Pour usurpation d'identité, faux, usage de faux dans un document administratif, Fatimata Demba Ka a été jugée hier devant le tribunal d'instance des flagrants délits de Dakar. Cette aide-infirmière s'est fait établir un faux certificat de repos médical qui portait le cachet nominatif du médecin Berthe Dibor Guèye.
En ces périodes où le système sanitaire traverse beaucoup de turbulences suite au décès de certains patients, le médecin Berthe Dibor Guèye, dont le nom a été cité dans une affaire de faux, a raison de saisir la justice d'une plainte pour découvrir le faussaire qui a établi un certificat de repos médical pour le compte de Fatimata Demba Ka. Aide-infirmière de profession, Fatimata Demba Ka est souffrante depuis un bon bout de temps. Le dossier médical qu'elle a présenté devant le tribunal a conclu qu'elle a été opérée à deux reprises et a fait plusieurs échographies. Ces examens ont montré qu'elle souffrait d'une maladie que ses conseils n'ont pas voulu révéler à la barre.
A cause de sa maladie, elle a bénéficié de certificats médicaux de repos attestant d'incapacités temporaires de travail respectives de 15 jours et de 21 jours. Voulant renouveler le certificat médical, elle s'est une rendue à l'hôpital militaire de Ouakam et, malheureusement pour elle, son médecin ainsi que tout le personnel médical étaient en grève. Tenant coûte que coûte à obtenir ledit document, elle est allée au centre de santé de Ngor pour en disposer afin de justifier son absence auprès de sa hiérarchie à Bambey où elle sert comme aide-infirmière. C'estainsiqu’elle s'est fait délivrer un faux certificat de repos médical qui portait le cachet nominatif du médecin Berthe Dibor Guèye. Document qu’elle a scanné etenvoyé à sa hiérarchie à Bambey.
Etonné, Dr Amoul Yakaar Dione, médecin chef de l'hôpital de Bambeyqui est par ailleurs sonpromotionnaire, appelle DrBerthe Dibor Guèye pour l'informer avoir reçu un certificat de repos médical de 10 jours qui portait son cachet nominatif et qui a été établi au district de Ngor. Alors qu’elle a arrêté de travailler depuis 2015 dans cette structure hospitalière. «Après m'être concertée avec Fatimata, elle m'a dit qu'elle n'était pas l'auteure dudit document. J’ai alors décidé de saisir la justice pour savoir où est-ce que le document a été conçu et qui en était l'auteur, puisque j'avais emporté mes cachets avec moi quand je quittais la structure», a déclaré DrBerthe Dibor Guèye qui travaille actuellement auProgramme de lutte contre la tuberculose et qui s'est finalement désistée de sa plainte.
Mariée et sans enfant, la prévenue Fatimata Demba Ka, âgée de 34 ans, après avoir confirmé les déclarations de la partie civile, s'est tout simplement contentée de dire à la barre qu'elle ne connaissait pas le médecin qui lui a confectionné le faux certificat de repos médical à l'hôpital de Ngor. Avant d'ajouter qu'elle pensait que la personne qui l'a consultée était médecin, même si, selon elle, elle ignorait que le document était un faux.
Mais, la représentante du procureur l'a chargée sans ménagement. «Ça, on ne peut pas vous le pardonner parce que vous travaillez dans le système sanitaire. Je ne vous crois pas. Il faut nous dire ce qui s'est passé», lui a-t-elle dit. La prévenue s’est empressée d’acquiescer tout en précisant qu'elle n'a pas payé pour se faire délivrer le document. «Ce n'est pas vrai, soit tu veux protéger quelqu'un d'autre. C'est un faux argument ça. Moi, ma conviction, c'est que vous avez payé pour vous faire délivrer ça. Ou vous essayez de protéger quelqu'un d'autre qui l'a établi. Ou encore c'est vous qui l'avez confectionné. Le dossier est très simple, mais les faits sont très graves», lui lancera à son tour le juge.
Convaincue de sa culpabilité, le procureur a requis sa condamnation et s'est rapporté à la sagesse du tribunal en ce qui concerne la peine de prison. Pour la défense de la prévenue, Me Khady Sène a demandé au tribunal d'écarter le délit d’usurpation d'identité retenu contre sa cliente. «Lorsqu'on le déférait, Dibor à couru jusqu'au parquet et a dit qu'elle se désistait de sa plainte parce qu'elle avait pitié d'elle. Mais, le parquet lui a dit que c'était trop tard puisqu'elle a été déjà placée sous mandat de dépôt et son audience programmée. Cette dame est malade et on ne peut pas en dire plus, parce que c'est un secret médical. Elle perd la tête parfois et vit une dépression qui l'emmène dans des zones inconnues», a expliqué son conseil. Délibéré le 10 juin prochain.
Fatou D. DIONE