MARCHE DES MILITAIRES REVENUS DE LA 1ERE GUERRE DU GOLFE: Les anciens Jambaars battent le macadam et annoncent une plainte contre l’Etat pour détournement d’indemnisation



 
 
Les militaires sénégalais, qui ont pris part à la guerre du Golfe en 1990, n’en peuvent plus d’attendre d’entrer dans leurs dus, de la part de la l’Etat du Sénégal. Hier, les anciens militaires, leurs parents, les veuves et orphelins de leurs frères d’arme tombés sous les balles de l’ennemi, ou emportés par le crash de leur avion, ont manifesté à Dakar pour exiger le paiement de leurs indemnisations. Devant l’entêtement des autorités, ces anciens, qui ont déjà commis des avocats pour défendre leurs intérêts, menacent de poursuivre l’Etat du Sénégal, si rien n’est fait d’ici la semaine prochaine.  
 
 
Ce sont des anciens militaires fatigués, très fatigués pour certains qui se déplacent avec une canne, qui ont battu, hier, le macadam, sur le boulevard du Général de Gaulle, pendant presque deux tours d’horloge, pour manifester leur colère. Une situation de désarroi de ces anciens soldats de l’armée sénégalaise, qui s’est illustrée à la 25eminute de marche, quand le contingent a marqué une pause pour permettre de souffler ces hommes, jadis très forts, mais devenus faibles à cause du poids de l’âge et aussi sans doute par la précarité de leur situation. «27 ans de dilatoire», «27 ans de misère», «27 ans d’injustice» pouvait-on lire sur les multiples pancartes exhibées par ces Jambaars, qui s’indignent de continuer à courir derrière leurs indemnisations, «après avoir dignement servi sous les drapeaux». Une injustice qu’ils ont fustigée tout au long de leur manifestation, interpelant l’Arabie Saoudite et le Koweït. 
A 17 heures 30 minutes, les marcheurs avaient fini par atteindre leur point de chute : la place Doudou Ndiaye Coumba Rose,  sise devant le siège de la télévision nationale. Sur place, le facilitateur dans les négociations entre les anciens militaires et l’Etat du Sénégal, Mame Makhtar Guèye, a d’abord pris la parole. Devant les journalistes, le vice-président de l’Ong Jamra a fait la genèse de l’affaire. «[…]Lorsque l’Arabie Saoudite, après l’agression du Koweït par l’Irak, avait lancé un Sos adressé à la Oummah islamique mondiale, notre pays a été le premier pays de l’Afrique noire à avoir répondu présent à l’appel du Royaume saoudien, en envoyant 495 hommes pour protéger le territoire saoudien. La mission a duré six mois, de septembre 1990 à mars 1991. Malheureusement, au terme de leur mission, alors que nos vaillants Jambaars revenaient du Oumrah, leur avion a connu un crash terrible, le 21 mars 1991. Il y a eu 91 morts sur le coup et les deux soldats qui ont été gravement brulés ont rendu l’âme lors de leur transfert à l’hôpital. Ce qui porte le nombre de victimes sénégalaises à 93», a déclaré Mame Makhtar Guèye.  
 
 
 
«500 milliards de F Cfa pour dédommager les contingents qui avaient subi des pertes en vies humaines»
 
 
Mais, malheureusement, se désole-t-il, au retour de leur mission, les 402 survivants, accompagnés des 93 veuves et de leurs orphelins, ont remué ciel et terre pour rentrer en possession de leurs indemnités de guerre. En effet, assure le leader de Jamra, il y a effectivement eu des indemnisations. «A la fin de la guerre, l’Onu avait exigé de Saddam Hussein de réparer les dommages causés, par la vente de son pétrole… Au terme de la collecte de l’argent tiré de la vente du pétrole, 500 milliards de F Cfa. Et cet argent a servi, en partie, à dédommager les contingents qui avaient subi des pertes en vies humaines et le Sénégal en fait partie», a-t-il déclaré, assurant que l’argent est venu, mais, malheureusement, contrairement aux autres, le contingent sénégalais n’a pas reçu un seul franc de cet argent.  
Ainsi face a cette situation, les 402 survivants de la guerre du Golfe et les veuves et orphelins des 93 soldats tombés sur le champ d’honneur ont donné le feu vert à leur avocat pour le dépôt d’une plainte contre l’Etat du Sénégal, dès la semaine prochaine, pour détournement d’indemnisations des militaires sénégalais de la guerre du Golfe. 
 
 
 
 
Sidy Djimby NDAO                          

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