LIBERTÉS EN PÉRIL AU SÉNÉGAL : La Cvr sonne l’alarme contre la dérive autoritaire du régime




 
 
Dans un communiqué d’une gravité rare, la Conférence des leaders de la Cvr dénonce une montée inquiétante de l’autoritarisme et appelle à un sursaut national. Arrestations arbitraires, musellement de la presse, mise en cause de l’indépendance de la justice, les atteintes aux libertés fondamentales se multiplient, menaçant l'État de droit.
 
La Conférence des leaders de la Coalition pour la vérité républicaine (Cvr) tire la sonnette d’alarme. Dans un communiqué sans équivoque publié ce vendredi, l’organisation dénonce une dérive autoritaire qu’elle juge « dangereuse » pour la démocratie sénégalaise. Une situation marquée par une série d’atteintes graves aux droits et libertés fondamentales, orchestrées, selon elle, par un pouvoir de plus en plus sourd aux principes républicains.
Ces dernières semaines, plusieurs citoyens, journalistes, opposants et militants de la société civile ont été convoqués, interrogés ou incarcérés pour des prises de position critiques à l’égard de la gouvernance actuelle. Pour la Cvr, ces actes s’apparentent à des « arrestations arbitraires » qui visent à faire taire toute voix dissonante. « La démocratie et l’État de droit sont en danger. Le régime actuel remet délibérément en cause les libertés d’opinion, d’expression et de presse », affirme la Cvr dans son communiqué, qui fait état d’une inquiétude partagée tant au niveau national qu’international.
 
 
 
Une atmosphère de répression généralisée
 
 
 
À travers le pays, le climat s’alourdit. Des journalistes sont convoqués par les forces de l’ordre pour des enquêtes jugées peu transparentes. Des responsables d’organisations de la société civile font face à des procédures judiciaires aux allures de règlements de comptes politiques. Même des magistrats sont publiquement critiqués par des membres de l’exécutif, compromettant l’image d’une justice indépendante.
Pour la Cvr, il s’agit là d’une stratégie clairement assumée de réduction des espaces de liberté. « Ce sont les fondements mêmes de notre République qui sont attaqués », martèle la coalition. Et de rappeler que ces droits sont garantis par la Constitution et par les conventions internationales signées par le Sénégal.
 
 
Un appel au sursaut national
 
 
 
Face à ce qu’elle qualifie de « dérives graves », la Cvr ne se contente pas de dénoncer. Elle appelle à une mobilisation large, au-delà des clivages politiques. « Il est temps que toutes les forces attachées à la démocratie, à la justice et aux droits humains se lèvent pour préserver nos acquis », peut-on lire dans le document. Dans la foulée, la coalition exige la libération immédiate de toutes les personnes détenues pour délit d’opinion, considérant que leur maintien en détention est incompatible avec les principes d’un État démocratique.
La Cvr lance également un appel solennel à l’autorité suprême du pays. « Le président de la République doit prendre conscience de la gravité de la situation. Il est garant de la stabilité du pays et de l’unité nationale. » Le message est clair « une décrispation de l’espace public est devenue urgente et incontournable. Il en va, selon la Cvr, de la paix sociale mais aussi de la crédibilité du Sénégal sur la scène internationale.
 
 
L’indépendance de la justice en ligne de mire
 
 
 
Le communiqué n’élude pas la question, centrale, de la justice. Fréquemment attaquée par des figures de l’exécutif, parfois instrumentalisée, la magistrature doit pourtant incarner l’équilibre des pouvoirs. « La justice doit rester debout et jalouse de son indépendance », insiste la CVR, soulignant que toute démocratie solide repose sur une séparation rigoureuse des pouvoirs.
La coalition avertit : « nous ne transigerons jamais sur les libertés fondamentales. Elles ne sont pas négociables. » À l’heure où le pays se cherche une voie entre fermeté de l’autorité et respect des droits, l’appel de la Cvr résonne comme un ultime avertissement. Reste à savoir s’il sera entendu.
BMS
 
 
 
LES ECHOS

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