informer» et «une confirmation du caractère politique» de la procédure visant leur client. Ils annoncent que cette évolution sera portée à la connaissance de la chambre d’instruction de la Cour d’appel de Versailles, appelée à examiner le dossier le 4 novembre prochain.
Les avocats de Madiambal Diagne, poursuivi par la justice sénégalaise et actuellement visé par une procédure d’extradition en France, ont réagi avec indignation à l’arrestation, ce mardi 29 octobre, de Maïmouna Ndour Faye et Babacar Fall. Ces interpellations, intervenues alors qu’ils tentaient de couvrir l’affaire Madiambal, provoquent une onde de choc dans le monde médiatique sénégalais.
Dans leur communiqué, les conseils du journaliste et homme d’affaires dénoncent des arrestations «au mépris de la liberté d’informer» et un «nouvel et flagrant aveu du caractère politique de ce dossier». Pour eux, ces événements confirment que la procédure engagée contre leur client ne repose pas sur des considérations judiciaires, mais sur une volonté manifeste de museler la presse et de faire taire une voix critique du pouvoir.
Le communiqué rappelle que Madiambal Diagne «avait annoncé son arrivée en France» et qu’il «n’a jamais cherché à échapper à une justice indépendante». Selon ses avocats, il aurait quitté le Sénégal «antérieurement à l’émission d’un mandat d’arrêt» à son encontre, ce qui contredirait toute idée de fuite.
«Aucune interdiction de s’exprimer»
Dans ce même texte, les avocats rappellent que leur client « est aujourd’hui libre » et qu’« aucune interdiction ne lui a été faite de s’exprimer publiquement ». Dès lors, soutiennent-ils, Madiambal Diagne est « parfaitement légitime à critiquer le caractère totalement inéquitable de la procédure sénégalaise » et à « exercer ses droits de la défense ».
Cette mise au point intervient après les commentaires virulents de l’intéressé sur la situation judiciaire et politique de son pays, tenus depuis la France. Des propos qui, selon plusieurs observateurs, ont ravivé les tensions entre Dakar et une partie de la presse sénégalaise perçue comme critique du régime.
Le collectif d’avocats se dit également préoccupé par le sort de la famille du journaliste. «L’épouse de M. Diagne et ses enfants sont encore aujourd’hui injustement détenus», rappelle le communiqué, précisant que «la première se trouve dans un état de santé inquiétant». Ces mots traduisent la montée d’une inquiétude humanitaire autour d’un dossier désormais explosif, où le judiciaire, le politique et l’émotionnel s’entrecroisent dangereusement.
Des avocats de renom mobilisés
Le texte est signé par un impressionnant aréopage de juristes sénégalais et français : Me El Hadj Amadou Sall, ancien ministre de la Justice, Me Baboucar Cissé, Me William Bourdon, avocat au barreau de Paris, Me Dior Diagne, Me Antoine Mbengue, Me Papa Sène, Me Ousmane Thiam, Me Ramatoulaye Ba, Me Arona Basse et Me Vincent Brengarth.
Cette composition souligne la dimension internationale que prend le dossier, mêlant enjeux judiciaires transfrontaliers et considérations politiques internes au Sénégal. La présence d’avocats parisiens expérimentés dans les affaires de droits humains, comme William Bourdon et Vincent Brengarth, n’est pas anodine : elle traduit la volonté du collectif d’inscrire la défense de Madiambal Diagne dans un cadre plus large, celui du respect des libertés fondamentales.
Sidy Djimby NDAO
(Correspondant permanent en France)