L’Association sénégalaise des établissements de paiement et des émetteurs de monnaie électronique (Asepame) avertit que la taxation projetée par l’État sur le Mobile Money pourrait provoquer une baisse des volumes de 30 à 50%. Elle y voit une menace directe pour l’inclusion financière, l’emploi et les recettes fiscales.
Un secteur stratégique menacé
Le gouvernement prévoit d’instaurer une taxe de 0,5 % sur l’ensemble des transactions de Mobile Money et de 1,5% sur les paiements marchands. Une décision qui, selon l’Asepame, risque de casser la dynamique d’un secteur qui connaît une croissance fulgurante depuis 2022 et qui joue un rôle clé dans l’inclusion financière des populations, notamment les femmes et les jeunes.
L’association estime que la mesure aurait pour effet immédiat de réduire drastiquement les volumes de transactions, de l’ordre de 30 à 50%, entraînant un retour vers l’utilisation du cash et freinant la digitalisation des paiements.
Des conséquences en chaîne
Au-delà des utilisateurs, l’impact toucherait l’ensemble de l’écosystème économique. Moins de transactions signifierait moins de recettes fiscales indirectes issues de la Tva, de l’impôt sur les sociétés ou encore de l’impôt sur les salaires. Selon les projections de l’Asepame, l’État ne pourrait espérer plus de 230 milliards F Cfa sur trois ans, bien en deçà des ambitions initiales.
L’association prévient également que la mesure pourrait détruire des dizaines de milliers d’emplois liés aux services financiers numériques. Dans le scénario le plus pessimiste, seuls 41.000 emplois seraient préservés, contre près de 90.000 dans un contexte de croissance maintenue.
La proposition de l’Asepame
En alternative, l’organisation suggère une fiscalité ciblée sur les opérateurs plutôt que sur les usagers. Elle propose ainsi une taxe de 2,5% sur les revenus des établissements de Mobile Money, appliquée sur la période 2026-2028.
Selon ses calculs, ce mécanisme rapporterait plus de 530 milliards F Cfa à l’État, soit plus du double du rendement attendu avec la taxation sur les volumes. Surtout, il permettrait de préserver l’inclusion financière et les emplois, tout en sécurisant un secteur désormais au cœur de l’économie numérique sénégalaise.
Samba THIAM