LE REPRESENTANT DE LA SOCIETE AYANT REQUIS 5 ANS DE TRAVAUX FORCES CONTRE LEUR CLIENT: Les 8 avocats de l’ingénieur Alioune Badara Sall s’abattent sur le Procureur, Borso Pouye appelle le juge à la clairvoyance et non à la clémence



 
 
 
Pour sa défense devant la Chambre criminelle, l’ingénieur Alioune Badara Sall, poursuivi pour blanchiment de capitaux, avait à sa disposition 8 avocats dont son frère Ahmed Sall. Mais, à l’instar de ses confrères qui ont souhaité l’acquittement, Me Samba Bitèye estime que si on ne l’a pas poursuivi pour recel, il ne pourrait pas non plus être poursuivi pour blanchiment.
 
L’ingénieur Alioune Badara Sall, que le procureur veut voir condamner à 5 ans de travaux forcés pour blanchiment de capitaux, dispose pour sa défense de 8 avocats pour plaider sa cause devant la Chambre criminelle de Dakar. Premier à prendre la parole, Me Ahmed Sall, grand-frère de l’accusé, a affirmé qu’on ne pouvait pas demander la condamnation sur la base de suppositions. A en croire l’avocat, la Chambre doit rendre la justice d’après les textes. Me Ahmad Sall, qui a sollicité l’acquittement de son frangin, sur un ton un peu triste, a été prié par le juge d’élever sa voix afin que la Chambre puisse appréhender ce qu’il disait. A sa suite, Me Ababacar Cissé a abondé dans le même sens. Pour le blanchiment de capitaux, dit Me Cissé, l’auteur doit savoir si l’argent provient d’un crime en amont ou d’un délit. D’autant que, poursuit-il, l’accusation n’a pas dit que l’argent que Matar Diokhané a remis à Alioune Badara Sall, dans le cadre de la construction de sa maison, vient d’un crime. Aussi, pour Me Ababacar Cissé, on ne peut pas dans le cas d’espèce parler de blanchiment.
A titre d’exemple, Me Cissé déclare que personne ne demande d’où vient l’argent qu’on lui donne. Aussi, crie-t-il sa rage : «pourquoi mon client, Alioune Badara Sall, demanderait la provenance de l’argent ?»
A sa suite, Me Adama Fall a soutenu que le sobriquet imam Aly qui a été attribué à son client n’était rien d’autre que de la «diabolisation». Pour la robe noire, on a voulu lui faire un mauvais procès, vu que le procureur s’entête à dire qu’il est coupable de blanchiment. Selon cet avocat qui a souhaité l’acquittement, Alioune Badara Sall n’a à aucun moment dissimulé l’argent que lui avait remis Diokhané. Mieux, il lui a même délivré un reçu, comme l’aurait fait tout bon père de famille.
 
Me Samba Bitèye : «ni la matérialité, ni l’imputabilité des faits n’ont été établies»
 
 
Pour sa part, Me Baba Diop estime qu’on ne peut en vouloir au procureur, s’il a requis toutes ces peines, parce qu’il est dans son rôle. Me Diop, qui a demandé l’acquittement, a soutenu que celui-ci ne leur a donné aucune preuve sur la culpabilité de son client. Le connaissant sous le pseudonyme de «Badou» et non imam Aly, Me Samba Bitèye martèle que ni la matérialité, ni l’imputabilité des faits n’ont été établies. Il ajoute que l’enquête ne s’est pas souciée de l’origine des fonds. Et que si la Chambre ne le poursuit pas pour recel, il ne pourrait pas non plus le poursuivre pour blanchiment. Puisque, selon lui, les antécédents de cet argent n’ont pas été vérifiés. Sollicitant l’acquittement à l’instar de ses confrères qui l’ont précédé, la robe noire a aussi demandé la restitution de l’ensemble des biens d’Alioune Badara Sall qui ont été saisis.
 
Me Borso Pouye appelle le juge à la clairvoyance et non à la clémence
 
Pour Me Borso Pouye, il a été question de faire en sorte de s’opposer à cette psychose qui hante les Occidentaux avec qui nous n’avons pas la même culture. Pour lui, il n’y a aucun lien de connexion entre les développements du procureur et les actes supposés posés par Alioune Badara Sall. Ce dossier est de son avis spécifique, non pas par le nombre d’accusés, mais par des faits, à savoir le rectificatif matériel de l’ordonnance de renvoi. Pour le blanchiment qui lui est reproché, Me Pouye trouve que la simple détention n’assoit pas ce crime, mais qu’il faudrait avoir la connaissance de l’origine frauduleuse des fonds. Appelant le juge à la clairvoyance et non à la clémence, Me Pouye a demandé l’acquittement de son client. Mes Aly Fall et Abdoulaye Seck ont formulé les mêmes demandes auprès de la Chambre.
 
Fatou D. DIONE

Dans la même rubrique :