Le meurtrier de la femme de ménage Awa Cissé a permis aux femmes de la cité balnéaire de Kafountine, accompagnées des organisations féminines, Ong et autres femmes de la région, d’initier une marche silencieuse. Ces femmes réclament justice et protection de la part des autorités pour mettre fin à cette série de violences qui a débuté depuis le mois de février.
Toutes les femmes des villages de Albadah, Dianah, Kabadio, Baïla, Abéné en somme, du Grand Fogny, dans le département de Bignona, sont sorties pour manifester leur colère noire à travers une marche silencieuse pour dénoncer l’insécurité qui règne depuis plusieurs semaines, depuis février, dans la station balnéaire qui a coûté la vie de 14 femmes froidement assassinées. Toutes de blanc vêtues avec des foulards de couleur noire, elles sont venues de tous les coins pour dire basta. C’est l’association (Akvlf) renforcée par la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance (Pfpc) qui en est l’initiatrice suite à l’agression mortelle de Awa Cissé.
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«C’est la deuxième fois qu’on découvre que le meurtrier provient de Kédougou»
A la fin de la marche, sages-femmes, jeunes et autorités se sont retrouvés à la place publique pour manifester leur courroux. Insa Diatta, le chef du village déballe l’origine de deux agressions perpétrées. «C’est un drame qui interpelle et qui fait mal. Le meurtrier vient de Kédougou. C’est la deuxième fois qu’on découvre que le meurtrier provient de Kédougou. Le meurtrier de notre ami blanc, Daniel, après avoir été cueilli, l’enquête a révélé qu’il venait de cette région. Ça suffit, cela doit s’arrêter net», dénonce Insa Diatta. Touria Guèye, habitante de Abéné, animatrice dans une Ong, exige justice et demande aux femmes à dénoncer. «Tout doit s’arrêter et les dénonciations doivent commencer, fini la protection, sinon l’insécurité ira crescendo», lance la dame en sanglots.
«Aucun homme ne doit dormir les poings fermés tant que les femmes ont la peur au ventre»
Prenant la parole au nom des femmes de la Plateforme des femmes pour la paix en Casamance, Ndèye Marie Thiam Diédhiou a dénoncé ces pratiques et interpellé les hommes. «Vu la situation, aucun homme ne doit dormir les poings fermés tant que les femmes ont la peur au ventre. Dans notre tradition, il est clairement dit que la sécurité de femme incombe à l’homme. Malheureusement, ce que l’on constate, ce sont les hommes qui ôtent la vie de la femme. C’est pourquoi je les invite à protéger les femmes. Nous saluons les dispositions prises par le maire pour renforcer la sécurité ainsi que la gendarmerie», lance-t-elle.
«Nous renverrons de Kafountine tout étranger n’ayant pas de carte de séjour»
Interpellé par les femmes, le maire déclare : «j’ai mal et j’ai honte en tant qu’homme. Je vous assure que nous prendrons toutes nos responsabilités pour mettre fin à cette situation. Nous n’excluons aucune solution pour éradiquer ce fléau car Kafountine est un melting pot grâce au tourisme. L’année passée, ma mère a été agressée alors qu’elle travaillait dans les rizières. Heureusement, elle a été secourue et sauvée. Depuis lors, aucune femme n’ose aller dans les rizières et pis, toutes ces personnes interpellées ne parlent pas wolof. C’est pourquoi, nous avons pris toutes nos responsabilités. Bien que Kafountine soit une zone d’hospitalité et qu’on soit dans la Cedeao, nous allons renvoyer toute personne étrangère n’ayant pas de carte de séjour, n’ayant pas de document administratif. La décision est prise. Nous sommes formels. Je vous trouverai une audience auprès du ministre de l’Intérieur pour lui présenter vos doléances. Le présumé meurtrier de Awa Cissé est entré à Kafountine par la voie maritime. Ce qui est inadmissible. Il faut renforcer le travail d’identification pour les pêcheurs qui comptent accoster à Kafountine. S’il n’en a pas, que la pirogue soit renvoyée illico presto. Il faut dénoncer toute personne suspectée à la gendarmerie ou auprès du délégué de quartier», conseille le maire.
Baye Modou SARR