Me BAMBA CISSE, AVOCAT D’AMY SALL, L’EPOUSE DE MATAR DIOKHANE: «Penser que le djihad est mené par les Ibadou Rahmane, c’est ne pas comprendre le djihad»



 
5 ans de travaux forcés pour association de malfaiteurs, c’est ce qu’a requis le Procureur à l’encontre de Amy Sall, la première épouse de Matar Diokhané. Mais, selon Me Bamba Cissé, le Procureur fait une grave confusion. A en croire l’avocat, sa cliente est innocente, c’est juste une « Ibadou Rahmane». « Personne ne peut définir le terrorisme. Et penser que le djihad est mené par les Ibadou Rahmane, c’est ne pas comprendre le djihad», a plaidé l’avocat. Il a été suivi dans le même sillage par Me Ndoumbé Wane.
 
Me Ndoumbé Wane et Bamba Cissé ont défilé hier devant la Chambre criminelle de Dakar pour prendre la défense d’Amy Sall qui encourt 5 ans de travaux forcés. Me Cissé a entamé sa plaidoirie en soutenant que le fait qu’Amy Sall est voilée ne veut pas dire qu’elle est une terroriste. Sur cette affaire, soutient-il, ce dossier est très complexe, parce qu’il réunit des « considérations d’ordre religieux, philosophiques». Pour lui, on est en train de diviser le monde en deux globes, le monde arabo-musulman et le monde Judéo-chrétien. «L’islam est une religion de paix», dira Me Cissé, qui explique que pour comprendre le mouvement Ibadou Rahmane, il faut remonter au prophète. Pour lui, le fait d’avoir une barbe est une sunna, mais le fait de mettre un voile est une obligation.
Pour l’avocat, qui s’adresse indirectement au Procureur, il faut éviter de faire la confusion ; personne, selon lui, ne peut définir le terrorisme. Et « penser que le djihad est mené par les Ibadou Rahmane, c’est ne pas comprendre le djihad» a-t-il martelé avant d’expliquer l’essence du mouvement salafiste qui n’a rien à voir, selon lui, avec le djihad. Me Cissé de poursuivre sa plaidoirie, soutenant que dans ce dossier, «on a confondu le djihad et le terrorisme». Aucun accusé, à l’en croire, ne peut être condamné pour acte de terrorisme. Car, «la preuve d’un acte préparatoire n’existe pas», plaide-t-il encore. Par ailleurs, il expliquait que la loi n’exclut pas l’octroi de circonstances atténuantes en matière terroriste. Pour le cas d’Amy Sall, dit-il, elle ne peut pas être poursuivie pour apologie, parce que ce sont des infractions de trop à son endroit. La loi fait référence à un discours, pour l’avocat, or, «l’accusée n’a pas tenu de discours», martèle-t-il encore. En ce qui concerne le financement, elle n’a ni fourni, ni réuni ou géré des fonds délibérément, si l’on en croit Me Cissé. S’agissant du blanchiment, la robe noire souligne que la recherche de l’origine illicite des fonds incombe au parquet. Et dans ce cadre, il ne leur a pas dit si les fonds venaient d’une infraction.
Par ailleurs, il estime que s’il y a des djihadistes revenant du Nigeria, on ne peut pas les arrêter, mais on les met en «fichier S».
Me Cissé a ainsi demandé à la Chambre d’acquitter purement Amy Sall «pour qu’elle puisse vivre sa foi auprès de sa famille».
 
«Amy Sall est victime de son mariage avec Matar Diokhané»
 
Selon Me Ndoumbé Wane, qui l’a succédé au prétoire, «Amy Sall est victime de son mariage avec Mactar Diokhané». A en croire l’avocate, on ne peut arrêter et condamner une épouse parce que son mari est arrêté. «C’est de la détention arbitraire», s’insurge la robe noire. «On se marie pour le meilleur et pour le  pire. Et le pire pour la dame, c’est ce mariage», regrette l’avocate. Sur le blanchiment qui lui est reproché, Me Wane soutient que les 500 euros (325 mille francs) que sa cliente avait reçus de sa coépouse Coumba Niang, pour le paiement de ses dettes, ainsi que la réception du portable, n’établissent pas le crime. Au regard de cela, elle a demandé l’acquittement d’Amy Sall.
 
Fatou D. DIONE

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