Dans une déclaration prononcée ce mercredi soir, Barthélemy Dias a marqué un tournant décisif dans sa carrière politique, en lançant officiellement son mouvement politique, «Sénégal Bi Niou Bokk» (Le Sénégal en partage). Face à un parterre de sympathisants, Dias a livré un discours poignant, empreint d’émotion, de lucidité et de détermination, appelant à un sursaut national pour répondre aux défis criants auxquels le Sénégal est confronté.
Barthélemy Dias a lancé son mouvement politique. Après avoir divorcé avec Taxawu Senegaal et Khalifa Ababacar Sall, l’ancien premier magistrat de la capitale l’a fait avant-hier à Dakar dans une ambiance électrique.
Pour l’occasion, Barthélemy Dias a choisi de s’adresser directement aux Sénégalais comme un «fils à sa mère» ou un «frère face à une maison qui prend feu». Cette approche intimiste, marquée par une rhétorique poétique et engagée, a donné une tonalité particulière à son intervention. «Je ne viens pas réclamer un pouvoir, je viens réclamer une conscience», a-t-il déclaré, insistant sur son refus de diviser ou de séduire, mais plutôt de rassembler et de servir. Ce positionnement, qui contraste avec les habituelles promesses électoralistes, vise à rétablir un lien de confiance entre les citoyens et leurs dirigeants.
Dias a peint un tableau sombre mais réaliste des maux qui affligent le Sénégal : la précarité économique, l’angoisse des jeunes sans emploi, la détresse des talibés, et l’abandon des secteurs clés comme l’éducation, la santé et l’agriculture. Il a dénoncé une croissance économique vantée par les autorités, mais qui, selon lui, «ne nourrit pas, n’emploie pas, ne soigne pas, ne console pas». Pointant du doigt l’élite dirigeante, il a fustigé ceux qui «confisquent l’État comme un héritage» et a critiqué une gestion économique qui profite aux puissants au détriment des plus vulnérables.
«Sénégal Bi Niou Bokk» : une promesse de justice et d’équité
Dias a présenté son initiative non pas comme un parti politique classique, mais comme un «serment» et une «promesse» d’un Sénégal plus juste, plus humain et plus libre. Le nom du mouvement, qui fait écho à son précédent programme municipal «Dakar Bi Niou Bokk», incarne une vision d’unité et de partage. «Ce n’est pas le Sénégal qu’on détourne, qu’on vend à l’étranger ou qu’on divise par la peur, mais celui qu’on habite ensemble, qu’on relève ensemble, qu’on répare ensemble», a-t-il proclamé.
Le leader a insisté sur le caractère inclusif de son mouvement, s’adressant à toutes les franges de la société : enseignants, médecins, jeunes, femmes, retraités, paysans, pêcheurs, commerçants, fonctionnaires, artistes, talibés, scientifiques et artisans. Cette énumération, qui reflète la diversité des souffrances et des aspirations sénégalaises, vise à mobiliser un large spectre de citoyens autour d’un projet commun. «Ce mouvement n’est pas le mien, il est vôtre », a-t-il affirmé. Et d’ajouter : «le Sénégal souffre. Mais sa souffrance n’est pas abstraite. Elle a des visages. Des odeurs. Des silences» a-t-il déclaré, décrivant la misère et l’abandon ressentis par de nombreux Sénégalais et les invitant ainsi à rejoindre un « soulèvement des consciences » et une «levée de dignité».
Une date qui parle
Le choix de la date du 28 mai, coïncidant avec l’ouverture du Dialogue national présidé par le chef de l’État Bassirou Diomaye Faye, n’est pas anodin. Il positionne Dias comme un acteur clé dans un moment de recomposition politique, où l’opposition cherche à se réorganiser face à la domination du parti au pouvoir. Cependant, Dias a évité toute attaque frontale contre le gouvernement, préférant un discours fédérateur axé sur les aspirations des citoyens.
Dias promet de «rendre la parole au peuple» et d’«écouter avant d’imposer».
Un pari audacieux pour un Sénégal en quête de renouveau
En lançant «Sénégal Bi Niou Bokk», Barthélemy Dias engage un pari audacieux : celui de redonner espoir à un peuple désillusionné par des décennies de promesses non tenues. Son discours, mêlant émotion, indignation et vision, pose les bases d’un mouvement qui se veut inclusif et ancré dans les réalités quotidiennes des Sénégalais. Pour l’heure, son message résonne comme un cri du cœur : «le Sénégal ne tombera pas tant qu’il y aura un cœur, une voix, une main pour le relever.»
Sidy Djimby NDAO