LE GROUPE PARLEMENTAIRE YEWWI FACE À LA MÉSENTENTE ENTRE TAXAWU SÉNÉGAL ET PASTEF : Rester ensemble et garder leurs privilèges ou se séparer en y laissant des plumes




 
Au niveau de la conférence des leaders, le divorce avec Taxawu Sénégal est bien consommé. Plus rien ne semble lier Khalifa Sall à ses collègues leaders de Yewwi Askan Wi. Néanmoins, le cas de leur groupe parlementaire à l’Assemblée nationale reste entier. La rupture au niveau central a eu naturellement des conséquences sur les rapports entre les députés de Taxawu et leurs collègues, notamment ceux de Pastef. Et à quelques semaines de l’ouverture de la session ordinaire unique, avec la mise en place d’un nouveau bureau pour l’Assemblée nationale, les interrogations sur le futur de ce groupe fusent de partout : faire fi des querelles, rester ensemble et garder leurs privilèges ou suivre la conférence des leaders et provoquer une nouvelle configuration des forces politiques à l’hémicycle.  
 
Les députés qui sont en vacances parlementaires vont bientôt reprendre le chemin de l’Assemblée nationale pour ouvrir une nouvelle session ordinaire unique durant la première quinzaine du mois d’octobre. Un nouveau bureau sera donc installé avec probablement une nouvelle configuration de l’Assemblée nationale, vu la situation que traverse la coalition Yewwi Askan Wi et son groupe parlementaire par ricochet.
 Yewwi Askan Wi, qui s’était complètement radicalisée au fil des derniers mois à cause de la situation de Ousmane Sonko, mais aussi les nombreuses arrestations dans ses rangs, reste catégorique : aucune accointance avec le régime. Donc la participation de Khalifa Sall au dialogue national a été perçue comme une violation de la charte de la coalition signée à sa formation par toutes ses composantes. Et depuis lors, les relations entre Taxawu Sénégal et ses ex alliés, notamment le Pastef, se sont beaucoup dégradées. Une chose en entrainant une autre, la conférence des leaders a procédé à l’éjection de Taxawu de la coalition, les autres députés de Yewwi se sont abstenus lors du vote du projet de loi pour la réhabilitation de Khalifa Sall dans ses droits civiques et Barthélemy Dias a lui aussi suivi l’arrêté de la Cour d’appel de Dakar pour le respect de la parité par son bureau municipal, avec comme conséquence l’éviction de Abass Fall de son poste de 1er adjoint du maire de Dakar. En solidarité à leur camarade, tous les autres pastéfiens membres du bureau municipal ont boudé leurs postes sauf Mamy Dieng élue 3e adjoint.
Tous ces évènements risquent donc d’altérer davantage l’ambiance au sein du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi qui va devoir choisir ses nouveaux membres du bureau de l’Assemblée nationale. Selon une source, avec la tension qui règne entre Taxawu et Pastef, il se murmure que Birame Soulèye Diop et ses camarades de parti pourraient bien faire payer aux députés de Taxawu leur « traitrise » en leur ôtant les trois postes du bureau dans le quota de Yewwi.
Il faut rappeler que Yewwi Askan Wi, avec ses 56 députés, s’est retrouvée avec six (6) postes dans le bureau sortant et Taxawu Sénégal en bénéficiait de trois (3) dont Mame Fatou Guèye comme 6e vice-président, Babacar Abba Mbaye, secrétaire élu et Babacar Mbengue, président de la commission des affaires étrangères. Ces postes pourraient bien leur filer entre les doigts, quand on sait qu’il revient au président du groupe parlementaire, Birame Soulèye Diop, de proposer les noms pour les postes.
 
