La presse sénégalaise est devenue le parent pauvre dans son propre pays. A chaque manifestation, elle a son lot de malheurs qu’on a pris l’habitude de dénoncer maintenant sans que cela n’émeuve vraiment. Hier encore, des jeunes reporters sur le terrain pour couvrir la manifestation ont été victimes de violences policières sans aucune justification.
C’est à se demander si les forces de l’ordre savent que la presse qu’elles rencontrent sur le terrain des manifestations fait son travail comme elles. Le temps où les journalistes subissaient engueulades et autres insultes semble bien lointain. Maintenant, on a droit à des agressions physiques filmées en direct. Les nombreuses formations subies pour faciliter la cohabitation avec les forces de l’ordre sur le terrain des manifestations n’y font rien. Le gilet floqué en grand caractère «Presse», le matériel et même la carte nationale de presse ne les arrêtent pas ; au contraire tout ce bagage semble exposer davantage les journalistes aux attaques des forces de l’ordre.
Absa Hann brutalisée et arrêtée, Isabelle Bampoky touchée par une grenade lacrymogène
Hier, beaucoup de jeunes reporters ont été pris pour cibles. Absa Hann de Seneweb a subi une agression d’un policier sous les yeux des confrères qui ont voulu s’interposer, en vain, avant d’être arrêtée et conduite à une destination inconnue. Elle a piqué une crise, nous communique un de ses proches, avant d’être évacuée aux urgences de l’hôpital Principal où elle a subi des soins.
Alors qu’on n’avait pas encore fini de s’inquiéter de l’état de Absa, une autre consœur était elle aussi évacuée au poste de santé de Colobane. Isabelle Bampoky de la Dtv a été en effet touchée par une grenade lacrymogène. Le reporter du site Sénégal7 a eu plus de chance que sa consœur, pourtant ses images montrent un policier qui l’a bien visée avant de lui tirer une grenade lacrymogène, alors qu’elle faisait son travail. Heureusement, il y a plus de peur que de mal, la journaliste a esquivé le tir. Une autre scène de violence contre la presse a été aussi filmée dans l’une des ruelles de Colobane.
Un policier arrache violemment le micro de Leral Tv, avant de sectionner le fil
Plus grave, un journaliste de Leral Tv s’est fait arracher violemment son micro des mains par un policier qui a sectionné ensuite le fil. Pendant ce temps, la presse internationale est encadrée et protégée comme si leurs vies valaient plus que celles des nationaux.
Ndèye Khady D. FALL