MATAR DIOKHANE: «Je suis patriote et je l’ai démontré, car j’ai réussi le plus difficile, en extirpant mes compatriotes de Sambissa, contrairement autorités sénégalaises qui sont payées pour cela»



 
L’interrogatoire de Matar Diokhané s’est poursuivi, hier, devant la Chambre criminelle. L’accusé a toujours adopté la même posture de dénégation. Il s’est même vanté de son patriotisme : «je suis patriote et je l’ai démontré (…) contrairement aux autorités sénégalaises qui sont payées pour cela», a-t-il déclaré devant la Chambre criminelle.
 
La journée de lundi dernier n’a pas suffi à la Chambre criminelle et aux différentes parties pour terminer l’interrogatoire de Matar Diokhané. Son instruction s’est poursuivie donc hier. Il revenait aux avocats de la défense de poursuivre leurs questions.  Constituée pour assurer la défense de Amy Sall, la première épouse de Matar Diokhané, Me Ndoumbé Wane a d’abord demandé à Matar Diokhané si oui ou non c’est lui qui parlait d’argent avec Coumba Niang, sa seconde épouse, dans l’audio que le procureur leur a fait écouter. Il répond par la négative, en soutenant que la voix entendue dans l’audio n’était pas la sienne. Tout de même, il précise que l’argent était confié à sa seconde épouse Coumba Niang, parce que cette dernière était plus âgée que la première, Amy Sall. «Il ne s’agit pas d’argent illicite», souligne-t-il. A son tour, Me Mounir Balal a demandé à l’accusé s’il suivait les informations. Il répond par l’affirmative, il a une radio avec laquelle il suit l’actualité. Me Balal lui rapporte alors «les écrits, dit-il, de l’un des quotidiens de la place» qui le décrit en parlant d’une «barbe très fournie». Ironisant, et rigolant même un peu, Matar Diokhané rétorque qu’il n’avait pas de barbe fournie. Mais, dit-il, la barbe est à la mode et que Messi aussi en avait. Ce qui a eu l’effet de provoquer les rires dans la salle. Me Balal de préciser que la barbe était maintenant devenue une mode en France.
Cette page tournée, la robe noire lui demande s’il était un patriote. Visiblement très à l’aise par rapport à la question, l’accusé d’expliquer qu’il l’a démontré, car il a réussi le plus difficile, en extirpant ses compatriotes de Simbissa. Pour lui, les autorités sénégalaises qui sont payées et qui étaient censés le faire n’ont rien fait pour les aider. Contrairement à lui, qui n’a pas été payé et qui a pu pourtant aider ses compatriotes. S’il avait échoué dans cette mission de ramener ses compatriotes au pays, poursuit-il, très prolixe, il allait renoncer à sa nationalité sénégalaise. A une autre question de Me Balal, qui voulait savoir s’il avait un problème avec les Sunnites ou avec d’autres personnes qui sont d’une autre confession, Matar Diokhané rétorque par la négative. Il ajoute qu’il a même des amis chrétiens et qu’il y’en a un qui lui a donné le surnom de ‘’Khouzalayiine’’».
Me Balal, qui semblait en vouloir à la presse, revient à la charge et lui rapporte que les journalistes ont écrit qu’il est le «cerveau» dans cette présente procédure qui le met en cause. L’accusé de répondre : « la presse est dans l’erreur et ils n’ont rien compris». Il ajoute que les journalistes «utilisent des mots et les donnent aux gens comme ça».
Par ailleurs, Me Alassane Cissé, le conseil de Matar Diokhané, a formulé deux requêtes auprès de la Chambre. L’avocat sollicite de la Chambre de trouver un expert qui pourra retracer la source de l’appel et la borne à partir de laquelle il a été émis, en ce qui concerne l’audio écoutée et dont son client réfute la paternité. Mais c’était sans compter avec le procureur Aly Ciré Ndiaye, qui lui rétorque que Coumba Niang avait reconnu, lors de son audition devant la Chambre, que la voix entendue dans l’audio était celle de son mari Matar Diokhané. Le parquetier poursuit en précisant qu’il n’a pas reçu ex nihilo l’audio dont il est question. Il s’agit d’une pièce du dossier, selon lui. «Il faut faire la part des choses entre la recevabilité d’une preuve et  la validité des éléments de preuves. C’est une pièce de la procédure que le ministère public n’a pas inventé», argue le représentant du parquet, qui poursuit : «les documents de preuves, chaque personne a la liberté de les interpréter à sa manière. Il faut en tirer toutes les conséquences». Il souligne, néanmoins, qu’il ne s’oppose pas à la demande. Mais, pour Me Cissé, l’audio n’est pas une pièce du dossier, parce que c’est la première fois qu’il l’écoute.
Le juge va délibérer sur ce point aujourd’hui. 
Fatou D. DIONE
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

Dans la même rubrique :