LE TON MONTE DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ : And-Gueusseum brandit l’arme de la grève




 
 
 
Après un Premier avertissement national, l’Alliance des syndicats autonomes de la santé (Asas) And-Gueusseum hausse le ton. Le climat social dans les structures sanitaires du pays se tend dangereusement, alors qu’un nouveau plan d’actions syndicales est lancé. Objectif : obtenir enfin la concrétisation des engagements pris par l’État.
 
 
 
Vendredi 27 juin 2025, de 10h à 13h, dans les 79 districts sanitaires et 42 établissements publics de santé du pays, les blouses blanches ont suspendu leurs activités. Trois heures de silence médical et d’arrêt des actes d’état civil, traduisant un malaise profond et une colère sourde. Ce premier sit-in national, mené par l’Asas And-Gueusseum, n’était qu’un prélude.
 
 
 
Une impasse inquiétante
 
Dans un communiqué publié ce lundi, le collectif syndical a annoncé une nouvelle salve d’actions. Deux autres sit-in nationaux sont prévus les jeudis 10 et 17 juillet 2025, de 9h à 14h, accompagnés du port de brassards rouges à partir du 1er juillet dans toutes les structures sanitaires. Une réunion d’évaluation viendra clore cette séquence le samedi 19 juillet.
Ces actions visent à pousser le gouvernement à respecter ses engagements. Depuis la signature d'accords avec And-Gueusseum, les syndicats attendent encore les actes officiels matérialisant ces ententes. Pour eux, seule une rencontre formelle assortie de décisions concrètes peut éviter une escalade. Faute de quoi, préviennent-ils : « des séries de grève en pleine saison d’hivernage risquent de détériorer le climat social au grand dam des populations innocentes. »
 
 
Un État accusé de laxisme
 
Le ton est sans équivoque. Les syndicats désignent l’État comme seul responsable de la situation. Ils dénoncent l’inaction du ministère de la Fonction publique, pourtant engagé à tenir une plénière avec les partenaires sociaux. Mais jusque-là, rien de concret, malgré une première mobilisation forte.
And-Gueusseum évoque aussi des incertitudes persistantes autour de la Loi de finances rectificative. Si celle-ci pourrait, selon eux, ouvrir la voie à un recrutement massif d’agents et à l’élargissement de l’indemnité de logement, le flou persiste sur la provision financière destinée au paiement des arriérés de revalorisation salariale. Combien d’arriérés seront payés ? Pour quelle période ? Silence radio.
 
 
 
Un bras de fer à haut risque
 
En durcissant le ton, And-Gueusseum met le gouvernement face à ses responsabilités. Les populations, elles, risquent de faire les frais d’un conflit qui s’enlise. L’hivernage, avec ses pics de paludisme, de maladies hydriques et de difficultés logistiques, rend toute perturbation du système de santé particulièrement dangereuse. Et pourtant, le mouvement syndical semble décidé à ne rien lâcher.
Derrière cette mobilisation, il y a des frustrations accumulées, des promesses non tenues et une volonté de faire entendre la voix des agents de santé, souvent en première ligne mais rarement au centre des décisions politiques. Pour And-Gueusseum, l’heure n’est plus aux discours : « la paix sociale a un prix. Elle passe par le respect de la parole donnée. »
 
 
 
Vers une sortie de crise ?
 
Le sort du secteur de la santé repose désormais entre les mains des autorités. Une convocation rapide de la plénière avec des décisions tangibles pourrait désamorcer la tension. À défaut, le pays risque de vivre un mois de juillet sous haute tension, où les populations seront les premières victimes d’un dialogue social en panne.
En attendant, les brassards rouges fleurissent déjà dans les hôpitaux, symboles d’un malaise qui ne demande qu’à éclater. Le message d’And-Gueusseum est limpide : « la lutte continue, avec ou sans réponse », conclut le communiqué.
 
Baye Modou SARR
 
 
 
 
 
LES ECHOS

Dans la même rubrique :