Quelques semaines après de violents affrontements avec les éléments de la gendarmerie, le collectif Ngor Debout a tenu une conférence de presse pour mettre les points sur les «i». D’abord, le collectif a tenu à faire la genèse du problème, ensuite l’état des discussions et enfin lancé un appel à la sérénité et à la paix. Par la voix de son président, Mamadou Ndiaye, le collectif demande à Macky Sall d’apporter une réponse diligente à cette affaire et de satisfaire les populations de Ngor longtemps «spoliées».
Le mouvement citoyen Ngor Debout ne démord pas et ne compte point se laisser faire dans le litige foncier qui les oppose à la gendarmerie. Mamadou Ndiaye de faire la genèse de ce litige, qui a enregistré de nombreux blessés et arrestations. «La gendarmerie avait requis un site auprès de la mairie de Ngor et, à l’époque, le centre culturel leur a été donné. Cependant, à cause des inondations dans le site, la gendarmerie a pris la décision de quitter Ngor. Le lendemain, les autorités administratives, coutumières et religieuses, en délégation conduite par le maire de Ngor, sont allées rencontrer le général Moussa Fall, pour lui faire part de la nécessité pour Ngor d’avoir une brigade face à la poussée du banditisme et de la délinquance juvénile. Ce dernier leur a assuré que ses hommes partent à Ouakam, certes, mais ils seront également présents avec des patrouilles régulières et, mieux, ils vont installer une brigade mobile au niveau du parking de Ngor, qui sera transformée sous peu en brigade provisoire sous forme de conteneurs, le temps de trouver un site adéquat pour la construction d’une brigade en bonne et due forme. Malheureusement, a-t-il fait constater, «le dimanche 16 avril, la gendarmerie investit le parking, en y déposant des camions de sable, du béton, du fer sans que les autorités administratives et coutumières soient informées. Le lundi 17 avril, à 23 heures passées, la gendarmerie revient décharger des tonnes de ciment»
Les autorités coutumières et le Jaraaf gazés et chassés des lieux
C’est dans ce sens que «le mardi 18 avril, le maire de Ngor et les autorités coutumières, le Jaraaf et l’imam sont allés au parking pour s’enquérir de la situation et demander le pourquoi du démarrage des travaux et quelle en est l’urgence. Et pour toute réponse, ils sont bousculés, réprimandés et finalement gazés par des tirs de grenades lacrymogènes», regrette Mamadou Ndiaye. Qui poursuit : «c’est ce sentiment de mépris et de discrimination à l’égard de la communauté ngoroise, mais aussi le fait de toucher à ce lieu symbolique, qui est l’entrée de Ngor, où la mairie a prévu d’installer un lycée, qui ont fini par exaspérer les populations et qui sont le lit de ces manifestations spontanées.»
Néanmoins, à en croire Ndiaye, «plusieurs rencontres ont été initiées avec le Premier ministre, le gouverneur de la région de Dakar…». Et de lancer un appel à l’endroit du chef de l’Etat « (…) Nous lui demandons d’apporter une réponse diligente à cette affaire et en même temps de satisfaire les demandes des populations de Ngor. Nous demandons aussi au chef de l’État d’ordonner l’arrêt des travaux sur le site pour ramener le climat de paix et de sérénité afin que les autorités puissent poursuivre le dialogue et les discussions. Et enfin nous lui demandons la libération de nos jeunes frères détenus surtout ceux qui ont besoin d’un suivi médical régulier».
Pour finir, Mamadou Ndiaye lance un appel à la jeunesse de Ngor. «Nous les appelons au calme et à la sérénité, mais aussi à ne répondre aucune provocation de la gendarmerie. Nous leur demandons aussi de rester à l’écoute de nos autorités qui sont toujours en contact avec celles étatiques pour trouver une solution apaisée».
Samba THIAM