LETHARGIE, POSITION DE TAXAWU DANS LES REMOUS A L’ASSEMBLEE NATIONALE… : Babacar Abba Mbaye s’explique et dédouane Taxawu Sénégal




Aphone depuis la présidentielle de mars dernier, l’attitude de Taxawu Sénégal et de son leader, Khalifa Sall, devient de plus en plus intriguant. Aucune activité n’a été organisée depuis lors et l’évaluation de l’élection présidentielle tarde à se faire. Une situation que Babacar Abba Mbaye, député dudit mouvement à l’Assemblée nationale, a tenté d’expliquer. Même s’il reconnaît la lenteur des rapports des différents départements pour l’évaluation de la présidentielle, il estime que c’est très tôt de parler de léthargie. Dans cet entretien, il aborde la question de la relève à Taxawu ; les remous à l’Assemblée nationale, mais aussi la posture des députés de Taxawu dans le bras de fer entre le Premier ministre et les députés de Benno.
 
Les Échos : On n’entend plus Taxawu Sénégal depuis la présidentielle, Qu’est-ce qui explique cette léthargie ?
 
Babacar Abba Mbaye : Il faut savoir qu’il y a Taxawu Sénégal en tant qu’entité politique et la coalition Khalifa Président qui était partie à la présidentielle. Et après chaque élection, il faut une évaluation. Nous sommes actuellement dans cette phase, en train de rassembler les rapports des différents départements avant de procéder à tracer une grande plénière à ladite évaluation. On ne peut donc pas parler de léthargie.
 
Cela ne vous empêche pas de vous prononcer sur les questions d’actualité, mais Khalifa Sall a disparu…
 
Effectivement, mais il y a une différence entre parler des questions d’actualité et polémiquer sur les questions d’actualité. A Taxawu Sénégal, nous avons une ligne de conduite dont rien ni personne ne nous fera dévier. Pour ce qui est de Khalifa Sall, il avait certes voyagé, mais il est de retour et le moment venu, quand il jugera nécessaire de parler, il le fera. Il y a aussi l’arrivée du nouveau régime qu’il fallait laisser au moins le temps de s’installer.
 
1,56% à lors de la présidentielle, cela ne doit pas être facile de se relever après une telle épreuve…
 
Je peux vous assurer qu’il n’y a pas de résignation. Khalifa Sall et nous tous avons déjà vécu une perte de pouvoir, avant de viser la mairie de Dakar pour la gagner. Nous savons que Taxawu Sénégal vaut plus que les 1,56% obtenus à cette élection présidentielle, mais il y a eu des circonstances qui nous ont plombés à la veille de l’élection. Nous avons accepté le résultat. Nous allons ensuite essayer de comprendre les tenants et les aboutissants avant de travailler à dépasser cette étape de notre parcours politique. Il ne faut pas perdre de vue la particularité de cette élection : c’est la première fois dans l’histoire du Sénégal que les deux premiers ont capitalisé près de 90% des voix. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’on assimile cette présidentielle à un referendum.
 
 
Certains pensent que cette présidentielle était la dernière carte de Khalifa Sall. Taxawu prépare-t-il la relève ?
 
Comme je l’ai souligné, nous n’avons pas encore fait l’évaluation de la présidentielle pour parler de l’avenir de Taxawu Sénégal. Mais ce qui est sûr, c’est que cette présidentielle de mars 2024 est une grande leçon de vie. Celui qui est aujourd’hui le président de tous les Sénégalais était encore en prison à 15 jours de l’élection. Six mois avant, il allait certainement rire au nez de celui qui lui aurait prédit sa vie au palais de la République. Tous ces éléments me font penser que rien n’est perdu d’avance et que nos vies sont rythmées par le destin. Je crois foncièrement aussi que cette obsession de la fonction présidentielle n’a pas lieu d’être. Abdoulaye Wade est arrivé au pouvoir à l’âge de 73 ans et Bassirou Diomaye Faye a été élu à 44 ans. Je ne peux certainement pas parler au nom de Khalifa Sall, mais je peux vous assurer d’une chose : il est réaliste et son engagement n’est basé nullement sur la recherche de gains. Il n’est pas motivé par son intérêt personnel. Pour tous les postes occupés, Khalifa Sall s’est toujours battu pour la communauté.
 
Barthélemy Dias se positionne naturellement comme son successeur ; malheureusement, il y a sa condamnation qui risque de l’éliminer pendant 5 ans
 
Je pense qu’on ne peut pas avoir de débat de personnes à Taxawu Sénégal. Le débat ne s’est pas encore posé, mais sachez qu’Il y a énormément de personnes qui peuvent porter le flambeau. J’estime qu’à l’heure actuelle, il nous faut nous concentrer pour refaire nos liens avec le peuple. Il nous faut nous construire un nouvel avenir et viser devant nous. Le reste suivra.
 
Quelle sera votre posture dans cette nouvelle configuration de l’Assemblée nationale ? Y’a-t-il eu un rapprochement avec Pastef ?
 
Nous avons appartenu à un groupe parlementaire et maintenant nous sommes dans les non-inscrits. Donc nous sommes dans l’opposition parlementaire. Et nous allons assumer cette position de la plus belle des manières en tant qu’élus du peuple. Il n’y a pas eu de rapprochement, mais Il n’y a pas d’animosité non plus entre nous et les députés de Yewwi et ceux de Pastef en particulier ; on ne partage peut-être plus les mêmes orientations politiques mais chacun essaie d’œuvrer de son côté pour les intérêts du peuple que nous représentons.
 
Il paraît pourtant que vous allez appuyer l’initiative de Benno pour la modification de l’article 87, qu’en est-il ?
 
Nous n’avons pas été saisis officiellement et n’avons pas vu de texte confirmant le projet de Benno de faire modifier l’article 87. Et même si c’était le cas, les députés de Taxawu sont des personnes très responsables qui mettront toujours les intérêts du peuple devant. Le moment venu, nous prendrons une décision qui ne sera pas basée sur des intérêts et positions personnelles.
 
Donc vous voulez jouer la carte de la neutralité ?
 
Notre position dans ce bras de fer entre Benno et le Premier ministre est très claire : autant nous militons pour la révision du Règlement intérieur, autant nous estimons que rien n’empêche le Premier ministre de venir à l’Assemblée faire sa Déclaration de politique générale. Notre démocratie a pris des coups ces dernières années, même si nous avons réussi à les surpasser durant l’élection présidentielle. Nous n’avons pas besoin d’entretenir une crise institutionnelle. Si nous avons pu organiser une élection présidentielle avec un tel résultat en un laps de temps, malgré toutes les dérives notées, c’est que nous pouvons dépasser ces faux problèmes. Nous allons vers une rentrée parlementaire qui peut nous offrir de belles surprises avec une nouvelle configuration de l’Assemblée nationale.
 
Ndèye Khady Diouf FALL
 
 
 
LES ECHOS

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