Ousmane Sonko a finalement organisé son fameux hommage aux martyrs, hier dimanche 7 décembre. Des scènes émouvants, des déclarations fortes et des mises en garde contre le Président Bassirou Diomaye Faye ont marqué l’événement. Comme un mot d’ordre, tous les intervenants ont réaffirmé leur engagement totale à Ousmane Sonko, après avoir plaidé pour leur réinsertion, prise en charge et évacuation de certains d’entre eux pour qu’ils retrouvent une meilleure santé.
La justice, rien que la justice, c’est le vœu ardent des patriotes victimes des répressions lors des manifestations politiques sous Macky Sall. Les représentants de chaque catégorie de victimes se sont succédé au pupitre pour raconter les difficultés qu’ils ont dû braver pour que la révolution puisse s’opérer. Plusieurs d’entre eux ont réclamé expressément des procès publics pour Antoine Félix Diome et le général Moussa Fall.
Abdoulaye Mbodj, représentants des étudiants victimes des manifestations politiques, a lu un extrait de leur mémorandum rédigé en août 2024 et qu’ils n’ont pas eu l’occasion de lui remettre malgré toutes leurs tentatives. «Après avoir enduré la prison, nous affrontons une autre peine : l’exclusion. Beaucoup ont perdu leur inscription, été radiés des listes où se voient refuser leur droit de reprendre leurs études, au moment où le changement pour lequel nous nous sommes battus devrait nous apporter justice et changement», explique M. Mbodji qui embraye : «nous voulons être des acteurs de développement, pas des laissés pour compte de la révolution».
Djibril Kandé : «amputé de la main droite, j’ai dû réapprendre à réécrire avec la gauche pour passer mon Bac et le réussir»
Au nom des blessés invalides, Djibril Kandé a rappelé les circonstances qui ont conduit à son amputation : «ayant reçu une balle à la main droite, au niveau du coude, j’ai été amputé et j’ai dû apprendre à écrire avec la main gauche pour pouvoir passer mon baccalauréat et le réussir. Je ne suis pas le seul dans cette situation, nous méritons une reconnaissance, une prise en charge et, plus important, nous réclamons la justice», explique-t-il avant de réaffirmer son engagement à Sonko.
Djiba : «rendez-nous justice, c’est notre droit et votre devoir en tant que gouvernants»
Mouhamed Lamine Djiba a parlé au nom des «torturés» pour se désoler de la latence qu’on note dans la gestion des dossiers les concernant : «j’ai été torturé à la police de l’unité 15 des Parcelles Assainies et je vois toujours mes bourreaux continuer de vaquer tranquillement à leurs occupations, sans être inquiétés. Rendez-nous justice, c’est notre droit et votre devoir en tant que gouvernants», dit-il avant de lancer des piques au chef de cabinet du Président Diomaye Faye : «on ose nous parler de thèse non soutenue, alors que les gens ont perdu la vie et des membres», fulmine-t-il avant de réaffirmer à son tour son engagement à Sonko et le Pastef.
Mansour Niang : «réclamer la justice pour Thiaroye 44 et ignorer les victimes de la révolution, c’est de la fumisterie»
Mansour Niang, représentant des familles des victimes, est amer. «Parler de Thiaroye 44 et faire le mort pour les victimes de la révolution, c’est de la fumisterie. Nous réclamons justice pour nos enfants tués. C’est un cri de cœur que nous lançons aux autorités, pour le repos des âmes de nos proches tués pour cette révolution, nous ne devrions même pas quémander la justice».
Maty Sarr Niang : «Mme le ministre de la Justice, nous vous croyions plus réactive que ça»
S’en sont suivi les représentas des détenus, Mouhamed Seck et Maty Sarr Niang. Ces derniers ont listé les épreuves auxquelles ils ont fait face durant leur séjour carcéral pour demander à la justice de presser le pas. Réaffirmant leur engagement auprès de Sonko, ces derniers disent réclamer justice pour pouvoir fermer cette parenthèse douloureuse de leur vie : «beaucoup d’entre nous traînent des séquelles à vie. Nos vies sont détruites, nos avenirs incertains, mais nous ne regrettons pas de nous être engagés pour un Sénégal juste» , a déclaré Maty Sarr Niang qui interpelle le ministre Yassine Fall. «Nous avons sauté de joie à l’annonce de votre nomination mais force est de reconnaître que rien de bien concret n’est fait», déplore-t-elle.
Me Ciré Clédor Ly : «ce qui s’est passé ne peut pas rester impuni…»
Me Ciré Clédor Ly a pris la parole au nom de la défense. «Nous sommes témoins de l’histoire. Ce qui s’est passé ne peut pas rester impuni, l’Etat doit protéger les victimes et les témoins, les sécuriser et les accompagner. Il doit aussi engager des experts et des avocats compétents à plein temps, outiller les enquêteurs, renforcer les magistrats qui seront en charge du dossier, réviser par l’adoption de l’organisation judiciaire, le code de procédure pénale, les compétences et les règles de procédures qui ne sont pas encore adaptées aux poursuites de crimes contre l’humanité», suggère-t-il.
Nd. Kh. D. F