Près d’un an après l’arrivée au pouvoir de Pastef-Les Patriotes, le Front pour la défense de la démocratie et de la République (Fdr) monte au créneau pour alerter sur ce qu’il qualifie de «période sombre» pour le Sénégal. Dans une déclaration officielle, la Conférence des Leaders du Fdr dénonce des atteintes répétées à la démocratie, une instrumentalisation de la justice et une crise économique et sociale d’une ampleur inédite. Face à ce qu’il perçoit comme une “dérive autoritaire”, le Fdr appelle les forces vives de la nation à se mobiliser massivement.
Alors que bien des observateurs ne s’expliquent pas son silence et son manque d’organisation et d’initiative, l’opposition compte bien renverser cette tendance et sortir de sa léthargie. «Une justice instrumentalisée» et «une répression politique accrue» sont en effet des raisons suffisantes pour changer de paradigme.
Selon le Front pour la défense de la démocratie et de la République (Fdr), le gouvernement actuel utilise la justice comme un outil de répression politique. Après l’affaire Farba Ngom, d’autres députés de l’opposition risquent de perdre leur immunité parlementaire sans qu’aucun dossier d’accusation solide n’ait été présenté à l’Assemblée nationale. En parallèle, de nombreux activistes critiques du gouvernement sont emprisonnés dans un climat de répression croissante.
Une loi d’amnistie controversée
Le Fdr dénonce également des restrictions de libertés injustifiées, comme l’interdiction de voyage imposée à l’ancien ministre Mansour Faye sans qu’aucune décision judiciaire n’y autorise. D’autres figures de l’opposition subissent des pressions économiques, notamment à travers des redressements fiscaux jugés “arbitraires” ou des emprisonnements pour “délit de proximité avec l’opposition”.
La loi d’amnistie, un sujet sensible depuis les événements de 2021 à 2023, est au cœur des critiques du Fdr. Selon le mouvement, Pastef n’a jamais eu l’intention d’abroger cette loi, contrairement à ses engagements. La “loi interprétative” proposée par le gouvernement est perçue comme une manœuvre visant à exonérer les membres de Pastef de toute responsabilité tout en affaiblissant les Forces de défense et de sécurité. Le Fdr met en garde contre un “chaos imminent” si cette loi venait à être adoptée.
Crise sociale et économique : une gestion décriée
Sur le plan économique, le Front pour la défense de la démocratie et de la République dresse un tableau alarmant. Khalifa Sall et ses camarades évoquent ainsi les licenciements massifs dans plusieurs ministères et entreprises publiques, ciblant des employés suspectés d’appartenir à l’opposition; le blocage des bourses familiales, plongeant des centaines de milliers de familles dans la précarité ou encore l’endettement incontrôlé et manipulation des chiffres, ayant conduit à une dégradation de la notation financière du pays.
D’après le Fdr, l’instabilité politique et économique actuelle a également conduit à un affaiblissement de la position du Sénégal sur la scène internationale. Un exemple marquant serait la décision de la Cedeao de confier la médiation dans le dossier de l’Aes à John Dramani Mahama du Ghana, au lieu du Sénégal.
Un appel à la mobilisation générale
Face à cette situation, le Front de l’opposition sénégalaise lance un appel à toutes les forces vives du pays. Les opposants exigent la fin du harcèlement des opposants et l’ouverture d’un dialogue politique sincère; l’annulation des hausses des prix des produits de première nécessité; l’arrêt des licenciements politiques ou encore le retrait de la loi interprétative de la loi d’amnistie.
Le mouvement prévoit d’organiser une série de manifestations et de rassemblements populaires dans les prochains jours pour faire pression sur le gouvernement. “Les enseignants du supérieur ont montré que seule la lutte paie. Il est temps pour tous les citoyens attachés à la démocratie et à la justice sociale de se lever”, concluent Khalifa Sall et Cie.
Sidy Djimby NDAO