La démocratie américaine mise à genoux hier: les pro-trump envahissent le capitole et arrêtent la certification de la victoire de Biden




 
L’Amérique a dormi hier le cœur meurtri. Et pour cause, le processus de validation de la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine au Congrès a été saboté par des manifestants pro-Trump qui se sont introduits dans le Capitole, siège du pouvoir législatif américain, contraignant la police à faire usage de son arme. Mais surtout portant un violent coup à ce qui est jusque-là appelé «la plus grande démocratie du monde». Un mort a été compté, il s’agit d’une dame qui a été atteinte par balle. Du jamais vu dans l’histoire des États-Unis.
 
 
La démocratie américaine a pris, hier, un sacré coup qui risque de changer définitivement la perception de «démocratie parfaite» que le monde entier a des États-Unis d’Amérique. En effet, alors que les membres du Congrès se réunissaient au Capitole pour officialiser la victoire de Joe Biden à la présidentielle américaine, des milliers de manifestants favorables au Président Donald Trump ont envahi la colline de ce symbole de la démocratie américaine à Washington. 
Très déterminés, ces manifestants pro-Trump ont fait irruption lors des débats de la Chambre des représentants, ont investi les terrasses du Capitole et provoqué l'évacuation des bâtiments du Congrès.  La séance extraordinaire qui était en cours au Congrès a dû être ainsi interrompue en urgence et les deux chambres, Sénat et Chambre des représentants, ont été placées en confinement.
Selon le New-York Times, les sénateurs ont dû être évacués du bâtiment, alors qu'un élu rapportait que du gaz lacrymogène avait été utilisé dans la rotonde du Capitole. Vers 15 heures (heure de Washington), la police a demandé aux parlementaires de porter des masques à gaz car elle envisageait d'évacuer certaines parties du bâtiment de cette manière.
Un quart d'heure plus tard, rapporte l'Afp, des policiers ont été contraints de dégainer leurs armes à l'intérieur du bâtiment afin de protéger les parlementaires. Selon la chaîne américaine Cnn, une personne a été gravement blessée par balle à l'intérieur du Capitole. La victime est une femme qui a reçu une balle dans l'épaule. Évacuée sur un brancard, elle succombera à ses blessures quelques heures après, comme confirmé par la presse américaine.
 
 
«Tentative de coup d'État»
 
 
La Maison Blanche a indiqué, vers 15h45 (heure de Washington) que des militaires de la Garde nationale allaient être envoyés à Washington à la demande du Président Donald Trump. Mais le mal était déjà fait et certains élus ont clairement parlé de «tentative de coup d'État» des partisans du président sortant. «Nous assistons à une tentative de coup d'État encouragée par le criminel de la Maison Blanche. C'est voué à l'échec», a tweeté le représentant démocrate William Pascrell, faisant ainsi référence à Donald Trump. De son côté, l'élue Diana DeGette aussi estime qu’il ne s'agit pas d'une manifestation. «C'est une tentative de coup d'État», a tweeté le membre du parti démocrate, dénonçant ce qu’elle qualifie d’«anarchie fomentée par notre propre président».
Devant cette situation insurrectionnelle, la maire de Washington, Muriel Bowser, a instauré un couvre-feu de 18h à 6h du matin dans la capitale des Etats-Unis.
Dans un tweet publié dans la soirée, Donald Trump a appelé ses partisans à éviter toute violence, sans pour autant condamner ces scènes autour du Capitole. «Soutenez la police du Capitole et les forces de l'ordre. Ils sont du côté de notre pays. Restez pacifiques !», a-t-il ensuite tweeté. Ce même Donald Trump qui dénonçait un peu plus tôt dans la journée, un manque de «courage» de son vice-président Mike Pence, alors que celui-ci a annoncé qu'il ne s'opposerait pas à la certification de la victoire de Joe Biden à la présidentielle.
Cette situation inédite est très suivie à travers le monde. À Londres, le Premier ministre britannique Boris Johnson a dénoncé des «scènes honteuses au Congrès américain». «Les États-Unis sont partisans de la démocratie dans le monde et il est désormais vital qu'il y ait un transfert de pouvoir pacifique et ordonné», a suggéré le résidant du 10 Downing Street.
En France, c’est l’ancien président François Hollande qui marque son indignation devant le coup de force dont la démocratie a fait objet à Washington. «Ces scènes de chaos après les mots irresponsables du président sortant sont une offense aux démocrates du monde entier. Soutien au peuple américain qui fera face à cette attaque indigne contre ses institutions», s’est désolé le 24ème président de la République française.
Sur internet, l’indignation devant la situation à Washington a atteint son summum. Avec les hashtags #Capitol, #Democratie…, les Américains mais également les internautes du monde entier ont déploré ce que beaucoup voient comme l’aboutissement de quatre années de lacérations consciencieusement infligées à la démocratie américaine par Donald Trump et ses inconditionnels.
 
Sidy Djimby NDAO
LES ECHOS

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