De l’avis du Directeur de l’Artp, le chiffre d’affaires du commerce électronique s’élève à 26.700 milliards de dollars. Cependant, même si la distribution est du ressort des opérateurs postaux, la Poste est concurrencée dans ce secteur de manière déloyale. Ce qui fait dire au ministre des Télécommunications que la question des licences dans la distribution des colis doit être mieux règlementée pour permettre à la Poste de conserver sa part de marché.
Le Sénégal, à travers l’Autorité de régulation des Télécommunications et des Postes (Artp) abrite depuis hier la Conférence des régulateurs postaux africains, sous le thème «la régulation à l’ère du numérique au service d’un secteur postal durable». Cette rencontre de trois jours, en présence des représentants de 32 pays africains, se déroule dans un contexte de profondes mutations du secteur postal. «L’introduction des nouvelles technologies dans le marché postal a entraîné une diversification des produits, des services et des innovations dans l’offre qui relèguent certains services et produits postaux à l’obsolescence. Ce bouleversement technologique ouvre plutôt de nouvelles perspectives. Il s’agit aujourd’hui de mettre en œuvre des réformes structurelles pour s’adapter au nouveau contexte et assurer la continuité des activités postales pour réinventer, voire disrupter l’activité postale», a d’emblée fait remarquer le ministre Moussa Bocar Thiam, qui pointe du doigt de nouveaux concurrents qui investissent le marché avec de nouveaux modèles commerciaux qui mettent en péril le cœur de métier de la Poste. Cependant, le ministre perçoit à travers la rencontre de Dakar de nombreuses opportunités pour le secteur de la Poste. «Je suis convaincu qu’avec une coordination des actions entre les différents acteurs, des stratégies communes, un renforcement du partenariat entre nos différents états, le secteur postal relèvera les défis de l’innovation et de la modernisation», ajoute le ministre des Télécommunications, qui n’a pas manqué de déplorer les nouvelles formes de livraison qui concurrencent la Poste. «La question des licences dans la distribution des colis doit être mieux règlementée, mieux encadrée, pour permettre à la Poste de conserver sa part de marché. Beaucoup de sociétés s’activent dans ce secteur et ne sont pas à jour par rapport à la réglementation. La Poste subit des agressions et en pâtit. Il faut que les Etats se ressaisissent et reprennent les choses en main à travers le régulateur pour asseoir une réglementation claire et progressive, pour permettre à la Poste d’être à la pointe de la technologie», déclare Moussa Bocar Thiam.
Un chiffre d’affaires de 26.700 milliards de dollars
De son côté, le Directeur de l’Artp, Abdou Karim Sall de préciser que le commerce électronique, de nos jours, domine l’essentiel des transactions électroniques. «On parle de 26.700 milliards de dollars de chiffre d’affaires», annonce Abdou Karim Sall qui rappelle que le maillon de la distribution reste indubitablement du ressort des opérateurs postaux. Ainsi, face aux difficultés inhérentes à l’évolution du monde et des mutations qui s’opèrent dans les besoins changeants des consommateurs, il est d’avis que la solidité des entreprises postales et leur utilité pour la collectivité constituent le gage irremplaçable de leur pérennité et de leur rayonnement. «Cela passe par des stratégies de revalorisation du métier surtout le volet logistique avec la filière des colis, à l’ère du commerce électronique et l’appropriation inévitable des opportunités du numérique. L’Union postale universelle (Upu), sur la base d’un diagnostic sans complaisance, élabore, tous les quatre ans, une stratégie destinée aux pays membres et aux opérateurs désignés. Cette stratégie comporte des axes de développement adaptés aux réalités du secteur», explique le patron de l’Artp. En ce qui concerne le Sénégal, Abdou Karim Sall s’est réjoui de l’engagement du chef de l’Etat à accompagner le secteur avec des réformes dont la restructuration de la société nationale La Poste. «Conscient des opportunités qui s’ouvrent avec l’ère numérique, je demeure convaincu que le secteur postal qui a d’ailleurs déjà amorcé, de manière lucide et courageuse, sa mutation, entrevoit déjà les retombées positives de sa transformation», indique Abdou Karim Sall.
D’une régulation sectorielle à une co-régulation
Poursuivant, il révèle que le numérique a bouleversé plusieurs secteurs, notamment, dit-il, les chaînes logistiques, l’activité de transport, le commerce électronique, les services financiers, etc. Une transformation qui entraine à l’en croire un changement de paradigme au niveau de la régulation. A cet effet, le Directeur général de l’Artp préconise le basculement de la régulation sectorielle vers la régulation intersectorielle ou co-régulation. «Autrement dit, les prérogatives de gestion et d’encadrement ne sont souvent plus exclusives à une seule autorité de régulation, mais partagées entre deux, voire trois organes de régulation, ayant des attributions et des modes de fonctionnement différents. Sous ce rapport, la mise en œuvre de cette co-régulation appelle une certaine coordination entre régulateurs pour définir, d’abord, les droits et obligations des acteurs économiques concernés et, ensuite, les règles minimales applicables dans le domaine concerné pour garantir le libre jeu de la concurrence», précise Sall.
M. CISS