Leur parti accusé d'avoir fait échouer la saisine du Conseil Constitutionnel: les libéraux fusillent Noo Lank qui implose




 
Le Pds n’est en rien responsable de l’échec de l’initiative du député Cheikh Abdou Bara Dolly Mbacké de saisir le Conseil constitutionnel, contre la nouvelle loi sur l’état d’urgence et le couvre-feu. C’est la précision faite par des responsables libéraux, dont le député Toussaint Manga et le président des cadres du parti, Lamine Ba. Pour le jeune député, son collègue a été «malhonnête» en indexant leur parti, alors que même les députés de son propre parti, Bokk Gis-Gis, ont eux aussi refusé de signer son projet, parce qu’il est en «rupture de confiance» et «en déphasage» avec le groupe parlementaire dont «il ne respecte pas les directives». Pour Lamine Bâ, quoi qu’il en soit, «personne ne peut dicter au Pds ce qu’il doit faire» et que leur parti «n’a de leçon à recevoir de personne, ni des partis politiques, ni de l’opposition, encore moins de la société civile».
 
La sortie de la plate-forme d’associations de la société civile, Noo Lank, reprochant au Pds d’avoir fait capoter le projet de saisine du Conseil constitutionnel contre la nouvelle loi sur l’état d’urgence et le couvre-feu irritent les responsables libéraux. Considérant que les auteurs de la déclaration outrepassent leurs prérogatives, ils n’ont pas mis de gants pour le leur faire comprendre. «Cette déclaration n’engage que ses auteurs. Les rapports entre le Pds et la société civile doivent être des rapports de respect mutuel. Nous les considérons comme des Sénégalais réunis dans des cadres pour défendre des intérêts du pays. S’ils nous appellent sur des questions d’intérêt national, nous sommes prêts à les accompagner. Je vous rappelle que ce sont eux-mêmes qui étaient venus à l’époque voir le Sg Me Abdoulaye Wade, qui avait accepté de les accompagner…», souligne d’emblée Lamine Bâ.
 
«Le Pds n’a de leçon à recevoir ni des partis politiques, ni de l’opposition, encore moins de la société civile»
 
Remontant les bretelles aux activistes, le patron des cadres libéraux de marteler que non seulement «ce n’est pas à la société civile de dire au Pds ce qu’il doit faire et quelle attitude il doit avoir», mais que non plus «le Pds n’a de leçon à recevoir de personne, ni des partis politiques, ni de l’opposition, encore moins de la société civile». Poursuivant, Lamine Bâ d’ajouter : «c’est irresponsable de nous attaquer sur cette question». Et c’est d’autant plus inacceptable, pour lui, que «le Pds a toujours engagé des combats, quand il s’est agi de défendre les intérêts du pays et des populations, qu’il soit suivi par d’autres forces ou pas». Revenant sur la question de la saisine avortée des sages du Conseil constitutionnel, le leader des cadres libéraux soutient que ce n’est pas une affaire de parti, mais «c’est une initiative personnelle d’un député qui appartient au groupe parlementaire, dirigé par le Pds, certes, mais où les membres ont leur autonomie d’appréciation et de prise de position». Dès lors, dit-il, «c’est à celui qui porte l’initiative de convaincre ses collègues députés du groupe de la pertinence de son action». Et s’il n’y parvient pas, «il n’a qu’à s’en prendre à lui-même», au lieu de vouloir faire du Pds son «bouc-émissaire».
 
Toussaint Manga : «on a accusé le Pds injustement. Cheikh Abdou a été malhonnête de dire que le Pds a refusé de signer»
 
Pour le député libéral Toussaint Manga, si les gens pointent du doigt le Pds, c’est sans doute parce qu’ils n’ont pas tous les éléments d’appréciation de cette affaire, du fait des manœuvres de l’initiateur du projet de saisine qui a injustement rejeté son échec sur le dos de leur parti. «Nous n’avons absolument rien fait échouer. On a accusé le Pds injustement. Cheikh Abdou a été malhonnête de dire que le Pds a refusé de signer. Il est de Bokk Gis-Gis, alors qu’aucun membre de Bokk Gis-Gis n’a signé son papier», affirme-t-il. Et de fustiger la démarche cavalière du député, qui a été en réalité à la base du rejet de son initiative par le groupe qu’il a mis devant le fait accompli. «Nous sommes dans un groupe parlementaire. Toute initiative doit être portée à la connaissance du groupe et lui laisser le temps d’en voir les tenants et les aboutissants, pour ensuite pouvoir l’adopter et déposer un projet si nécessaire. Ce que le groupe ne peut pas accepter, c’est que Cheikh Abdou prenne une initiative sans en parler aux membres. Et surtout qu’il aille voir à l’extérieur des gens qui lui donnent des idées et des directives, pour revenir ensuite soumettre au groupe un document juste à signer», dénonce Toussaint Manga.
 
«Cheikh Abdou est en rupture de confiance et en déphasage avec le groupe, parce qu’il n’a jamais respecté ses directives»
 
Pire encore, le responsable libéral de noter que leur collègue de Bokk Gis-Gis est «en rupture de confiance avec le groupe (parlementaire), parce qu’il n’a jamais respecté ses directives». Il en veut pour preuve le fait que «contre la volonté du groupe, il est allé au palais en son nom propre». Réitérant que «Cheikh Abdou est en déphasage avec le groupe sur beaucoup de questions», Toussaint Manga note que c’est dès lors évident que ce dernier «ne peut pas embarquer le groupe, et encore moins le Pds, qui est un parti organisé, dans une initiative personnelle qui lui a été dictée par des gens extérieurs au groupe». Surtout que, pour le jeune député, «dans le groupe, il y a des personnes et personnalités plus expérimentées et plus outillées» que Cheikh Abdou, à l’image de son leader Pape Diop, Mamadou Diop Decroix, Mamadou Lamine Diallo, Moustapha Guirassy… «pour prendre en charge l’initiative et le mener à bout».
Pour Toussaint Manga, Cheikh Abdou Bara Dolly Mbacké, qui a vite fait d’indexer le Pds, fait juste du tape-à-l’œil. «S’il cherche du buzz, en amenant un papier à faire juste signer au groupe, on ne va pas l’accepter».
Mbaye THANDOUM
 
 
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