Le choix de la Cena comme pilote du comité risque de créer encore des blocages



 
 
Le boycott d’une partie de l’opposition ne freinera pas Aly Ngouille Ndiaye dans son élan de rassembler les acteurs politiques pour des concertations sur le fichier électoral. Son dernier appel au dialogue a porté ses fruits, hier, avec la création d’un Comité de suivi des recommandations issues de l’audit du fichier électoral. Même si l’opposition dite significative a encore brillé par son absence, une partie de cette opposition, le pôle de la majorité et les non alignés ont répondu à l’appel du ministre de l’Intérieur.
 
 
Le pôle de l’opposition avait réussi à imposer sa volonté, lors de l’audit du fichier électoral avec la récusation de la Commission électorale nationale autonome comme devant présider des travaux, mais arrivera-t-il cette fois-ci à faire changer d’avis Aly Ngouille Ndiaye ? En effet, le secrétaire général du ministère de l’Intérieur, qui présidait la séance de mise en place du Comité de suivi des recommandations issues de l’audit du fichier électoral, a annoncé la Cena comme pilote dudit comité. Mais, pour Déthié Diouf, le représentant du pôle de l’opposition, il faudrait au préalable donner à la Cena toutes ses prérogatives qui lui permettent d’être véritablement autonome.
Pour Cheikhou Cissé, les conclusions issues de l’audit du fichier électoral sont crédibles et fiables, vu les moyens et l’expertise employés dans ce sens. «C’est la raison pour laquelle nous estimons que la concertation demeure privilégiée. C’est dans cette perspective qu’un Comité de suivi des recommandations issues de l’audit du fichier électoral a été proposé. Ce cadre se veut un espace de dialogue, mais aussi de propositions en vue d’une supervision optimale de l’application des conclusions des experts», a-t-il déclaré, avant de proposer que le Comité soit conduit par le Cena.
 
Déthié Diouf : «nous allons peser sur la balance, comme nous l’avions fait quand on doutait de la Cena»
 
Pour le représentant du pôle de l’opposition, Il y a certes des points de divergence, notamment sur le parrainage, mais il faut dialoguer pour dépasser ces divergences.  «Nous n’avons jamais été d’accord sur le parrainage, mais nous sommes dans un pays où il faut dialoguer», a affirmé Déthié Diouf, avant d’enchainer : «nous avions certes récusé la Cena pour la conduite des travaux pour l’audit du fichier électoral et nous avions obtenu gain de cause, avec la nomination de Seydou Nourou Ba. Mais, pour ce comité, nous estimons aussi que la Cena est une institution qui mérite d’être améliorée. Nous allons peser sur la balance, comme nous l’avions fait quand on doutait de ses capacités. Même quand il ne présidait plus l’audit, nous avions continué à travailler avec elle. Il y a beaucoup de questions qui découlent de responsabilités institutionnelles, donc on ne peut pas les démettre, ni continuer à douter d’eux», assure le président du parti Visa.
 
 
Ousmane Badiane : «on ne reste pas dans son coin et espérer changer le système»
 
Le représentant du pôle de la majorité, lui, estime que le dialogue est la meilleure façon de dépasser les divergences.  «Les élections supposent une démarche participative et inclusive, ce comité a donc pour objectif de regrouper tous les acteurs, ce qui permettrait à chacun d’avoir un droit de regard sur les choses. C’est normal que les acteurs ne se fassent pas confiance, parce qu’étant des concurrents, mais ils doivent faire confiance au système. Même si les acteurs qui avaient participé à l’audit sont là, nous ne pouvons que regretter ceux qui sont absents», soutient Ousmane Badiane.
A l’en croire, on ne peut pas se mettre dans son coin et espérer changer le système. On peut avoir des positions différentes sur les modalités, mais il faut obligatoirement avoir un cadre d’échange.
Ndèye Khady D. FALL
 

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