La culture est le parent pauvre de cette élection présidentielle. Hier, les acteurs culturels, sous la houlette de la Sodav, ont fait une sortie d’abord pour fustiger le non-paiement de la redevance en rapport avec l’utilisation du répertoire des artistes durant la campagne électorale, mais aussi dénoncer l’absence de projet culturel dans les programmes des 19 candidats.
S'il y a des frustrés de la campagne électorale pour le scrutin présidentiel du 24 mars prochain, c'est bien les acteurs culturels. Ces derniers condamnent avec la dernière énergie la violation de la loi n°2008-09 protégeant les œuvres artistiques, le droit d'auteur et les droits voisins. «La campagne a démarré depuis plus de 10 jours ; les 19 candidats ont chacun fait une offre politique aux différents segments socio-économiques de la nation pour gagner le suffrage des Sénégalais ; mais hélas, comme à l’accoutumée, la culture est la grande absente de cette énorme offre très diversifiée», soutient Gacirah Diagne porte-parole du jour. Et d’ajouter : «sur les dix-neuf programmes, nous constatons qu’il n’y a pas de politique culturelle claire proposée par la majeure partie des candidats. Ceci nous fait dire que le secteur de la culture n’est pas une priorité des candidats alors qu’il constitue l’un des greniers de création d’emplois. La culture aujourd’hui, surtout en Afrique, est considérée comme un facteur clé de développement, en témoignent les données 2022 de l’IFPI sur le streaming (17 milliards de dollars) qui mettent l’Afrique en tête du peloton mondial, en plus du rayonnement extraordinaire du cinéma africain et des autres formes d’art».
«Depuis 2012, les candidats à l’élection présidentielle ne payent plus»
Sur un autre chapitre, les artistes, sous la houlette de la Société du droit d'auteur et des droits voisins (Sodav), invitent les candidats à se rapprocher de cette structure chargée des priorités littéraires et artistiques pour s'acquitter du paiement de la redevance en ce qui concerne l'utilisation du répertoire des artistes durant la campagne électorale. Ils incitent les politiciens à respecter le droit d'auteur et à intégrer la culture dans leurs programmes politiques, reconnaissant son rôle essentiel dans le développement social, économique et touristique du pays. «En 2012, nous étions parvenus à amener les candidats à s’acquitter de la redevance. Mais, depuis cette année, les candidats ont arrêté de payer. Lors de la dernière campagne en 2019, nous avions adressé une correspondance à la Direction des élections pour un guichet unique mais nous n’avons jamais eu de réponse de cette autorité», soutient Aly Bathily Dg de la Sodav. Qui poursuit : «nous avons même envoyé des courriers aux différents candidats, mais jusqu’à présent, nous n’avons pas reçu de réponse».
Enfin, ils appellent les autorités compétentes à faire respecter la loi et à sanctionner les contrevenants. La culture ne doit plus être reléguée au second plan dans les débats politiques ; elle mérite une place centrale pour contribuer pleinement à l'épanouissement de la société sénégalaise
À cette occasion, la présidente du Conseil d’administration de la Société du droit d’auteur et des droits voisins, Ngoné Ndour, a adressé un dernier message au Président Macky Sall sur la question de la copie privée. “Nous demandons solennellement au président Macky Sall de faire appliquer la loi sur la copie privée avant son départ le 2 avril. C’est la seule chose que je lui demande de faire en toute humilité, car ça fait des années que nous menons un combat pour la mise en vigueur de cette loi. Il aura un successeur et on ne sait jamais dans la vie. Nous lui demandons uniquement de nous aider sur cette question”, a-t-elle déclaré à la presse.
Samba THIAM