MANIFESTATION DU 17 JUIN DERNIER: 34 personnes interpellées à Ziguinchor dont Guy Marius Sagna ; Me Amadou Diallo dénonce les actes de torture



 
 
On est loin de la catastrophe de mars dernier, mais il n’en est pas moins vrai que la situation du 17 juin dernier reste catastrophique, du fait des morts enregistrés. Et comme si cela ne suffisait pas, parmi les personnes arrêtées, la plus grande partie a subi des actes de torture. Du moins, à Ziguinchor, si l’on en croit Me Amadou Diallo, président d’Amnesty International section Sénégal. Trente-deux personnes ont été interpellées et gardées à vue, en plus de Guy Marius Sagna et un autre militant de Pastef.
 
 
Scandaleux, ce qui s’est passé lors des évènements du 17 juin dernier. L’on parle de trois morts enregistrés à Dakar et à Ziguinchor, ainsi que des personnes blessées. Mais, comme si cela ne suffisait pas, la police en a rajouté. En effet, selon Me Amadou Diallo, représentant d’Amnesty International section Sénégal, des personnes arrêtées à Ziguinchor qu’il a retrouvées à la Brigade et au commissariat central, ont été trouvées présentant des blessures. Il s’agit de blessures ouvertes ou de commotions ; les habits tachetés de sang. Selon ces dernières qu’il a interrogées, ils ont fait l’objet d’actes de torture atroces, pas au niveau du commissariat, mais en cours de route, dans les véhicules des forces de l’ordre. Bon nombre d’entre eux, notamment un enseignant, ont demandé à être consultés par un médecin, mais leur demande a été rejetée.
Seul Adama Niang, sérieusement blessé, a bénéficié de soins, avant qu’il n’achète lui-même ses médicaments. «Une situation extrêmement grave», selon le droit de l’hommiste. Au total, 34 personnes sont actuellement au violon (20 au Commissariat central et 14 à la brigade), dont Guy Marius Sagna et un militant du Pastef. Ces deux derniers ont été arrêtés le lendemain de la manifestation, alors qu’ils étaient venus au Commissariat central pour s’enquérir des nouvelles des personnes arrêtées et leur apporter à manger. Ils ont été sur le coup mis aux arrêts et placés en garde-à-vue.
Me Amadou Diallo a déploré également leurs conditions de détention. «Il y a des plus jeunes, 18 ans, 22 ans, un étudiant en 5ème année de médecine, etc., tous mis ensemble et cela est inadmissible, contraire à la convention relative aux droits de l’enfant. Je l’ai signalé, mais on m’a dit qu’ils n’ont pas de locaux prévus à cet effet ; ce qui est très grave», martèle le président d’Amnesty international. Mais, ce n’est pas tout, en sa qualité d’avocat, il a constaté que l’essentiel des personnes interpellées ont été entendues hors la présence d’un avocat et cela ne leur a pas été notifié. Une violation donc de l’article 5 du règlement 5 de l’Uemoa.
Quid maintenant de la responsabilité de ces personnes dans ces manifestations ? Un seul individu a reconnu avoir participé à la manifestation, tout le reste a juré n’avoir rien à voir avec les manifestants. Ils ont été pris devant leurs domiciles ou leurs lieux de travail. Ils sont poursuivis pour participation à une manifestation non autorisée et trouble à l’ordre public.
S’agissant du jeune Goudiaby qui a été tué à Ziguinchor, le défenseur des droits humains avertit:«il ne faudrait pas que le Procureur se précipite pour délivrer le permis d’inhumer. Il faudrait procéder à l’autopsie pour élucider les circonstances du décès. C’est un élément fondamental de l’enquête». Pour ce qui est de la troisième personne qui serait décédée, la robe noire dit ne pas pouvoir le confirmer. «Je n’ai pu rencontrer que la famille du jeune Goudiaby», dit-il.
A Dakar, plusieurs personnes ont aussi été interpellées et placées en garde-à-vue dont trois responsables politiques Mame Diarra Fam, Ahmed Aïdara et Déthié Fall.
Alassane DRAME
 
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