MARCHÉ RELATIF AUX TRAVAUX D’AMENAGEMENT ET DE BITUMAGE DES KALOUNAYES Ecotra s’étonne de l’attitude de la Bad et demande à l’Etat de faire respecter la décision de la Cour suprême



 
Pour le désenclavement des régionssud, l’Etat a initié des projets, dont celui de la boucle des Kalounayes et des voiries, financé par laBanque africaine de développement (Bad). Le financement est en réalité un prêt. Cela devrait-il permettre à la Bad de dicter sa loi, même si elle a son mot à dire ? Qu’en est-il alors de la souveraineté de l’Etat ? Au moment où l’affaire est en contentieux, la société adjudicataire est en train d’exécuter le marché avec l’aval de l’Ageroute. Qu’est-ce qui se passe derrière ce projet des Kalounayes ? Pourquoi la Banque africaine de développement veut s’entêter à confier le dossier à des Chinois, ce, malgré la décision de la Cour suprême ?A Ecotra SA, on estime qu’il y a anguille sous roche et que l’Etat court des risques.
 
Dans les Kalounayes, la société chinoise China Railway Saventh Group (CRSG) est en train d’exécuter le marché. Les travaux primaires sont en train d’être faits. Suffisant pour susciter la colère dans le camp d’Abdoulaye Sylla, qui s’étonne que l’Ageroute ait permis que les Chinois, au lieu de sursoir à l’exécution du marché en attendant que la procédure judiciaire se termine, poursuivent tranquillement les travaux. Au niveau de Ecotra, on est sûr qu’il y a des non-dits dans cette affaire. Selon des conseils de la Société Ecotra, l’Etat du Sénégal court un risque et fait courir le risque à des jeunes qui sont engagés comme journaliers par la CRSG. Car, ladite société n’a pas de filiale à Dakar. Elle n’est représentée que par un groupe infime de personnes qui, si demain il y a des problèmes, peuvent prendre le vol et laisser les travailleurs dans le désarroi. Ainsi, il reviendra à l’Etat de trouver une autre société pour poursuivre les travaux. «On a vu ça avec l’aéroport Aibd qui a été confié à des Allemands qui ont disparu quand le Président a revu les conditions du marché, et c’est après que les Turcs sont venus», laisse entendre cet avocat qui soupçonne un deal dans cette affaire.
Etonnée de l’évolution de la situation, la robe noire de poursuivre : «c’est à l’Etat du Sénégal de décider. Parce que si la Cour suprême rend une décision et qu’une société étrangère passe outre, sur la base d’injonction de la Banque africaine de développement, cela veut dire qu’on n'est plus souverain. On peut ne pas être économiquement souverain, mais sur le plan administratif et politique, tout de même, on doit être souverain. La Bad, c’est un simple bailleur de fonds, ce n’est pas à elle de dicter sa loi aux Etats. Qu’est-ce que l’Etat a à craindre de la Bad ? Si demain le marché est mal exécuté, qui va subir la conséquence ? C’est le Sénégal. On devait du reste nous éclairer sur le financement. Car si c’est un prêt, on ne doit pas accepter qu’on nous prête et qu’ensuite on nous dise à qui on doit confier le marché», peste ce conseil de Abdoulaye Sylla. Il poursuit : «on doit privilégier les sociétés nationales si on veut se développer. J’ai remarqué que chaque fois qu’il y a appel d’offres international, généralement, on attribue le marché à une société étrangère qui parfois n’a même pas de filiale. Et les conséquences sont désastreuses. Car, parfois, il n’est pas possible de faire un recours, parce que la société n’existe pas réellement».
Alassane DRAME
LES ECHOS

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