La présidentielle déjà pliée ou un second tour inévitable?: c'est toujours la grande incertitude



 
Le juge Kandji se veut clair. Personne n’a le droit de proclamer des résultats, à part la Commission nationale et le Conseil constitutionnel. Demba Kandji s’exprimait à l’occasion d’une conférence de presse au Tribunal de Dakar, après que les camps de l’opposition et du pouvoir ont fini de se donner des résultats, alors que le décompte des voix est toujours en cours.
 
 
 
La Commission électorale nationale autonome tape du poing sur la table après que le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne et les autres candidats de l’opposition ont proclamé des résultats contradictoires. Pour Demba Kandji, qui faisait face à la presse, il n’appartient à personne, soit-il le Premier ministre du Sénégal, de donner des résultats. Pour Demba Kandji en effet, contrairement ce qui est dit ça et là depuis la fin du scrutin, il n’y a qu’une seule instance habilitée à prononcer des résultats. «Nous sommes dans le processus en tant que Commission nationale de recensement des votes, chargée à titre provisoire de rassembler les votes et de proclamer provisoirement les résultats». Comme pour dire que ce n’est pas une mince affaire, le juge de rappeler que le travail qui leur est confié se fait sur la base des comptes rendus qui leur sont remontés par les délégués de la Cour d’appel présents sur l’ensemble du territoire national. «Nous le faisons également sur la foi des procès-verbaux qui nous parviennent des 45 commissions départementales de recensement des votes. Lesquelles commissions départementales de recensement des votes travaillent sur les procès-verbaux des bureaux de vote et sur tout document pertinent annexé à ces procès-verbaux», assure-t-il. 
 
 
«La Commission nationale a seule le pouvoir de redresser ou d’annuler les chiffres»
 
 
Après ces éclaircissements, Demba Kandji embraye sur la méthode de recensement. «La Commission nationale de recensement des votes est composée de trois magistrats, deux représentants des candidats en lice à raison d’un titulaire et d’un suppléant, sous la supervision de la Cena. Les seuls documents sur lesquels nous pouvons avec pertinence travailler, doivent nous provenir des 45 départements que couvrent nos commissions départementales de recensement. Ce sont des PV qui sont à la disposition et de nos magistrats et des membres de la commission qui représentent les candidats en lice. Et c’est sur ces seuls documents que nous travaillons. La Commission nationale a seule le pouvoir de redresser, d’annuler les chiffres qui nous parviennent. Ils peuvent être redressés s’il y a de erreurs et peuvent faire l’objet d’annulation, s’il y a un motif qui le justifie. La commission départementale, contrairement à nous, ne peut faire que redresser des erreurs s’il y a lieu», précise-t-il.
 
 
 
Des Pv déjà disponibles
 
 
 
Demba Kandji de révéler que les PV de Saint-Louis, Gossas, Guédiawaye, Malem-Hodar, Mbirkilane, Bambey et Koungheul sont déjà disponibles entre leurs mains. «Et tout au long de la soirée, les commissions vont boucler leurs délibérations et vont nous rejoindre avec les procès-verbaux», souligne-t-il. 
Il a par ailleurs rappelé l’existence d’un consensus en ce qui concerne les deux camps. «Ils ont un droit de participer comme nous aux discussions pour trouver si le consensus est possible pour la solution. Maintenant, s’il n’est pas possible de s’accorder par le consensus, la loi donne le pouvoir aux trois magistrats que nous sommes de trancher et à charge pour les représentants des parties qui trouvent qu’il y a grief, d’annexer leurs observations au procès-verbal que nous remettons le vendredi au plus tard à minuit au Conseil constitutionnel», martèle-t-il. 
Aussi, Demba Kandji a demandé aux observateurs nationaux et internationaux qui sont accrédités auprès de la Commission de travailler avec eux. Parce que, traditionnellement, selon lui, ils n’ouvrent leurs portes à la presse qu’à la fin, au moment de la proclamation des résultats. Toujours, selon lui, ces organes sont des témoins et puisqu’ils font le travail dans la transparence et dans la rigueur qui sied, ils sont par leurs représentants les bienvenus autant que possible. 
 
 
 
«La proclamation des résultats interviendra le jeudi ou vendredi»
 
 
 
Interpellé sur la proclamation des résultats, le magistrat de dire fermement : «vendredi, jour de la proclamation des résultats, je pourrai répondre à toutes les questions que vous me poserez en ce qui les concerne. Mais aujourd’hui, je ne peux rien dire sur cela. La proclamation des résultats interviendra le jeudi ou vendredi et vous le saurez», rétorque-t-il. Mais, il a précisé que personne n’a le doit de proclamer les résultats, hormis les organes habilités à la faire. «Personne, personne, n’a le droit de proclamer des résultats à part la Commission nationale et définitivement le Conseil constitutionnel», lance-t-il. Soutenant qu’il ne déplore pas le comportement de Mahammed Boun Abdallah Dionne, Demba Kandji a formellement déclaré que ce dernier est dans son rôle, ainsi que lui. «Je ne condamne pas l’attitude du Premier ministre. Ils sont dans leur rôle, c’est des politiques. Et moi je suis dans le mien et je suis un juge chargé de compiler les résultats et de proclamer des résultats», clarifie-t-il.  
 
Fatou D. DIONE

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