Les détenus politiques libérés dernièrement n’ont que leurs yeux pour pleurer ou un espoir inéranlable que leur combat ne soit pas vain, mais ils ne peuvent prétendre à rien. Restés des mois en prison, ils risquent de ne pas être indemnisés ‘’ pour le préjudice subi‘’ puisqu'ils sont libérés sans procès pénal. Avocat droitdel’hommiste, Me Amadou Diallo estime qu'a priori, lorsqu'il n'y a pas jugement, on ne peut pas parler d'indemnisation parce qu'il faut savoir qu'il s'agit de liberté provisoire.
La semaine dernière, beaucoup de "détenus politiques", (Yarga Sy, Pape Abdoulaye Touré, Aliou Sané, Toussaint Manga Ndlr) après des mois passés en détention préventive dans certaines maisons d'arrêt et de correction à la suite de leur inculpation pour divers délits (association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste et appel à l’insurrection à la suite des événements de mars 2023 Ndlr) ont été libérés sans procès. Ce vent de liberté qui a soufflé un peu partout dans le pays a soulagé certaines personnes dont les proches ont été incarcérés pour la plupart à la suite des manifestations survenues lors des procès de Ousmane Sonko.
Ceux qui voulaient prétendre à être indemnisés pour le préjudice né de leur incarcération, peuvent déchanter. Aucune indemnisation n'est, pour le moment, envisageable, si l'on en croit Me Amadou Diallo. "L'indemnisation n'est envisagée qu’à la suite de l'épuisement de la procédure. C’est quand la personne a été par exemple relaxée ou acquittée et qu'elle ait fait l'objet d'une détention d'une certaine durée. Donc a priori, lorsqu'il n'y a pas jugement, on ne peut pas parler d'indemnisation parce qu'il faut savoir qu'il s'agit de liberté provisoire. Et qu'en principe, les procédures sont toujours en cours", a laissé entendre la robe noire.
L’avocat droidel’hommiste poursuit : "aujourd'hui le combat de ces détenus politiques libérés c'est de mettre la pression sur la justice pour qu'ils soient jugés. A la suite de ces jugements, s'ils sont relaxés ou acquittés, ils peuvent saisir la Cour suprême pour une indemnisation. A priori, c'est comme ça que ça se passe. Maintenant s'il n'y a pas de jugement, à mon avis, on ne peut pas dire qu'ils peuvent valablement saisir la Cour suprême".
L'avocat estime que maintenant peut-être le combat c'est de se battre et qu'on permette à toute personne, après une longue détention, puisse d'enclencher une procédure pour être indemnisée. Fustigeant ainsi "ce genre de procédures qui n'aboutissent jamais à un procès", Me Diallo ajoute : "dans la plupart de ces genres de procédures, il n'y a pas de finalité. Ça s'arrête là. Maintenant, la question est de savoir si, à l'état actuel de loi, ils peuvent valablement saisir la Cour suprême pour demander une indemnisation"
Fatou D. DIONE