LE PROCÈS AHMED AÏDARA RENVOYÉ POUR CE LUNDI Me Moustapha Dieng parle de motif ne cadrant pas avec les canaux du droit pénal, la presse parquée sous le soleil ardent



 
Après avoir longuement débattu à la barre pour que le procès de Ahmed Aïdara se tienne, ses avocats n'ont pas eu gain de cause. Car, le tribunal de Pikine-Guédiawaye, où cette audience devait se dérouler hier, a suivi le parquet et renvoyé l'affaire pour ce lundi, 27 juin. Dans tous ses états, Me Mouhamadou Moustapha Dieng a estimé que ledit renvoi est en déphasage avec le droit pénal.
 
 
Comme c'était bien sûr attendu, les forces de l'ordre ont été déployées dans les nombreuses artères de la commune de Guédiawaye dès l’aube. Au tribunal de Pikine-Guédiawaye où le procès du maire Ahmed Aïdara devait se dérouler hier, en plus de la marée humaine qui traînait dans les parages, beaucoup de policiers rodaient aux alentours de ce palais de Justice. Toutefois, personne n'a été autorisé à entrer dans le tribunal excepté certaines hommes politiques, à savoir Khalifa Sall, Ousmane Sonko, Habib Sy, Aïda Mbodji… qui étaient venus prêter main forte à Ahmed Aïdara. L'accès dans les locaux a été même interdit à la presse.
C’est finalement les avocats qui ont révélé à la presse les dessous de cette audience avortée. «Le procès à été renvoyé par le tribunal à la demande du procureur de la République. Nous, les avocats de Ahmed Aïdara et Cie, nous ne souhaitions pas que cette affaire soit renvoyée, parce qu'en droit, cette affaire est en état d'être jugée aujourd'hui. Maintenant, nous sommes des avocats et nous respectons la décision du tribunal qui a décidé de renvoyer à la demande du parquet à lundi prochain, le 27 juin. Et à cette date, l'affaire sera retenue», a confié Me Mouhamadou Moustapha Dieng. Sur le motif du renvoi à la demande du ministère public, la robe noire explique : «il a demandé le renvoi pour des raisons administratives. Nous lui avons opposé des arguments de textes. Les articles 380 et 381 du code de procédure pénale s'opposaient indubitablement au renvoi de cette audience. Mais enfin, dura lex sed lex. Lundi, c'est dans trois jours. Nous serons là et nous allons défendre nos frères. Nous ferons en sorte que le droit soit dit et bien dit. Et si le droit est dit et bien dit, je suis à peu près certain que ce jour-là, le maire de la ville de Guédiawaye retrouvera ses administrés. C'est tout le mal que nous souhaitons vraiment à Ahmed Aïdara et Cie».
Sur le délit d'intention, Me Dieng a relevé que le parquet a visé les dispositions de l'article 93 du code pénal. Sur ce, précise-t-il, un certain nombre d'éléments constitutifs doivent être réunis pour que cette infraction puisse être imputée à quelqu'un. «Nous n'anticipons pas sur ce que nous plaiderons lundi, mais nous avons lu et étudié le dossier. Nous sommes allés à la maison d'arrêt de Sébikotane et, à plusieurs reprises, avons rencontré Ahmed Aïdara et je suis sûr qu'il n'a commis aucun de ses chefs d'infraction visés par l'article 81 du code de procédure pénale. Donc, il doit être libéré», a-t-il fait savoir. L’avocatde souligner que lui et ses confrères vont réclamer la liberté totale et le renvoi des fins de la poursuite contre tous les prévenus. Aussi, il appelle à un procès serein, puisqu'ils veulent un débat juridique clair pour démontrer à la face de tous les Sénégalais que le maire de la ville de Guédiawaye Ahmed Aïdara encore moins et les gens qui sont à côté de lui n'ont commis d'infractions prohibées ici au Sénégal.
 
 Fatou D. DIONE
 
Dr CHEIKH DIENG
«LePrésident Macky Sall a inventé un nouveau délit d’intention pour pouvoir terroriser ses opposants»
 
 
Venu soutenir le maire Ahmed Aïdara, Dr Cheikh Dieng est très en rogne contre ce qu'il appelle le «nouveau délit d'intention» qui a été selon lui inventé par Macky Sall. «Je dénonce un nouveau délit que le Président Macky Sall a inventé dans notre code pénal : le délit d'intention. Ce délit n'existe pas dans notre code de procédure pénale. Ahmed Aïdara, on l'a arrêté parce les gens pensaient qu'il voulait se rendre à une manifestation interdite. Et ça, il l’a inventé pour pouvoir terroriser ses opposants. Il a choisi la voie de l'affrontement avec son opposition. «Nous ferons face quoi qu'il en coûte et nous le rejoindrons sur ce terrain de l'affrontement», lance-t-il. Dr Cheikh Dieng d’assurer que le 27 juin prochain, ils seront encore là. Aussi, ajoute-t-il, ils iront à la date du 29 juin prochain à la place de la Nation pour défendre la démocratie et pour affronter Macky Sall. «Aucun juge ne peut maintenir dans les liens de la prévention les députés Mame Diarra Fam, Déthié Fall, Ahmed Aïdara ainsi que leurs co détenus. Aucun juge sérieux ne peut les maintenir parce qu'aucun d'entre eux n'a été arrêté sur le terrain de la marche interdite qui était à la place de la Nation. Ces renvois successifs sont tout simplement une manière pour le pouvoir de continuer à maintenir la terreur, la pression et les injustices sur ses opposants de manière tout à fait inhumaine», a-t-il martelé.
 
Fatou D. DIONE
 
LES ECHOS

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