Se faisant passer pour un élément du Gign, Ibrahima Ndiaye, garde du corps de son état, a réussi à berner le ministre-conseiller Zator Mbaye, à qui il a soutiré 36 millions F Cfa dans une affaire de vente de terrains. C'est pour des faits de faux et usage de faux dans un document administratif, d’escroquerie et d’usurpation de fonction que Zator Mbaye l'a traduit hier devant la barre des flagrants délits de Dakar où il a été condamné à 1 mois ferme.
Ibrahima Ndiaye, garde du corps, a vraiment du cran. Car, pour bouffer les 36 millions F Cfa du ministre conseiller Pape Diallo alias Zator Mbaye, il s'est non seulement fait passer pour un élément du Gign, mais il lui a fait miroiter des terrains qui ne lui appartenaient pas. C'est pour cela qu'il a été traduit hier devant la barre des flagrants délits de Dakar pour escroquerie, faux et usage de faux dans un document administratif et usurpation d'identité. Selon Zator Mbaye, Ibrahima Ndiaye lui a vendu des terrains avant de lui fournir de faux documents. En sus, précise-t-il, il s'est présenté à lui comme un élément du Gign. Ce que le prévenu Ibrahima Ndiaye a nié devant le prétoire en l'absence de la partie civile. D'après lui, il a fait la connaissance de Zator Mbaye par le biais d'un certain Saliou Fall. Mais, sur la vente des 3 terrains au ministre conseiller, il a bel et bien révélé qu'ils appartenaient au cadastre. «Ce sont des terrains non identifiés qui se trouvent aux Maristes. C'est Djiby qui me les a montrés. Zator m'a remis 36 millions F Cfa pour les trois terrains. J'ai remis les 30 millions à Djiby et j'ai gardé les 6 millions F Cfa restants parce qu’ils me revenaient de droit», a-t-il indiqué.
S'agissant de la régularisation des terrains, le prévenu a attesté que c’est Zator Mbaye lui-même qui avait pris l’engagement d’entreprendre les démarches nécessaires. C'est sur ces entrefaites, selon lui, que le ministre s’est fait confectionner lui-même les attestations avec la complicité de l’avocat Me Barry. «Lorsqu'on m'a envoyé les documents par WhatsApp, je les ai modifiés avec mon portable. Sur ce, j'ai enlevé le nom de Me Malal Barry pour le remplacer avec celui de Pape Diallo Mbaye. Les deux autres portent le nom de deux autres personnes. J'ignorais complètement que les actes que j'ai posés étaient répréhensibles. Comme le plaignant est un ministre, j'ai exécuté aveuglément ses instructions», précise-t-il.
Invité à s'expliquer sur le délit d’usurpation de fonction, Ibrahima Ndiaye s'est blanchi tout en soutenant ne s'être jamais présenté comme un agent du Groupement d’intervention de la gendarmerie nationale. «Je ne lui ai jamais dit que je suis un élément du Gign. On m'appelle Ndiaye Gign parce que j'avais fait ma formation de garde du corps à la caserne Samba Diéry Diallo de Colobane. Je n'ai jamais eu un CV où je m'autoproclame élément du Gign», s'est-il défendu.
Malgré ces contestations, le procureur a requis l’application de la loi pénale contre Ibrahima Ndiaye. Son avocat, Me Youssou Guèye a prétendu à la barre que son client est une victime dans cette affaire. De l'avis de la robe noire, il y a des autorités qui sont mêlées dans cette affaire et qui n'ont pas été interpellées. S'interrogeant, le conseil d'ajouter : «pourquoi n'a-t-on pas entendu Djiby qui est un agent du cadastre ?», lance-t-il. L’avocat, sur le délit d'escroquerie reproché au prévenu, a indiqué que la partie civile s'était engagée à faire les démarches nécessaires pour les documents administratifs et que c'était sur cette base que son client a juste exécuté un mandat qui consistait à amener la victime sur les lieux. «En 2011, mon client avait intercepté un projectile qui devait atteindre le président de la République et depuis lors, partout où il passe, on l'appelle Ndiaye Gign», a pesté l'avocat sur le délit d’usurpation.
Mais finalement, après les débats, Ibrahima Ndiaye a été relaxé sur les autres chefs d'inculpation puis condamné à 2 mois de prison dont 1 ferme pour faux et usage de faux dans un document administratif.
Fatou D. DIONE