Jour de vérité pour Khalifa Sall



 
 
Président du Tribunal régional hors classe de Dakar, Malick Lamotte est très attendu aujourd’hui. Du côté des Khalifistes comme de celui de l’Etat du Sénégal ou du Parquet, tout le monde reste suspendu à sa décision. Pour une fois, peut-être, il occupe une place peu enviable. Entre le marteau et l’enclume, le juge a la lourde responsabilité aujourd’hui d’écrire une page de l’histoire de la justice sénégalaise.
 
Sa place est aujourd’hui peu enviable. Qui voudrait présentement être à la place du juge Malick Lamotte ? Le pari est vite gagné qu’un très petit nombre de magistrats, pour ne pas dire qu’aucun magistrat ne souhaiterait aujourd’hui occupé le fauteuil de celui qui est chargé de fixer le sort de Khalifa Sall et Cie. Très attendu par les partisans du maire de Dakar, le président du Tribunal régional hors classe de Dakar ne l’est pas moins du côté de l’Etat du Sénégal. Et le peuple sénégalais n’est pas non plus en reste. Depuis le début du procès, il est sur toutes les lèvres. Dans le camp des khalifistes, l’on pense «qu’il ne sera pas à la hauteur», «qu’il n’aura pas le courage» et «qu’il va faire ce que veut le régime», même s’il y a un brin d’espoir qu’il va relâcher leur leader. La pression est très forte de ce côté. Des réunions aux menaces, en passant par l’invocation des sourates du Coran ou des psaumes de la Bible, tout est bon pour mettre la pression sur les juges, notamment sur le juge Malick Lamotte, histoire de le faire pencher dans le sens où ils le souhaitent.
 
 
Pression de toutes parts
 
 
De leur côté, l’Etat du Sénégal, avec en tête le procureur de la République, ne souhaite qu’une chose, c’est que le juge Lamotte les suive dans toutes leurs demandes, qui pour payer des dommages et intérêts portant sur 6 milliards et 830 millions de francs, qui pour le condamner à 7 ans de prison ferme. L’Etat était même soupçonné, à tort ou à raison, d’avoir même choisi «leur» juge en sa personne. Mais, dernièrement, des rumeurs circulaient, selon lesquelles l’Etat du Sénégal essaie de mettre la pression sur le juge et ses assesseurs. Vrai ou faux ? Quien sabe ! Mais, à décharge pour le président Malick Lamotte, ces mêmes rumeurs soutiennent qu’il a refusé de suivre ceux du régime qui ne cessent de l’appeler. Par ailleurs, le procureur de la République, selon des sources tapies dans les couloirs du palais de justice Lat-Dior, ne «fait pas trop confiance» au président Lamotte.
 
Ses collègues ne doutent pas
 
 
Cependant, du côté de ses collègues magistrats du siège, le doute n’est même pas permis. Ici, l’on est convaincu qu’il va dire le droit. En effet, ses pairs le décrivent comme un magistrat intègre, pertinent, très à cheval sur les principes et qui n’est pas manipulable. De quoi rassurer le camp de Khalifa Sall.
Quoi qu’il en soit, Malick Lamotte reste entre le  marteau et l’enclume et quoi qu’il puisse décider, aujourd’hui, il fera des mécontents. Et la démission du substitut général à la Cour d’appel de Dakar, Ibrahima Hamidou Dème, n’arrange pas les choses pour lui.
Mais, un bon juge ne doit se soucier que de la loi et refuser de succomber à la pression. Cependant, s’il parvient à se mettre au-dessus de toute cette pression, sa famille le sera-t-elle ? Rare sont aujourd’hui les Sénégalais qui voudraient occuper sa place.
Alassane DRAME

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