Le fleuve avance, les villages reculent. Dans la vallée du fleuve Sénégal, les eaux montent et la peur s’installe. À Beeli Jaalo, commune de Ogo, les populations vivent au rythme des inondations qui détruisent maisons, champs et troupeaux. Réunis le 25 août lors d’un forum sur la justice climatique, habitants, élus locaux et organisations partenaires ont tiré la sonnette d’alarme. Leur message est clair : l’État doit agir, et vite.
“Nos vies et notre dignité sont en danger”
La déclaration des populations est sans détour : les inondations fluviales ne sont plus des incidents passagers mais une menace permanente. «Chaque crue est une nouvelle catastrophe. Nos familles sont en danger, nos terres disparaissent et notre dignité est bafouée», lâche un notable de Beeli Jaalo. Organisée par la Plateforme nationale des acteurs pour la justice climatique du Sénégal, en collaboration avec la Mairie de Ogo, la Fondation Rosa Luxemburg, le mouvement Daande Maayo Emergent et plusieurs Ong, la rencontre a viré en un véritable SOS collectif.
Quatre urgences vitales
Les habitants exigent avant tout un relogement sécurisé des familles les plus exposées, mais sans les éloigner de leurs terres et activités agricoles, halieutiques et pastorales. Ils réclament également la construction d’une digue solide capable de contenir l’avancée des eaux et de protéger durablement les habitations et les champs.
Ils appellent aussi à la finalisation rapide de la route du Daande Maayo, considérée à la fois comme un axe vital de désenclavement et comme une digue ceinture de protection. Enfin, ils demandent la distribution immédiate de kits et matériels de résilience, allant des sacs de sable et bâches de protection aux outils de terrassement, en passant par des vivres, des kits sanitaires et logistiques.
“Nous refusons d’être des sinistrés permanents”
Le ton est grave et déterminé. Les habitants de Beeli Jaalo et environs ne veulent pas être perçus comme de simples victimes des inondations. «Nous ne demandons pas l’assistanat. Nous exigeons des solutions durables pour continuer à vivre et travailler dignement», martèle un représentant des jeunes.
Un test pour l’État et ses partenaires
Derrière ce cri d’alarme, c’est toute la vallée du fleuve Sénégal qui s’exprime. Les populations interpellent directement l’État, les collectivités territoriales, les Ong et les bailleurs. La balle est désormais dans leur camp. «Il faut agir maintenant, pas demain. Chaque jour qui passe aggrave la situation», préviennent les habitants.
Samba THIAM