Marié à un homme au village, Awa Dieng a été condamnée à 8 mois de prison ferme avec son amant El Hadji Malick Kane. Ils ont été reconnus coupables respectivement des délits d'avortement et de complicité par le tribunal des flagrants délits de Dakar où ils ont été jugés hier, mercredi 9 avril 2025.
C'est devant un public indigné et étonné à la fois que les multiples relations amoureuses de Awa Dieng ont été dévoilées. Pourtant mariée à un homme qu'elle a laissé dans son Ndiaganiao natal, pour venir travailler à Dakar, Awa Dieng ne s'est pas empêchée d'avoir une relation adultérine avec deux hommes en même temps. Quand elle est arrivée dans la capitale sénégalaise, la jeune fille de 21 ans avait d'abord eu une liaison amoureuse avec l'électricien El Hadji Malick Kane. Mais, à la suite d’une petite brouille avec ce dernier, elle a noué une autre relation idyllique avec le nommé Moustapha Dieng. Hélas, elle a contracté une grossesse avec ce dernier qui, heiureusement pour elle, a assumé la paternité. Ce qui fait que Moustapha Dieng lui remettait de l'argent à chaque fois qu'elle se rendait auprès de la sage-femme pour ses visites prénatales.
Mais, quand l'idée d'avorter lui est venue, elle est retournée auprès de son ancien amoureux El Hadj Malick Kane pour demander de l'aide. Ce, afin que sa grossesse ne soit pas connue de son village où elle avait déjà un mari qui l'attendait. El Hadj Malick Kane, qui voulait la reconquérir, s’empresse de lui apporter son aide en lui trouvant à "Keur Serigne Bi" un médicament pour avorter. Après l’avoir ingurgité, elle a atterri à l'hôpital où la sage-femme a découvert qu'elle s'était débarrassée de son fœtus en buvant un médicament. C'est ainsi qu'elle et El Hadji Malick Kane ont été respectivement arrêtés pour avortement et complicité dudit chef.
De ce fait, ils ont été jugés hier, mercredi, devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Devant le juge, la prévenue Awa Dieng a d'abord reconnu qu'elle était au même moment en relation avec ses deux amants. "En buvant le médicament, je croyais que j'allais juste voir du sang couler de mes parties intimes", a confessé la mise en cause. Elle poursuit : "Ce jour-là, il m'a apporté 3 médicaments que j'ai pris devant lui. C'est lorsque les douleurs ont persisté la nuit, vers 22h, que je me suis rendue à l'hôpital. C'est avant mon arrivée là-bas que j'ai expulsé le fœtus dans mon pantalon".
Interrogée sur son mariage avec un homme de son village, Awa Dieng a dit au procureur que c'était un mariage forcé. "Je n'aime pas cet homme et j'ai toujours clamé ça. Je n'ai jamais considéré ce mariage", lance-t-elle.
Pour sa part, El Hadji Malick Kane, 33 ans, a tout rejeté sur Awa Dieng en attestant que tout ce qu'elle venait de dire à la barre n'était pas vrai. "C'est à la gendarmerie que j'ai su qu'elle était enceinte de 5 mois. Je me suis procuré les comprimés à Keur Serigne bi en sa compagnie. C'est avec l'argent du père de son bébé, Moustapha Dieng, qu'on a acheté les comprimés à 50.000 F. J'ignorais qu'elle pouvait perdre la vie en avortant", a-t-il déclaré.
Le procureur a requis 2 ans de prison ferme contre chacun.
Pour la défense de Awa Dieng, Me Baba Diop a assuré au juge que l'intention de sa cliente était de garder l'enfant puisqu'elle a un carnet sanitaire qui prouve qu'elle a fait ses visites prénatales. La robe noire a jeté la faute sur son amant, El Hadji Malick Kane qui, selon lui l'a influencée puisqu'il a voulu la reconquérir. Me Diop, après avoir quémandé la clémence du tribunal pour elle, a été suivi par son confrère, Me Abdou Aziz Djigo. Ce dernier qui défendait El Hadji Malick Kane, a expliqué que c'est Awa Dieng qui a utilisé son client parce qu'elle avait l'intention d'avorter. Au terme de sa plaidoirie, Me Djigo a sollicité une application bienveillante de la loi pénale contre lui. Finalement, les amants Awa Dieng et El Hadji Malick Kane ont été condamnés chacun à 8 mois de prison ferme.
Fatou D. DIONE