INFANTICIDE : Après son accouchement, Sira Dabo tue son nouveau-né en l'étranglant et en le mordant sur la poitrine



Traînée hier devant la Chambre criminelle de Dakar pour infanticide, le procureur a pourtant requis que la demoiselle Sira Dabo soit acquittée de ce chef. Cette dernière avait, en 2016, accouché seule dans les toilettes de sa maison, avant d'étrangler son bébé tout en le mordant sur la poitrine. Délibéré le 21 juillet prochain.

Sira Dabo, célibataire, a eu à contracter une grossesse hors mariage qu'elle a mené à terme. Cependant, pour la seconde, on ne sait pour qu'elle raison, mais elle a préféré tuer son enfant en l'étranglant. Ainsi, pour infanticide, elle a été traînée hier devant la Chambre criminelle de Dakar. Mais à la barre, elle a catégoriquement réfuté ledit crime. A l'en croire, elle a accouché seule dans les toilettes. Selon elle, c’est en urinant que l’enfant est sorti de ses parties intimes. En tirant sa tête, dit-elle, elle l’a blessé au cou avec ses ongles. Par ailleurs, Sira Dabo a ajouté que son nouveau-né a contracté ses blessures à cause de la chute qu'il a faite sur les carreaux.
Une version contradictoire avec les constatations de l'homme de l'art qui sont consignées sur le certificat de genre de mort. Car, ledit document atteste que le bébé est mort suite à une strangulation. «On a constaté des marques de main sur son cou, des égratignures d’ongles et une morsure sur la poitrine», lui a rappelé le maître des poursuites. Ne sachant plus quoi répondre face à cette remarque du parquet qui la charge, Sira Dabo a botté en touche en évoquant une crise épileptique dont elle serait victime et qui faisait qu'elle n'était plus maître de ses actes. «J’ai déjà un enfant hors mariage. Donc, pour la deuxième fois, je ne vois pas d’inconvénient à garder cette seconde grossesse. En mai 2016, ma tante m’a regardée et m’a fait savoir que j’étais enceinte alors que je voyais toujours mes règles. Après elle m’a conduit à l’hôpital pour y voir clair. Et c'est après consultation que le sage-femme l’a confirmé et m’a donné rendez-vous deux jours après pour une échographie car je saignais. A l'issue de cette échographie, la blouse blanche m’a confié que la grossesse était anormale. Malheureusement pour moi, j’ai accouché dans la maison. Je vous assure que je n'ai pas tué mon bébé qui a pleuré à la naissance. Peut-être que je l’ai étranglé sans m’en rendre compte. Car, après l’accouchement, j’ai fait une crise d’épilepsie».

Le procureur Saliou Ngom requiert son acquittement au bénéfice du doute

Fort heureusement pour elle, cette thèse qu'elle a brandie a créé un doute dans la tête du procureur Saliou Ngom, qui a demandé son acquittement au bénéfice du doute. «Des traces d'ongles et des morsures ont été trouvées sur le corps de l’enfant. La strangulation est avérée. L’accusée a déclaré ignorer sa grossesse. Il y a beaucoup de coïncidences et de faits troublants dans ce dossier. Il y a un doute et son explication peut d'une part tenir», a expliqué le parquetier. Comme sa cliente, l'avocat de la défense a elle aussi avancé une crise épileptique dont serait victime l'accusée, Sira Dabo. «Lorsque ces crises surviennent, elle perd connaissance. Elle fait l'objet desdites crises depuis un an et c'est à l'issue de cela qu'elle s’est blessée sur la main. Il y a beaucoup de zones d'ombre dans ce dossier. On ne peut pas de manière scientifique lui imputer avoir étranglé son enfant en ayant cette intention», a argué la robe noire qui a requis l’acquittement de sa cliente. Délibéré le 21 juillet 2020.

Fatou D. DIONE
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