LANCEMENT DE L’AGENDA NATIONAL DE TRANSFORMATION DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ( ANTESRI 2050) : Le chef de l’Etat promeut une modernisation de l’enseignement supérieur basée sur les sciences contemporaines




 
Devant le ministre de l’Enseignement supérieur et les universitaires sénégalais, le Président Bassirou Diomaye Faye a dévoilé une feuille de route ambitieuse pour l’enseignement supérieur. Ce dernier a beaucoup insisté sur une modernisation axée sur les sciences contemporaines comme l’intelligence artificielle et la cybersécurité. Il prône aussi une accessibilité totale de l’enseignement supérieur.
 
Devant la communauté universitaire réunie pour le lancement des concertations nationales sur l’enseignement supérieur, le Président Bassirou Diomaye Faye a impulsé hier une nouvelle ère pour l’enseignement supérieur, la recherche et l’innovation. «Nous avons hérité d’une université ancrée sur du savoir allogène, mais pas assez autochtone. Soixante-cinq (65) ans après notre indépendance, il est temps d’imaginer une université sénégalaise moderne, ouverte aux mutations actuelles, mais profondément enracinée dans nos réalités. Une université tournée vers les sciences contemporaines telles que l’intelligence artificielle, le numérique et bien d’autres domaines, tout en préservant notre identité culturelle», déclare-t-il.
D’après le chef de l’Etat, l’université sénégalaise est traversée par de multiples  problématiques dont les infrastructures, le nombre d’étudiants, les curricula, le financement, la digitalisation, qu’elle se doit de résoudre. Pour lui, le monde universitaire doit saisir l’enjeu de ces mutations du monde de la connaissance, de la recherche et de l’innovation piur construire une université sénégalaise  forte de ses valeurs et préparée aux évolutions complexes du savoir.
L’université sénégalaise doit être repensée, si l’on en croit le chef de l’Etat, refondée et réinventée. «Elle doit répondre à nos aspirations. Elle exige des réflexions épistémologiques nouvelles, audacieuse et originales, mais accompagnée par une volonté politique forte», affirme-t-il.
 
«L’université sénégalaise doit être repensée, refondée et réinventée»
 
Le Président Bassirou Diomaye Faye soutient que l’université sénégalaise est une et indivisible. «Elle bénéficie d’une autonomie scientifique, pédagogique et administrative. Cette autonomie doit être renforcée par une gestion rationnelle et transparente de ses ressources humaines et financières, garantissant une équité territoriale réelle», dit-il.
Il en appelle donc à un développement équilibré des pools territoriaux d’enseignement supérieur de recherche et d’innovation en cohérence avec la politique territoriale équitable qu’il promeut, il en est de même pour la mobilité institutionnelle des enseignants chercheurs : seul gage d’une égalité des chances. Pour le président de la République, ces assises permettront d’apporter des solutions durables aux défis structurels de notre système d’enseignement supérieur, de recherche et d’innovation. «Nous devons résoudre l’instabilité chronique du calendrier universitaire qui coûte annuellement plus de 40 milliards, soit 400 milliards ces dix dernières années. Le respect du calendrier académique est fondamental pour garantir la qualité de la formation, permettre une bonne organisation des enseignements, assurer le déroulement correct des examens et économiser les dépenses continues sur toute l’année», déclare le chef de l’Etat qui annonce le lancement d’un plan d’urgence sur les infrastructures universitaires, pour que les chantiers prioritaires puissent être rapidement réceptionnés.
 
