Les Lions se sont entrainés hier avec seulement 15 minutes ouvertes à la presse à l’annexe du stade Charles Konan Banny. Force est de reconnaitre que les supporters vivent le calvaire pour voir les Lions. En effet, ces derniers déplorent le fait que le bus ne ralentit jamais alors qu’ils bravent la forte chaleur de Yakro pour voir Sadio Mané et Cie. L’ambiance avant et après l’entrainement des Lions malgré la déception des supporters qui n’ont pu voir les stars du ballon du Sénégal était à son paroxysme.
A Yakro, l’attraction autour des Lions du Sénégal dépasse l’entendement. Alors que l’entrainement des Lions était prévu hier à 17 heures, Sénégalais et Ivoiriens n’ont ménagé aucun effort pour se pointer à l’entrée de l’annexe du Stade Charles Konan Banny en début d’après-midi. 35° degrés à l’ombre, la chaleur n’a pas découragé ces inconditionnels de l’équipe du Sénégal qui peinent à voir les joueurs. Sur place, les policiers et gendarmes sont postés à l’entrée de l’annexe du stade. En face d’eux, les ramasseurs de balle convoqués pour une séance de répétition se sont installés près du mur du lycée mixte de Yamoussoukro en attendant de recevoir des instructions pour rentrer dans le stade où doit jouer le Sénégal contre la Gambie lundi prochain.
Les potaches veulent voir « le professeur Sadio Mané »
En tenue kaki, les élèves du lycée mixte de Yamoussoukro qui ne forme que des scientifiques, ont préféré poireauter devant le stade au lieu de rentrer chez eux. « Je m’appelle Mohamed et je ne veux voir que Sadio Mané, les autres ne m’intéressent pas. Sadio est un professeur avec le ballon, il donne des cours de dribbles à ses adversaires », s’excite Mohamed, en classe de seconde au lycée mixte. Le jeune homme, en compagnie de ses camarades de classe dont certains sont venus à vélo, ne s’impatiente pas et confie que s’il fallait attendre une semaine ici pour voir les sénégalais, il le ferait. « Moi aussi je veux voir Sadio Mané et les autres joueurs aussi comme Koulibaly ou encore Edouard Mendy », déclare Gervais Yao. Seulement, ces potaches ne manquent pas d’exprimer leur déception, car cela fait trois séances d’entrainement qu’ils viennent au stade et ne parviennent pas à voir l’ombre d’un joueur sénégalais. « Leur bus passe devant et ils doivent savoir que nous sommes des élèves en voyant nos tenues. Il n’y a pas de mal à s’arrêter juste quinze secondes et nous faire signe », poursuit Yao. A la question de savoir qui aimerez-vous voir gagner la Can entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire, l’un d’eux surnommé le philosophe par ses camarades de classe rigole et nous balance un proverbe propre aux Ivoiriens : « on ne montre pas son village de la main gauche (Ndlr : cela signifie que l’on ne peut dire du mal de soi-même) ».
Les supporters sénégalais pestent contre la barricade autour des Lions…
A côté d’eux, les supporters sénégalais qui habitent en Côte d’Ivoire sont un peu découragés, mais restent optimistes quant à la possibilité de voir ne serait-ce que les mains des joueurs sénégalais. Composée majoritairement de vitraillistes, l’un d’eux, Pape Dieng, peste contre la sécurité. « Nous ne faisons de mal à personne. Ce n’est pas tous les jours que les joueurs sénégalais viennent en Côte d’Ivoire. Qu’il nous laisse au moins voir les Lions. Hier, nous étions chez les Guinéens qui ont prié à la grande mosquée du millénaire et franchement nous avons même pris des photos avec Naby Keita », dit-il. L’un de ses collègues de rajouter : « pourquoi tant de cachoteries, leur bus ne s’arrête jamais et pourtant à chaque fois nous venons pour les encourager, qu’ils nous fassent signe de la main au moins ».
Kara Thioune tente de sauver la face mais en vain
Vers les coups de 16 heures, les intendants se pointent à l’horizon et font leur entrée à l’annexe très bien surveillé par les forces de l’ordre. Le chargé de la communication Kara Thioune ressort pour discuter avec les journalistes et les supporters. Le moment choisi par les Sénégalais de Yamoussoukro pour soumettre des doléances à Kara. « Nous voulons que les joueurs s’arrêtent un moment pour les saluer », lui demande un supporter sénégalais. Kara prend son téléphone et appelle un membre du staff des lions. « Vous êtes déjà en route. Est-ce que le bus peut ralentir un peu à l’entrée du stade pour les supporters ? », dit-il au téléphone avant d’expliquer les complaintes des supporters à son interlocuteur au bout du fil. Vers 16h40 minutes enfin le bus des Lions arrive. Ça crie de partout, mais malheureusement les supporters ne verront que le visage de Aliou Cissé assis à côté du chauffeur du bus. Les vitres teintées ne laissent aucune chance aux supporters de voir les stars sénégalaises. La déception se lie sur les visages des supporters. Mais cela ne les décourage guère.
« On veut du ceep »
Le fait insolite de cette ambiance bon enfant, c’est de voir des Ivoiriens qui supportent les Sénégalais à fond mettre l’ambiance et se permettre de chantonner « on veut du ceep » pour dire qu’ils ne mangeront pas atiéké ni poisson braisé, mais que du riz au poisson, pour montrer qu’ils sont avec les Sénégalais.
Volontaires et ramasseurs de balle en répétition
Autre chose qui attire l’attention à l’entrée du stade, ce sont les volontaires du programme « Kick Off ». En effet, 10.000 jeunes volontaires sont répartis dans les cinq villes hôtes de la compétition à savoir Abidjan, Korhogo, Bouaké, Yamoussoukro et San-Pedro, sur les terrains d’entrainements, dans les centres d’accréditation, au sein des aéroports, hôtels, cités Can et Fan zones, précise l’Agence ivoirienne de presse (Aip). Leurs principales missions seront d’accueillir et orienter les spectateurs, d’assister la presse et les journalistes, aider à l’organisation des matchs et accompagner les joueurs. « Nous travaillons au sein de 10 commissions à savoir Sécurité, Finances, Santé, Organisation des compétitions, Billetterie, Logistique et transports, Marketing et hospitalité, et enfin Télécommunications et médias », explique Rossy. L’homme âgé de 34 ans fait savoir qu’il est porteur de drapeau et qu’il était en répétition pour le lundi. Pendant qu’il discutait avec ses collègues volontaires qui venaient de finir la répétition, place aux ramasseurs de balle, en file indienne, ils reçoivent leur sésame leur permettant d’accéder au stade.