MAIMOUNA DIEYE, MINISTRE DE LA FAMILLE SUR LES CINQ MILLIARDS ALLOUÉS AUX VICTIMES DES ÉVÉNEMENTS DE 2024-2025 : «Etant maman des Sénégalais, je ne peux pas les abandonner et j’attends avec impatience la Cour des comptes»




 
 
 
Face aux parlementaires, hier à l’Assemblée nationale, lors de l’examen du projet de budget du ministère de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités, Mme le ministre Maïmouna Dièye a apporté des clarifications sur la suspension des bourses familiales. Elle est revenue sur la polémique née des cinq milliards alloués aux ex détenus et aux familles des victimes des violences politiques de 2021-2024.  
 
Prenant la parole pour répondre aux questions des députés, à l’occasion de l’examen du projet de budget de son ministère, la ministre de la Famille, de l’Action sociale et des Solidarités a donné des éclaircissements sur l’assistance qu’elle a apportée aux ex détenus et victimes des émeutes politiques de 2021-2024. Elle se défend en donnant ses arguments. « Cette question est largement revenue. Sincèrement, je ne pensais pas que cette question allait être posée. Tout le monde sait que ces ex détenus sont bel et bien des Sénégalais. Donc ils ont le droit de se voir accompagner par l’Etat s’ils remplissent les conditions. En tant que ministre des Solidarités, nous avons le devoir d’accompagner des Sénégalais en situation. On ne va pas laisser voire abandonner ces Sénégalais qui sont dans le besoin et qui doivent être accompagnés. En tant que maman des Sénégalais, je ne vais pas les abandonner », précise la ministre.
A l’en croire, ce sont des victimes qui sont gravement malades ou qui ont des blessures trop graves qui les ont poussés à agir le plus rapidement possible, avant que l’irréparable ne se produise. « Celui qui n’a pas de compassion pour un compatriote qui est entre la vie et la mort, ou qui a une balle dans son corps, ou qui a perdu un œil ou est amputé, c’est parce que celui qui dénonce cette action de solidarité n’a pas un parent qui en fait partie ». En réponse aux parlementaires qui ont beaucoup évoqué les corps de contrôle, elle se dit pressée de les accueillir, car elle est sûre d’elle. « J’attends avec impatience les enquêteurs de la Cour des comptes. En tout cas, nous avons accompli notre devoir en tant qu’Etat qui ne doit pas faire de distinction entre ses citoyens par souci d’équité », conforte la ministre qui se dit ouverte à toute clarification sur ce domaine. Elle revient sur le point des cinq milliards qui ont longtemps fait les choux gras de la presse. « Le premier décaissement des cinq milliards a été effectué en février 2024. C’est en décembre qu’on a commencé à donner le montant d’assistance aux ex-détenus dont certains ont été envoyés à l’étranger car leur cas était critique. Certains ont reçu 500 mille et il reste ceux qui doivent recevoir 10 millions, montant que nous avons jugé insuffisant, car on a vu les conditions difficiles de vie de ces familles. L’assistance que nous faisons est légitime. Le Sénégal est malade », explique-t-elle.
Sur un autre registre, la ministre est revenue sur la suspension des bourses de sécurité largement débattue. Selon Maïmouna Dièye, la bourse a été désorientée et mal gérée. « Pendant 10 ans, nous avons constaté que ce sont les mêmes personnes qui bénéficiaient des bourses et il y a des ayants droit qui en bénéficient », annonce-t-elle. En plus, dénonce-t-elle, « ce fonds a été utilisé à des fins politiques. C’est l’audit que nous avons initié qui a révélé ces incohérences. C’est pourquoi nous l’avons bloqué », précise l’ancienne maire de la commune des Patte d’Oie, qui ajoute dans la mauvaise gestion : « il y a des familles qui reçoivent plusieurs fois parce que des membres se sont inscrits alors que la loi précise une famille, une bourse », révèle la ministre.
Cependant, elle rassure les députés sur le retour de la dotation de ce fonds aux couches vulnérables déjà recensées dans le nouveau Rnu. « Après diagnostic, nous avons prévu 50 milliards dans le budget 2026 dans le social. Maintenant, reste à savoir si le montant donné sera reconduit ou pas, en tout cas, le nouveau Registre national unique (Rnu) sera prêt. Après, nous reprendrons l’octroi des bourses », renseigne la ministre de la Famille qui note : « à mon avis, accompagner une personne durant 10 ans, cette dernière doit pouvoir voler de ses propres ailes. Ou encore l’accompagner autrement avec des projets », explique-t-elle.
S’agissant de la lancinante question des écoles coraniques appelées Daaras, la ministre de la Famille fait des annonces. « La nouvelle carte des Daaras sera bientôt délivrée. Des assises sur les conditions de vie des Daaras seront bientôt tenues. 25.000 ndongos Daaras sont en cours d’enrôlement à Touba, 3596 déjà enrôlés à Diourbel de manière effective. Il y a 4400 ndongos Daaras enrôlés dans les régions dans le cadre du programme Cmu Daaras », renseigne la ministre de la Famille qui se préoccupe de la protection des enfants, surtout ceux qui sont dans la rue et les enfants talibés. Elle ajoute : « nous avons pu récupérer une centaine de ndongos Daaras dans la rue que nous avons rendus aux parents. D’où la tenue urgente des assises ». « La loi sur les pupilles de la nation doit être révisée et le président de la République va bientôt décider, car il y a d’autres couches qui doivent être intégrées ; c’est-à-dire les victimes des violences de 2021-2024. Le projet de loi sera déposé en 2026 sur la table du secrétaire général du gouvernement », note-t-elle.
 
 
Baye Modou SARR
 
 
 
 
LES ECHOS

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