Pastef reste aphone et Taxawu Sénégal se prépare à tous les cas de figure
 
La tension est palpable certes, mais du côté de Pastef, personne ne veut confirmer ou infirmer cette hypothèse. « Ce n’est pas à l’ordre du jour. En tout cas, personne ne m’a consulté pour la formation du nouveau bureau. Nous sommes en vacances parlementaires et il n’y a quasiment plus de travaux », laisse entendre un député de Pastef.
Pour Taxawu Sénégal, les risques de perte de leurs postes au sein du bureau cristallisent toutes les attentions actuellement. D’ailleurs, pour l’un d’eux, Taxawu est en train d’étudier et de se prépare à tous les cas de figure. « Nous sommes conscients que l’idée de Birame Soulèye Diop, pour des considérations personnelles, c’est de nous écarter soit du groupe parlementaire soit de nous ôter notre quota de postes dans le prochain bureau de l’Assemblée nationale ; malheureusement pour lui, c’est impossible », nous confie un député de Taxawu. Poursuivant, ce dernier fait noter que vu les dispositions du règlement intérieur de l’Assemblée, il est impossible de les renvoyer du groupe parlementaire. « Il ne peut pas nous renvoyer, si rupture devait y avoir, ce serait aux députés de Taxawu de démissionner et nous comptons bien rester dans le groupe parlementaire Yewwi Askan Wi. Nous ne leur faciliterons pas la tâche », précise notre interlocuteur.
 
« Si nous partons avec nos 14 députés, le quota de Yewwi dans le bureau connaitrait une forte baisse »
 
A en croire notre source, et même si Taxawu devait démissionner du groupe de Yewwi, ce dernier perdrait des postes dans le bureau. « Si nous partons avec nos 14 députés, le quota de Yewwi serait revu à la baisse et c’est le groupe Benno Bokk Yakaar ou Wallu qui en serait renforcé », prévient-il avant d’attirer l’attention des Sénégalais sur une irrégularité du fonctionnement du groupe de Yewwi. « Depuis les incidents de ces derniers mois, le groupe WhatsApp du groupe parlementaire est inactif, donc nous pouvons aisément supposer qu’ils ont créé un autre groupe parallèle pour nous tenir écartés comme l’ont fait les leaders avec Khalifa Sall », fait-il noter.
 
En cas de démission de Taxawu, Yewwi perd des postes dans le bureau, Wallu renforcé
 
Au vu de tous ces éléments, si le groupe parlementaire de Yewwi Askan Wi n’arrive pas à surmonter ses différends pour se concentrer sur l’essentiel en continuant de travailler ensemble même dans la divergence, on pourrait assister à une démission collective des 14 députés de Taxawu du groupe parlementaire Yewwi Askan Wi. Et dans ce cas de figure, il ne resterait que 42 députés sur les 56 que compte Yewwi Askan Wi. Étant donné que le bureau compte huit (8) vice-présidents, avec 42 députés, Yewwi perdrait un poste de vice-président qui va revenir à Wallu si l’on applique le principe du plus fort reste.
Le nouveau bureau de l’Assemblée serait donc composé de quatre (4) vice-présidents pour Benno, deux (2) pour Yewwi et deux (2) pour Wallu. Et c’est le même principe qui risque de s’opérer pour tous les autres postes du bureau.
 
En cas de démission, les députés de Taxawu peuvent s’apparenter à un groupe de leur choix
 
Si les députés de Taxawu Sénégal décident de démissionner du groupe parlementaire Yewwi, ils seront sous le coup de l’article 20 du règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui stipule à son alinéa 5 que « le député qui démissionne de son groupe ne peut, en aucun cas, s’affilier à un autre groupe parlementaire au cours de la législature ». Les 14 députés de Taxawu Sénégal devront donc rejoindre les non-alignés.
L’autre option qui s’offre à eux, c’est de s’apparenter à un groupe de leur choix comme le prévoit le règlement intérieur a son article 23, dans son alinéa 2 : « les députés non-inscrits peuvent s'apparenter à un groupe de leur choix. Ils doivent, pour cela, adresser une lettre au président du groupe concerné qui en informe le président de l'Assemblée nationale, lequel en informe le Bureau et l'Assemblée. Ils comptent pour le calcul des sièges attribués au groupe dans les commissions, selon les modalités des articles 34 et 35 ».
Pour éviter tous ces calculs, Khalifa Sall, nous apprend-on, est en train de faire des pieds et des mains pour une modification du règlement intérieur de l’Assemblée nationale qui permettrait à ses députés de pouvoir se constituer en groupe parlementaire au cas où ils devaient démissionner de Yewwi.
 
                                                                                                         Ndèye Khady DIOUF
 
 
 
 
 
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