MONSEIGNEUR BENJAMIN NDIAYE, ARCHEVÊQUE DE DAKAR :«La violence verbale et physique a atteint des proportions inquiétantes dans notre société, au point de constituer une menace contre l’harmonie sociale»



 
 
 
La communauté catholique du Sénégal a fêté Noël. Occasion mise à profit par Monseigneur Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar, pour fustiger la violence verbale et physique. «Elle a atteint des proportions inquiétantes dans notre société, au point de constituer une menace contre l’harmonie sociale», regrette-t-il.
 
 
 
Ce n’est pas devant des fidèles venus entendre son prêche de Noël de l’an de grâce 2022, à l’église, sur son autel, mais c’est plutôt devant un monde restreint dominé par des enfants que l’archevêque de Dakar, Monseigneur Benjamin Ndiaye, a délivré le message de Noël de l’année 2022. Le religieux s’est prononcé sur les faits saillants de l’actualité dominée par des calomnies, des invectives, des révélations de vie privée d’autrui… Face aux jeunes fidèles, il a prié que ce Noël 2022 fasse de nous tous, dans notre cher pays le Sénégal, des missionnaires et des bâtisseurs de la paix en paroles et en actes, comme nous y invite le chœur des anges dans la nuit de Bethleem à travers ses paroles. Avant d’ajouter : «(…) nous le savons bien, il y a des paroles et des comportements qui ne bâtissent pas la paix ; l’apôtre Saint Jacques dans une lettre qu’il adresse aux chrétiens de la diaspora au premier siècle de notre ère, les met en garde contre les dangers des paroles non maitrisées, car elle peut même provoquer un incendie. ‘’Si quelqu’un ne commet pas de faute en paroles, écrit-il, c’est un homme parfait’’. La langue, qui est une petite partie de notre corps, peut se vanter de faire de grandes choses. Une toute petite flamme peut mettre le feu sur une grande forêt. La langue aussi est un feu», rappelle Monseigneur aux fidèles. Un message qu’il transmet aussi à tous les fidèles croyants de toutes les religions au Sénégal.  
Cependant, le religieux révèle que pour garantir un vivre-ensemble harmonieux entre nous, dans le respect de nos différences, «il est nécessaire que nos pensées, notre langue, nos paroles, servent plutôt à bénir qu’à maudire, à construire qu’à détruire, à réconcilier qu’à diviser, à dire la vérité qu’à proférer des mensonges. C’est ainsi que nous éviterons les différentes menaces d’incendie qui nous guettent», fait-il savoir.
Ainsi, pour en arriver à ce stade de stabilité sociale, il invite les citoyens en ses termes : «soyons donc prompts à écouter et non à parler. Nous éviterons ainsi les vaines polémiques qui ne mènent ni à la vérité, ni à la paix que le Christ sauveur est venu nous apporter. Cette paix est une mission à vivre avec le Christ dans l’amour, la vérité, la justice, l’honnêteté». 
Car, après avoir constaté le comportement délictueux de certains citoyens de tout bord et de toute obédience, il dénonce : «la violence verbale et physique a atteint des proportions inquiétantes dans notre société, au point de constituer une menace contre l’harmonie sociale. Elle scandalise les plus faibles et donne à croire que nous avons du mal à instaurer un débat d’idées même contradictoire dans le respect des personnes, des institutions et des valeurs morales reçues de nos traditions ancestrales et de nos croyances religieuses», regrette l’archevêque de Dakar.
Revenant sur l’utilisation des réseaux sociaux, il montre son regret. «En pensant à l’usage des réseaux sociaux, comment ne pas nous convaincre que c’est en définitive l’utilisateur qui pose problème ? Car c’est avec sa conscience qu’il qualifie l’usage qu’il fait de l’instrument, suivant ses motivations, ses pensées et ses pulsions. Il peut en faire des moyens de bienfaisance ou de malfaisance. C’est la vérité qui fait de nous des hommes libres. Utilisons les moyens que Dieu a permis à l’intelligence humaine de conquérir pour faire le bien, dans la vérité, en toute justesse. Ne portons pas préjudice à des personnes, à des familles, à des groupes, à des institutions par des comportements déviants et malhonnêtes, dans l’intention de nuire par le mensonge ou la manipulation. Ne polluons pas la paix sociale par des paroles, des actes ou des gestes inappropriés. Soyons les acteurs de la paix et du bien», fait-il savoir.
Selon lui, «si quelqu’un se croit être un homme religieux, alors qu’il ne peut pas mettre en frein à sa langue, il se trompe lui-même. Sa religion ne mène à rien. Devant Dieu, la manière pure et irréprochable de pratiquer la religion, c’est de venir en aide aux orphelins et aux veuves dans le malheur et de se garder pur au milieu du monde», conclut le guide religieux.
 
Baye Modou Sarr
 
 
LES ECHOS

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