La qualité du gasoil au Sénégal n’est pas des meilleurs par rapport aux standards internationaux. Ce qui pose un problème de compétitivité à l’exportation pour les armateurs et industriels, selon la vice-présidente du Gaipes, à l’occasion d’échanges du Marine Connect Day initié par Vivo Energy Sénégal. En effet, la teneur en soufre de notre gasoil est à 5000 Ppm alors que la directive de la Cedeao est à 50 Ppm.
Vivo Energy Sénégal a initié la première édition du Marine Connect Day pour échanger sur les enjeux majeurs du secteur maritime avec les acteurs de l’écosystème sur le thème : « Du raffinage au réservoir : traçabilité et qualité du carburant ». Il ressort des discussions que la qualité du carburant sénégalais n’est pas des meilleurs par rapport aux standards internationaux. Et, pour la vice-présidente du Groupement des armateurs et industriels de la pêche au Sénégal (Gaipes), Fatou Niang, cela porte préjudice aux acteurs pour l’export. « Nous sommes dans un secteur où on est en compétition avec d’autres pays comme le Nigéria, le Maroc, la Mauritanie … Quand, dans un pays comme le Ghana, ils ont l’avantage d’avoir un carburant de meilleure qualité que celui qu’on a au Sénégal, nous sommes totalement défavorisés. Il est important pour nous que nos autorités se mettent aux standards internationaux ; que le gasoil soit de même qualité qu’on soit au Sénégal, en Mauritanie, au Maroc ou en Côte d’Ivoire. Nous avons les mêmes bateaux, les mêmes moteurs et nous allons sur le même marché. Donc des problèmes de qualité sur le gasoil occasionnent des frais de maintenance et de pièces détachées beaucoup plus élevés et moins de jours en mer. Conséquence : une compétitivité beaucoup plus faible », explique d’emblée Fatou Niang.
Une bonne qualité de gasoil pour être compétitif
En effet, elle est persuadée que la qualité est fondamentale et essentielle dans leur secteur. « Quand l’Etat sera bien informé des réelles missions de la pêche industrielle et du potentiel de cette pêche, on aura peut-être des politiques d’un commun accord avec les fournisseurs de carburant pour qu’on s’entende afin de mettre à la disposition de cette filière le gasoil qui lui permet d’avoir une certaine compétitivité », ajoute la vice-présidente du Gaipes. A l’en croire, le Sénégal devra s’aligner ou disparaitre de la concurrence internationale. « On aura plus le choix. Si nous voulons exporter au Japon, dans l’Union Européenne, aux États-Unis, il faudra se conformer aux exigences du marché sur les critères de carburant, de moteurs et de rejets. Les clients ne vont pas accepter de travailler avec des entreprises qui ne respectent pas la réglementation ou qui ont des pratiques qui impactent négativement sur l’environnement », martèle Fatou Niang, qui n’a pas manqué de s’interroger sur l’impact du soufre du carburant pour les membres de l’équipage des armateurs et industriels qui font des mois en mer.
La teneur en soufre du gasoil au Sénégal est de 5000 Ppm alors que la directive de la Cedeao fait état de 50 Ppm
Pour répondre à la problématique de la qualité, le directeur de l’Approvisionnement au ministère de l’Energie, du Pétrole et des Mines, Babacar Cissé, rappelle que l’État a créé le laboratoire de la Sar et le laboratoire de la Société générale de surveillance (Sgs) ; deux entités qui procèdent, dit-il, au contrôle qualité des produits importés. Ce contrôle souvent inopiné, ajoute-t-il, ne se limite pas à l’importation ou à la production, mais au niveau des dépôts et des stations-service. « Globalement pour les quantités destinées au marché local et même à la réexportation aussi bien la partie import que raffinée, des contrôles systématiques sont effectués. Tout produit qui ne respecte pas la réglementation sénégalaise, notamment le décret 2014-961 est systématiquement repris », rassure Babacar Cissé qui plaide pour la transposition de la directive de la Cedeao qui date de 2020. « La directive impose en substance aux États d’avoir un carburant (gasoil) dont le taux de soufre tourne autour de 50 parties par million (Ppm). Le Sénégal est à 5000 Ppm. Le Sénégal n'est pas en mesure de produire un gasoil à 50 Ppm parce que ce sont des investissements lourds. Pour l’application d’un gasoil à 50 Ppm, on sera obligé d’imposer aux acteurs d’importer un gasoil plus cher et il y aura des pertes pour les importateurs », explique M. Cissé.
