Jugé en conseil de discipline: le juge Souleymane Teliko écope d’un blâme




Le Conseil de discipline du Conseil supérieur de la magistrature a entendu hier le juge Souleymane Teliko. Et pour une audition de ce genre, celle d’hier a été très spéciale par la durée. En effet, pendant 11 tours d’horloge, le président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums) a fait face au Premier président de la Cour suprême et à ses collègues du Conseil. Au final, le Conseil de discipline a pris la sanction au deuxième degré de l’échelle, c’est-à-dire le blâme qui vient après l’avertissement. Souleymane Teliko est sanctionné pour violation de l’obligation de réserve. Cependant, le président de l’Union des magistrats ne l’entend pas de cette oreille. Il a décidé de faire recours au Sénégal et à l’international.
 
L’audition de Souleymane Teliko a bien eu lieu, hier, à la Cour suprême. Le Conseil de discipline qui a entendu le président de l’Union des magistrats sénégalais (Ums) y est allé molo molo. En effet, certes Le Premier président de la Cour suprême (qui a présidé le Conseil) et ses collègues ont décidé la sanction, mais ils ont pris la deuxième sur l’échelle, c’est-à-dire le blâme. En fait, le Conseil a retenu que le président de l’Ums a violé l’obligation de réserve, en se prononçant sur l’affaire Khalifa Sall.
 
 
83 magistrats s’étaient constitués, mais 11 d’entre eux l’ont assisté à l’audience et 12 avocats
 
Mais, cette décision n’a pas été facile à prendre. Il a fallu 11 tours d’horloge, notamment 2 heures d’interrogatoire et 9 heures de plaidoiries et une heure de délibéré pour en finir. En réalité, le juge Souleymane Teliko a été bien entouré. Ses collègues magistrats l’ont soutenu en masse ; 11 d’entre eux l’ont assisté à l’audience (83 magistrats s’étaient constitués). Ce, aux côtés des avocats qui étaient au nombre de 12. Au-delà des membres du Conseil qui l’interrogeaient, les magistrats et avocats, constitués pour la défense du concerné, ne se sont pas privés de poser leurs questions. C’est dire que la journée n’a pas été facile pour le juge Teliko qui est quand même resté dans sa logique. Souleymane Teliko a campé dans sa position en soutenant qu’il n’a jamais violé l’obligation de réserve et qu’il est loin de chercher à décrédibiliser la justice sénégalaise. Au contraire, a-t-il fait savoir, il a toujours défendu et il défendra toujours la justice et les magistrats. Les magistrats et avocats ont également abondé dans le même sens dans leurs différentes plaidoiries. Pour des audiences qui se tenaient souvent à la salle des actes de la Cour suprême, celle d’hier s’est tenue dans la salle d’audience, étant donné le nombre de conseils constitués pour la défense du Président de l’Ums.
Certes, le Conseil a choisi le blâme, mais l’Ums et son président n’en sont pas contents. Très en colère, ils ont décidé de faire un recours à l’interne, c’est-à-dire devant la Chambre administrative de la Cour suprême, et envisagent également d’internationaliser le combat, s’ils n’obtiennent pas gain de cause, en saisissant la Cour de justice de la Cedeao, mais également toute autre juridiction internationale compétente. La bataille est finie, mais pas la guerre, manifestement.
Alassane DRAME
LES ECHOS

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