La section Diaspora Europe de la République des Valeurs a tenu un rassemblement devant les sièges de la CESCE et de AEE Power EPC à Madrid pour dénoncer l’absence de transparence entourant l’avance de 56 millions d’euros destinée à électrifier 1600 villages au Sénégal. Elle interpelle les autorités sénégalaises, exige des comptes et alerte les partenaires techniques et financiers sur ce qu’elle qualifie de «nébuleuse» autour du projet confié à l’Aser.
Le silence entourant les 37 milliards de F Cfa destinés à l’électrification rurale au Sénégal continue de nourrir les interrogations, au point de provoquer un mouvement de colère inédit au sein de la diaspora. En Espagne, la section Europe de la République des Valeurs a décidé de sortir de sa réserve et de porter l’affaire sur la place publique, dénonçant ce qu’elle considère comme une opacité dangereuse autour d’un financement crucial impliquant l’Agence sénégalaise d’électrification rurale (Aser), la société AEE Power EPC et l’agence publique espagnole de crédit à l’export, la CESCE.
Tout est parti d’une mission gouvernementale sénégalaise dépêchée récemment à Madrid pour tenter de régler un blocage majeur : la suspension par la CESCE des décaissements liés au projet d’électrification de 1600 villages. Cette suspension a mis un coup d’arrêt brutal à l’ambition affichée de réduire la fracture énergétique dans les zones rurales, une promesse brandie à plusieurs reprises par les autorités. Mais à Madrid, la délégation sénégalaise n’a finalement pas été reçue. Un camouflet diplomatique qui révèle l’ampleur d’une crise longtemps camouflée.
Selon la section Diaspora Europe de la République des Valeurs, dirigée par des militants déterminés à faire triompher la transparence, ce refus de rendez-vous n’a rien d’anodin. L’agence espagnole exige au préalable un élément indispensable : la justification de l’utilisation de l’avance de 56 millions d’euros déjà décaissée au profit de la société AEE Power EPC, chargée du projet. Une avance représentant l’équivalent de 37 milliards de F Cfa, censée permettre la mise en œuvre des premières étapes du programme. Or, et c’est là le cœur du scandale dénoncé, aucune preuve concrète n’aurait été fournie par la partie sénégalaise concernant l’utilisation réelle de ces fonds.
La République des Valeurs Diaspora Europe, qui suit ce dossier depuis plusieurs mois, s’est montrée catégorique : il manque des éléments essentiels pour garantir la poursuite du financement. Elle note que les autorités compétentes au Sénégal semblent incapables de produire «des éléments probants sur l’affectation réelle des fonds». Une accusation grave, dont l’écho résonne bien au-delà de la diaspora. Car le projet, tel qu’il était présenté, devait permettre d’électrifier près de la moitié des villages ciblés dès la première moitié des 36 mois prévus. Dix-huit mois après le versement de l’avance, environ 600 villages auraient dû bénéficier d’une électrification effective. Mais sur le terrain, affirme la diaspora, il est difficile de trouver trace de ces réalisations. « Où sont-ils ? Quels sont-ils ? Pourquoi aucune liste claire, vérifiable et opposable n’est-elle rendue publique ? », interroge le communiqué qui a mis le feu aux poudres.
La République des Valeurs Diaspora Europe, dans son communiqué final, réaffirme son engagement à défendre « les droits des 1600 villages toujours plongés dans le noir, alors que 37 milliards de F Cfa demeurent dans les ténèbres de l’opacité ». Une formule qui frappe par sa puissance symbolique et par la portée politique qu’elle confère à cette affaire. Car au-delà des chiffres, ce qui se joue ici touche à la confiance que les Sénégalais peuvent accorder à leurs institutions. Le risque est immense : perdre des financements, compromettre des projets essentiels et détériorer durablement la réputation du pays.
Sidy Djimby NDAO
(Correspondant permanent en France)