LE PRESIDENT MALICK LAMOTTE «SAUVE» ANTOINE DIOME: La défense voulait l’interroger sur les fonds estimés à 1,5 milliard de francs qu’il aurait gérés



 
 
 
L’agent judiciaire de l’Etat (Aje) constitue un véritable problème pour les avocats de la défense. Mes François Sarr et Cie ne veulent vraiment pas voir Antoine Diome dans ce procès, même en photo. Surtout que ce dernier se permet de faire des observations tous azimuts. Après avoir demandé en vain au juge d’exiger que l’Aje garde le silence et laisse ses avocats parler et après que Malick Lamotte a joint au fond leur exception d’irrecevabilité de la constitution de partie civile de l’Etat, la défense est revenue à la charge, hier. C’est Me Khoureïchi Bâ qui a ouvert le bal. Il a demandé au juge de répondre comme promis sur leur demande consistant à faire entendre l’Aje Antoine Diome, en qualité de partie civile. Le juge Malick Lamotte refuse. «Si vous avez une disposition nous permettant de faire entendre un avocat de l’Etat, vous me le dites. Il est représentant et partie civile, au même titre que les avocats de la ville de Dakar», a expliqué le juge. Mais Me Bâ revient à la charge. «Il y a la Constitution qui est supérieure à la loi et la Constitution garantit les droits de la défense. L’agent judiciaire se comporte, excusez-moi du terme, comme la boule dans le grillage japonais», balance l’avocat qui lève ensuite un coin du voile sur ses intentions. «Il est partout, il parle quand il veut etc. je veux lui demander s’il gère une caisse d’avance et s’il a des fonds qui s’élèvent à 1,5 milliard de francs ; parce qu’on sait dans quelle condition il s’est constitué. C’est le juge d’instruction du deuxième cabinet qui a fait noter sa constitution le 28 mars», soutient la robe noire. Le président Lamotte de camper sur sa position : «je comprends votre frustration, mais je suis désolé, vous ne pouvez pas me pousser à aller au-delà de la loi».
C’était loin d’être fini, car immédiatement après, Me Ousseynou Fall s’est levé pour invoquer une jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme, qui permet que toutes les parties soient entendues. «Il y va de l’intérêt de ce procès», argue-t-il. Me Alioune Cissé de renchérir, visant l’article 16 du statut des magistrats qui dit, selon lui, que les magistrats en général, sans distinction de fonction, ne peuvent pas intervenir dans une cause qui ne les concerne pas personnellement. En outre, selon Me Cissé, la loi sur le barreau dit que l’Aje n’intervient pas dans les plaidoiries. Ces interventions n’ont pas convaincu le juge qui campe sur sa position.
Antoine Diome plaidera finalement, au moment où les avocats de l’Etat auront la parole et il ne sera pas entendu en qualité de partie civile par la défense. Mieux, l’existence des fonds qu’il gère ne sera pas débattue au procès.
 
A.D

Dans la même rubrique :