Le Sénégal sera outillé pour la norme Afri-5 qui va entrer en vigueur sous peu
Cependant, selon la cheffe du Laboratoire de la Sar, Banel Guèye, le Sénégal a identifié le matériel technique à acquérir en vue de se conformer à la directive de la Cedeao. « A chaque fois qu’il y a un projet de norme en vue, nous faisons le point pour voir si nous avons l’équipement nécessaire pour analyser le produit en respectant la norme qui le définit. Si nous n’avons pas le matériel, nous l’intégrons dans le budget et la direction se charge de l’acquisition. C’est le cas avec la nouvelle norme Afri-5 qui fixe la teneur en soufre à 50 Ppm qui doit entrer en vigueur sous peu. Nous avons pris les dispositions en identifiant le matériel et des moyens sont mis en place par la direction pour l’acquisition de ce matériel. Nous anticipons toujours pour analyser les produits conformément aux spécifications », rassure Mme Guèye. Auparavant, elle a rappelé que le Directeur de la Sar n’a ménagé aucun effort pour le renouvellement de l’accréditation de la Sar pour la norme Iso 17 025 après l’équipement du laboratoire de la Sar en matériel de haute technologie.
Tous les certificats de qualité délivrés par la Sar sont reconnus sur le plan international
Poursuivant, elle révèle que l’accréditation garantit un système de management et la reconnaissance de compétences techniques dans un domaine spécifique relatif pour le cas de la Sar aux analyses. « Cela veut dire que tous les certificats de qualité délivrés par la Sar sont reconnus sur le plan international », fait remarquer Mme Guèye qui revient sur le processus d’acquisition du certificat de qualité. « Avant que le produit ne soit expédié, l’échantillon est amené au laboratoire pour une analyse dans le but de certifier l’échantillon par rapport aux spécifications qui sont décrites par le décret 2014-961 qui régit la qualité des produits au Sénégal. Ce n’est que lorsque le produit est certifié conforme que nous délivrons un certificat de qualité. Le dépôt ne reçoit le produit que lorsque le laboratoire brandit le certificat de qualité. Sans certificat de qualité, le dépôt ne reçoit pas le produit. Au niveau du laboratoire de la Sar, le système est verrouillé et la gestion des certificats de qualité informatisée. Nous avons un logiciel dans lequel nous intégrons les spécifications du décret 2014-961 avec les limites. Après analyse, il y a des renseignements sur les résultats obtenus et le système comparait les résultats obtenus par rapport aux limites définies. Ce n’est que lorsque les résultats respectent les limites que le système renseigne que le produit est conforme et émet le certificat de qualité validé à un autre niveau. Cela veut dire que les certificats de la qualité délivrés par la Sar sont conformes et fiables », déclare la patronne du Labo de la Sar.
Traitement des rejets d’eau issus du raffinage
Pour sa part, Sidiya Diouf, chef division Pêche artisanale au ministère des Pêches est revenu sur certaines préoccupations liées notamment aux rejets. « On se focalise souvent sur la qualité du produit, mais il y a un autre aspect qui doit être pris en compte : les rejets au niveau du raffinage de la Sar. Après le raffinage, il y a des déchets qui sont rejetés dont une partie en mer. Est-ce que la Sar fait des analyses sur la nature des produits rejetés ? », s’interroge M. Diouf. A cet interpellation, la cheffe du Labo de la Sar donne l’assurance que le traitement des rejets d’eaux fait l’objet de surveillance. « Nous avons une station de traitement des eaux et il y a des paramètres sur ces eaux qui sont contrôlés à savoir la teneur en hydrocarbure, etc. Nous avons aussi le projet de renouvellement de la station de traitement de ces eaux par rapport à la préservation de l’environnement », explique Mme Guèye.
M. CISS