INTIFADA A LA CITE GADAYE : La police gaze et mate les propriétaires de maisons démolies



Les propriétaires de maisons démolies à Gadaye, regroupés au sein d’un collectif, voulaient entamer hier une grève de la faim sur le site litigieux les opposant au promoteur Mbaye Fall, histoire de protester contre les lenteurs dans le traitement de leur dossier judiciaire. Ils se sont cependant heurtés aux forces de l’ordre, qui les ont gazés et interpellé onze parmi eux. Il y a eu quatre manifestants blessés, dont deux graves, trois évacués à l’hôpital, et deux policiers du Groupement mobile d’intervention (Gmi) légèrement blessés.

La tentative avortée de grève de la faim du collectif des 253 propriétaires de maisons démolies, sur le site litigieux de Gadaye, a vite tourné à de chaudes prises de bec suivies de violents affrontements avec les limiers du commissariat d’arrondissement de Yeumbeul Nord. Qui ont bénéficié du renfort de leurs collègues du central de Guédiawaye, de ceux de Wakhinane Nimzath et de ceux du Groupement mobile d’intervention (Gmi). Objectif : mater et disperser à coups de grenades lacrymogènes les grévistes de la faim récalcitrants à l’arrêté préfectoral d’interdiction d’occupation du site litigieux, sous quelque forme que ce soit.

Le collectif interdit de grève de la faim sur le site litigieux par la police

C’est au petit matin d’hier que les membres du collectif, venant d’horizons divers, ont commencé à envahir par petits groupes le site litigieux en question, d’une superficie de plus de 4 hectares. Ils voulaient y installer une tente et engager pour la première fois une grève de la faim pour exprimer leur ras-le-bol face aux lenteurs dans le traitement par les juridictions de leur dossier de litige foncier avec le promoteur Mbaye Fall. Alertés, les limiers de Yeumbeul Nord débarquent toute sirène hurlante sur les lieux et somment les grévistes de débarrasser le plancher. Ils leur rappellent l’arrêté du préfet interdisant tout rassemblement ou occupation du site litigieux jusqu’à ce que la justice tranche définitivement la question, mais aussi ils leur font constater la violation matérielle des dispositions de l’état d’urgence lié au contexte de la pandémie à coronavirus.

Les grévistes refusent de décamper, s’arment de projectiles et guettent l’assaut des limiers

Malgré la piqûre de rappel des flics, les grévistes de la faim refusent de décamper et tiennent à dérouler leur plan. Les policiers reviennent à la charge et menacent d’utiliser la force pour disperser la foule. Certains grévistes privilégient encore l’option de la discussion avec les forces de l’ordre et tentent de les convaincre de la pertinence de la cause de leur combat. D’autres restent de marbre, flairent l’assaut musclé des limiers et prennent leurs distances. Ils s’arment ensuite de projectiles, se mettent sur la défensive et guettent le moindre mouvement suspect des policiers pour déclencher une foudroyante riposte.

Les forces de l’ordre chargent à coups de grenades les récalcitrants qui ripostent par des jets de pierres

Un brouhaha d’enfer survient. Les flics se mettent en position de tir et balancent des grenades lacrymogènes dans la direction des grévistes de la faim récalcitrants. Ce fut alors la débandade ponctuée de cris d’hystérie collective et de bousculades. Les policiers continuent de charger. Un écran de fumée et une odeur piquante envahissent les lieux. Les manifestants opèrent un repli stratégique, reviennent sur les lieux et répliquent par des jets de projectiles. Une scène d’intifada qui rappelle les jeunes Palestiniens face aux forces israéliennes. Les affrontements se poursuivent pendant quelques minutes. Les cris de guerre et autres appels à la résistance retentissent dans le camp des manifestants.

Du renfort constitué d’agents du central, de Wakhinane Nimzath et du véhicule «Dragon» des Gmi

Les limiers du central de Guédiawaye et ceux de Wakhinane Nimzath viennent en renfort et chargent les fauteurs de trouble. Des éléments du Groupement mobile d’intervention (Gmi), qui étaient prépositionnés depuis quelque temps à des artères de la banlieue dakaroise, débarquent à bord de leur véhicule noir cracheur d’eau chaude appelé «dragon» ; une image qui a effrayé les gens qui ont détalé comme des lapins pour éviter de se faire ébouillanter.

Onze manifestants arrêtés dont 7 hommes et 4 dames

Une folle course-poursuite s’en est alors suivie entre les lanceurs de pierre et les forces de l’ordre, qui ont interpellé onze parmi eux, sept (7) hommes et quatre (4) dames, dont deux responsables du collectif. Heureusement, ils ont été libérés.

Quatre blessés dont deux graves ; un homme avec un bras cassé et une fille avec un genou ouvert par une…grenade

Quatre blessés dont deux graves ont été enregistrés dans le camp des manifestants grévistes de la faim. Il s’agit d’une fille et un homme dont une grenade lacrymogène aurait respectivement ouvert un genou et fracturé un bras. Trois autres individus, qui ont eu un malaise, ont été évacués d’urgence à l’hôpital. Et du côté des forces de l’ordre, deux éléments du Gmi – blessés légèrement au bras et à la joue par des jets de pierres – ont été conduits à l’hôpital.

Deux éléments du Gmi en renfort atteints légèrement au bras et à la joue par des jets de pierre

L’ordre public a été finalement rétabli aux environs de 10h sur le site. Un dispositif de la police a été installé sur les lieux. Les nerfs des grévistes de la faim sont cependant toujours à fleur de peau. La tension reste encore vive. D’autant que les membres du collectif jurent de revenir à la charge et entendent continuer leur combat au prix de leurs vies.

Vieux Père NDIAYE
LES ECHOS

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