«Nous devons résoudre l’instabilité chronique du calendrier universitaire qui coûte annuellement plus de 40 milliards»
 
Le Président Faye indique que notre système d’enseignement doit être décolonisé et recentré sur nos réalités culturelles, sociales, économiques et environnementales. «L’introduction du plurilinguisme dans les curricula avec une reconnaissance accrue des langues nationales et africaines, aux côtés du français déjà établi et de l’anglais, est un gage de volonté pour nous arrimer aux défis complexes du monde moderne. Ce plurilinguisme est un levier d’inclusion, de créativité et d’émancipation intellectuelle. Les savoirs endogènes longtemps marginalisés doivent retrouver leur place légitime dans nos contenus pédagogiques et nos programmes de recherche. Il est temps de reconnaître pleinement la richesse des connaissances ancestrales et des pratiques culturelles qui ont façonné  notre société», déclare Diomaye, qui parle d’acte de souveraineté culturelle.
Abordant la question des établissements privés d’enseignement supérieur, il affirme qu’ils ont pris une place significative dans notre système éducatif. «Ils sont le réceptacle principal d’un tiers des étudiants sénégalais et de beaucoup d’étudiants d’origine africaine. Ils offrent une panoplie de filières diversifiées et sont le lit de la diplomatie universitaire sénégalaise et le prolongement du service public de l’enseignement supérieur», dit-il.
 
 
«Sur un investissement annuel de 1.118.738 F Cfa par étudiant, 483.153 F Cfa seulement sont dédiés au pédagogique»
 
Pour ce qui est du financement de la recherche, le président de la République estime qu’il doit devenir une priorité nationale. «Nous devons soutenir nos presses universitaires et promouvoir la multiplication des publications de nos chercheurs, doctorants et enseignants-chercheurs. La numérisation des archives et la mise à disposition des ressources documentaires en ligne sont également des priorités afin de faciliter l’accès à l’information pour tous», soutient le chef de l’Etat, qui salue les efforts opérés par l’Etat, malgré des contraintes budgétaires évidentes. «Les œuvres sociales représentent 46% du budget du ministère de l’Enseignement supérieur, limitant ainsi les ressources disponibles pour la recherche. À titre d’exemple, sur un investissement annuel de 1.118.738 F Cfa par étudiant, 483.153 F Cfa seulement sont dédiés au pédagogique, le reste allant au social. Malgré ces investissements importants, le taux élevé d’abandons précoces (23,44%) demeure alarmant. En amont de ce dysfonctionnement, se trouvent le baccalauréat et l’Office du Bac. Les deux méritent d’être revus. Le baccalauréat sénégalais doit être sérieusement réformé. Le taux élevé d’échec au Bac est une anomalie sénégalaise qu’il faudra bien corriger», renseigne Diomaye. 
 
 «Le taux élevé d’échec au bac est une anomalie sénégalaise qu’il faudra bien corriger»
 
A l’en croire, «les curricula de formation, les compétences que nos établissements d’enseignement supérieur produisent ne sont pas pour l’essentiel alignés sur les quatre axes de l’Agenda national de Transformation. Nos établissement d’enseignement supérieur forment peu de techniciens supérieurs, très peu d’ingénieurs, peu de licences et masters en science et en technologie. C’est un handicap majeur à surmonter pour atteindre les objectifs de l’Agenda national de Transformation. Nos établissements d’enseignement supérieur doivent sortir de la vision malthusienne héritée de la colonisation de formation en petit nombre des compétences essentielles dont le pays a besoin».
 Poursuivant, le président  de la République estime que notre système d’enseignement supérieur doit être capable de sortir des sentiers battus, de son domaine de confort qui ne fait que reproduire l’héritage colonial, pour se sublimer, se réinventer pour donner à notre économie, notre société et notre espace culturel, les cerveaux et les porteurs de savoir-faire engagés à sa transformation. «Notre enseignement supérieur doit s’approprier la révolution numérique en cours : former les ressources humaines dans les domaines stratégiques comme l’intelligence artificielle, la cybersécurité, la robotique, les data sciences, la réalité virtuelle etc. Il doit tirer profit de l’enseignement à distance, sous toutes ses formes, pour que le savoir et le savoir-faire soient accessibles à tous les citoyens et exploiter les multiples avancées technologiques au service de l’économie, de la société, de la culture et de la sécurité. Ce n’est qu’à ce prix que nous pourrons donner à notre jeunesse les véritables armes pour bâtir les ambitions de la Vision Sénégal 2050 et compétir à armes égales avec les jeunes de tous les continents dans ce village planétaire».
 
 
 
Nd. Kh. D. F
 
 
 
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